Des idées furent émises telles que les Arabes sont des colons exploitants outrageusement tous les pans de décisions en les comparant aux sionistes, ou plus grave encore, celui qui ne parle pas l’amazigh n’est pas marocain etc. etc.. Oh ! désespoir... voici que le chantre du rejet de l’autre pour ne pas dire de la xénophobie et du racisme commence à montrer son visage hideux.
Il faut reconnaître que c’est dans l’air du temps mais, malheureusement trop d’esprits chagrins, rongés par l’amertume, aigris par la non réussite, encouragés par un chômage endémique, exploitent ce thème très délicat pour fustiger et se venger du comportement social d’une petite frange de nos concitoyens qui, à juste titre, ont largement profité de l’après indépendance.
Une pensée saugrenue, je l’espère me taraude l’esprit ces derniers temps. La haine de l’arabe qui jalonne l’histoire de l’Occident depuis les croisades avec des pointes aiguës épisodiquement suivant les événements - islamisme, pacifisme, arabisme et plus récemment terrorisme -, n’a-t-elle pas insidieusement poussé cette intelligentsia florissante à se démarquer de leur infime partie arabe congénitale. “Hé M’sieu, moi j’suis pas arabe. Oué M’sieu, moi j’suis berbère”. Un de mes amis s’insurge contre le mot berbère car à consonance proche de barbare et préfère le remplacer par celui d’amazigh. Seulement, l’Occidental ne comprend pas ce mot. Ref : l’exécrable dahir berbère !
Je suis d’autant plus intéressé d’apporter ici, mon point de vue fusse-t-il du plus humble, parce que mes origines sont l’expression de ce que le Maroc est, depuis des siècles, d’une civilisation arabo-berbère avec des touches de négritude. Pardon, pour raison donnée à mes amis amazighophobes, je dirai civilisation berbero-arabe.
En effet, issu d’un mariage entre les Aït Harzallah des Beni M’tir et une faction des Bennani, somme toute un croisement dans le genre qu’a débuté Idriss premier avec Kenza des Awraba au second siècle de l’hégire.
A ma connaissance, excusez ma profanation, l’arrivée des arabes au Maroc fut, depuis le commencement, faite par bandes, hordes successives et a été diluée forcement et au fur et à mesure dans la masse des Marocains d’antan, amenant avec elle tout ce qu’elle avait de positif et de négatif.
Alors, la question que l’on peut se poser raisonnablement est : Quel est le Marocain actuel qui peut se targuer d’être 100 % amazigh ou arabe ?....
Accidentellement, il peut se trouver des Marocains ne sachant parler que l’amazigh ou l’arabe. Quand à l’arabe, il est d’abord dialectal diffèrent de celui du moyen orient et riche en vocabulaire d’origines diverses. Ces Marocains là, se sentant intellectuellement orphelins et désorientés, cherchent à renouer avec leur Histoire, d’où cette effervescence exacerbée d’une partie de l’intelligentsia locale.
Il est vrai, tant que nous nous affrontons par les idées et non par le fer, si on se respecte, montre que tout espoir est permis. Le respect amène la tolérance qui est l’aurore annonçant le jour.
Connaître ou reconnaître ses origines, ses coutumes - oh combien riches - ses langues ancestrales, bref son patrimoine, peut apporter richesse, savoir et enfin soulagement et cohésion. Délivrons-nous de cette hantise vicieuse et pernicieuse qui nous guette d’être soit amazigh soit arabe tout en taxant ce dernier-créé subjectivement et à connotation douteuse - de tous les maux qui secouent notre société. N’ayons pas peur d’apprendre à nos enfants, l’amazigh, l’arabe et bien d’autres encore, sachant qu’une langue est avant tout un outil d’expression pour véhiculer des idées, des pensées, mais apprenons leurs surtout notre Histoire. Histoire glorieuse constituée d’apport phénicien, romain, arabe, vandale, mandingue, andalou et plus récemment français et hispanique. Apprenons leurs à être marocains, fières de l’être et à combattre les malheurs de front sans amalgame ni chauvinisme tout en bannissant et abhorrant le tribalisme, source de divisions. Les malheurs d’aujourd’hui forgent et peuvent être transcendés par la lutte commune et non sectaire comme le prônent certains de mes amis. A ces derniers qui se reconnaîtront, je leur dis simplement « vous avez raison d’être des amazighs mais soyez surtout des Marocains ». J’espère n’être pas dépossédé, à leurs yeux, de ma marocanité, en m’exprimant par la langue de Voltaire.
Source : al bayane