Hassan El Fad, l’artisan du rire

14 octobre 2006 - 09h00 - Culture - Ecrit par : Bladi.net

Créé au début de l’année dernière, le one man show « Docteur Escargot » s’articule en une fresque de quatre sketches qui brossent de façon incisive et hilarante le portrait de quatre personnages très différents les uns des autres. Le premier évoque le comportement tumultueux d’un gardien de voitures qui souffre de mythomanie, et traîne ses interlocuteurs dans des aventures invraisemblables, le second est Dr Ghlala.

Ce sketch fait allusion à un spécialiste distingué des hermaphrodites, et qui n’hésite pas à pénétrer le monde complexe du mollusque, expliquant à la fois leurs potentialités hygrométriques et culinaires. La troisième partie du spectacle est dédiée à Tarik Bnou Ziad. La dernière partie du spectacle met en scène Haja Zohra, une femme de 60 ans, élève au CE1. Son ambition est de partir en colonie de vacances avec son camarade de classe qui est le poissonnier du coin. Un spectacle qui promet d’excellents moments de divertissement. « Si l’on regarde de très près le spectacle, on va se rendre compte que la diversification des personnages reproduit des situations rocambolesques, mettant en exergue nos troubles quotidiens et qui passent sans que nous ayons le temps de les comprendre ».

Cette dernière création du comique s’inscrit toujours dans cette veine qui l’a animé depuis qu’il a décidé de faire de l’humour son occupation principale. Dès sa première prestation sur les planches, sa première apparition sur les écrans de la télévision, le public ne s’y est pas trompé. L’artiste était de la trempe de ceux qui arrivaient encore à émerveiller, à faire rire aux éclats, à communiquer, avec peu de mots et des gestes mesurés, des situations, un état d’esprit.

« Dans mes sketches et mes différentes prestations, j’essaie de traduire ma vision décadente des choses. Je scannais le vécu des gens, leurs manies sans vraiment faire attention, sans aucune intention préméditée d’exploiter tout cela. Et dans ce sens, les humoristes ressemblent à des petits voleurs, ils volent la vie des gens et la restituent sur scène. Il suffit parfois de dépoussiérer un peu et d’arranger le tout pour en faire un spectacle. Et c’est là où intervient la technique et la vraie recherche du spectacle », insiste l’humoriste qui revendique haut et fort un humour de bonne facture, loin de celui dit « populiste » qui vole au ras des pâquerettes.

« J’évite aussi de tomber dans le piège du discours moralisateur, mon but c’est juste d’offrir un moment de plaisir aux téléspectateurs. Un humoriste ne doit pas choquer, ou déranger. C’est pour cela que lorsque j’élabore des sketches, je procède par élimination et à la fin, il ne reste pas grand-chose », dit-il.

Exigeant avec lui-même et avec les autres, Hassan El Fad est un perfectionniste qui n’accepte pas la facilité et qui poursuit, en toute sérénité, son propre cheminement. « L’humour est mon champ. Je m’y exprime à l’aise. J’ai choisi le registre du talk show car j’ai senti que c’est un domaine à explorer et je ne vais sûrement pas m’arrêter là », précise l’humoriste.

Se démarquant totalement de l’humour « officiel » des deux chaînes de télévision, qui offrent leurs espaces à des comiques qui font de la déformation des mots et de la défiguration de la langue, leur fonds de commerce, Hassan El Fad privilégie la comédie de situation. Un style qui a permis à l’humoriste d’occuper une place à part dans l’univers du rire.

Khadija Alaoui - Libération

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