Djamaâ el-Djazaïr ou Mosquée d’Alger. C’est l’édifice inachevé que laisse Abdelaziz Bouteflika, ancien président de l’Algérie qui a été poussé à la démission le 2 avril dernier. Présentée comme une majestueuse bâtisse de pierre blanche qui s’étend sur 20 hectares, face à la baie d’Alger que surplombe son minaret de 265 m, la Mosquée d’Alger peut être comptabilisée désormais dans le lot des rêves inachevés de l’ancien président.
De ce fait, malheureusement, Bouteflika peut se morfondre. Lui qui était obnubilé par l’envie de voir sortir de terre un édifice qui s’imposerait à la grande mosquée Hassan II de Casablanca qui jusqu’ici est la plus grande de l’Afrique. Pour nombre d’observateurs de la vie publique algérienne d’ailleurs, Abdelaziz Bouteflika a "voulu faire de la concurrence" à la grande mosquée Hassan II de Casablanca, qui représente la fierté du Maroc.
Pour la plupart des Algérois interrogés par l’AFP, les moyens engloutis dans ce chantier dont le coût initial était évalué à 1,2 milliard d’euros auraient pu servir à quelque chose d’autre, surtout au regard des trois années de retard accusé par l’entreprise chinoise en charge du chantier, et surtout, des nombreux défis que le pays n’a pu relever depuis bien longtemps.
Un manque criard d’hôpitaux
Alors qu’en Algérie on compte un peu plus de 20 000 mosquées, selon le ministère des Affaires religieuses, les besoins en hôpitaux sont énormes. En effet, en 2015 déjà, l’Agence nationale chargée des établissements de santé soulignait que les Centres hospitaliers universitaires (CHU) étaient hérités de l’époque coloniale et avaient "pour la plupart un siècle d’âge". Pendant ce temps, les syndicats des personnels de santé dénoncent eux régulièrement le manque d’effectifs et d’équipements dans les hôpitaux publics. De plus en plus, des pétitions seraient lancées sur les réseaux sociaux, pour appeler à transformer la Grande mosquée en "plus grand hôpital d’Algérie".