"Louange à Dieu,
Que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.
Excellence monsieur Yasser Arafat,
Excellences,
Mesdames et messieurs,
Chaque fois que le choix se porte sur notre Royaume pour la tenue, sous notre Haut Patronage, d’une conférence internationale ou d’une rencontre arabe ou islamique sur Al-Qods Acharif, une telle initiative suscite Notre satisfaction, Nos encouragements et Notre sollicitude. Nous sommes conscient, en effet, de la signification de ce choix et de sa portée, non seulement parce qu’il conforte le rôle que joue le Maroc et son Souverain, avec Ses frères, dirigeants des Etats arabes et islamiques, en faveur de la légitime lutte du peuple palestinien, et en particulier la défense de l’identité arabe d’Al-Qods, mais aussi du fait que de tels colloques et conférences, confirment la pertinence de l’approche que nous avons faite notre, à savoir la voie du dialogue comme moyen de règlement des conflits, de dénouement des crises, d’instauration de la paix et de l’entente dans le cadre de la légalité internationale.
L’initiative louable du Centre d’études euro-arabe d’organiser cette conférence sur l’avenir d’Al-Qods Acharif, vient ainsi confirmer cette vision et en même temps, illustrer toute la préoccupation que suscite la question d’Al-Qods, particulièrement durant cette année. Elle contribue d’autre part, à la multiplication tant souhaitée de colloques et rencontres sur Al Qods, afin d’attirer l’attention du monde et de l’opinion publique internationale sur la situation que traverse cette ville, et sur la légitimité de son retour sous souveraineté palestinienne.
Aucune des différentes considérations nationales, civilisationnelles et historiques qui s’imbriquent dans la situation de cette ville, ne peut être occultée dans la perspective de définir son destin et de mettre en place des jalons pour un avenir marqué par le retour à la cohabitation entre les communautés dans un climat de tolérance, de sécurité et de respect mutuel. La tenue de ce colloque à un niveau si élevé, eu égard à la qualité des participants, en premier lieu Notre frère son excellence monsieur Yasser Arafat, d’éminentes personnalités gouvernementales et non gouvernementales et des secrétaires généraux d’organisations régionales et internationales, permettra sans nul doute de réaliser l’objectif escompté en matière d’information et de renforcer la volonté de dialogue pour sortir le processus de paix de la situation de gel dans lequel il s’est enlisé.
Un tel colloque est en effet à même de démontrer la nécessité de considérer Al-Qods comme partie intégrante de la grande question de la paix dont la solution préoccupe la communauté internationale, pour mettre fin aux drames générés par cette situation.
Mesdames et messieurs,
Vous savez que nous assumons depuis vingt ans la présidence du comité Al-Qods, issu de l’Organisation de la conférence islamique, et que nous n’avons ménagé aucun effort durant cette période, pour dynamiser les efforts de ce comité tendant à soutenir les revendications du peuple palestinien. Inlassablement, nous avons oeuvré pour préserver l’identité arabe et islamique d’Al-Qods en tant que partie intégrante des territoires palestiniens occupés. Nous nous sommes également employé à stigmatiser la politique israélienne visant à effacer la présence arabe et islamique de la ville sainte à travers des plans ourdis pour l’isolement politique, économique et social de cette ville du reste des territoires palestiniens, la confiscation des terres, la démolition des maisons et des villages avoisinants, l’extension de la ceinture de colonies autour de la ville, la profanation des institutions religieuses islamiques et chrétiennes qui s’y trouvent, et la proclamation de la ville comme capitale d’Israël mettant ainsi le monde entier devant le fait accompli.
Ce sont là autant d’actions que Nous considérons comme contraires à la légalité internationale, aux résolutions pertinentes du conseil de sécurité et de l’assemblée générale de l’organisation des Nations Unies. C’est dans cette optique que le comité Al-Qods a pris ses recommandations et ses décisions que l’on connaît et qui sont conformes aux résolutions internationales. De fait, nous considérons que ces agissements figurent parmi les formes les plus graves des violations des droits de l’Homme à notre époque et des droits des peuples à préserver leur identité et leur patrimoine. Ils constituent en outre un mépris arrogant de la légalité internationale qui a jeté les bases du principe de la terre contre la paix et un défi provocateur de nature à conduire à une spirale de violence indésirable.
Partant de notre conviction qu’il est nécessaire d’oeuvrer activement pour contrecarrer la politique de judaïsation d’Al-Qods Acharif, nous avons entrepris de créer ’’Baït mal Al-Qods’’, et veillé personnellement à la mise en place des mécanismes de son action, tels que les textes qui le régissent et les équipements qui lui sont nécessaires pour qu’il s’acquitte pleinement, sous la supervision du comité de tutelle, issu du comité Al-Qods, de sa mission en matière de préservation du cachet arabo-islamique de la ville sainte et de son patrimoine civilisationnel et religieux avec toutes ses institutions islamiques et non islamiques.
Mesdames et messieurs,
Nous avons souligné, à maintes reprises, qu’Al-Qods, avec son histoire et son patrimoine, doit demeurer un lieu de rencontre entre les adeptes des religions célestes et un espace de tolérance, comme elle l’avait été au cours des quatorze derniers siècles de son histoire islamique. Partant de ces considérations, elle ne constitue pas la cause du seul peuple palestinien, mais celle de la Oumma islamique, qui demeure attachée à l’identité d’Al-Qods et refuse d’être placée devant le fait accompli.
L’attachement de la Oumma islamique à l’avenir d’Al-Qods sur la base de la sauvegarde de son identité, ne procède guère d’un extrémisme religieux et ne constitue en aucun cas une menace contre quiconque. Car, dans son essence, l’islam n’est pas une religion qui prône la guerre ou la violence. L’islam est une religion de paix, qui récuse la haine à l’encontre des gens du livre, qu’ils soient juifs ou chrétiens, parce qu’il impose aux musulmans de croire en toutes les religions célestes, en tous les messagers et les prophètes, et préconise le dialogue avec eux pour l’adoption d’une attitude commune.
Durant quatorze siècles de l’histoire d’Al-Qods, les Musulmans ont favorisé une cohabitation exemplaire entre les uns et les autres, garanti aux juifs et aux chrétiens la poursuite de l’exercice de leurs cultes dans les synagogues et les églises, ainsi que le respect de leur culture et de leur patrimoine. Cette ville a pu ainsi conserver son patrimoine religieux juif et chrétien sous le règne de l’Islam. Mieux encore, ce sont les musulmans qui ont levé l’interdiction d’accéder à Baït al Maqdis faite aux juifs par l’Etat de Byzance au 7ème siècle (ère grégorienne). Cette interdiction qui a été rétablie au onzième siècle par les croisés, a été une nouvelle fois levée par les musulmans après le retour de cette ville sous le règne de l’Islam, ce qui a permis aux juifs de s’y établir et d’y vivre en cohabitation avec eux, leur garantissant la dignité et le bon voisinage.
C’est pourquoi nous considérons l’occupation d’Al-Qods depuis 1967 ainsi que les pratiques visant à la judaïser, à dénaturer son identité, à effacer son cachet islamique et à en faire un espace chargé de haine, de violence et d’élimination des arabes et des musulmans, comme étant une guerre religieuse menée par les extrémistes parmi les israéliens contre des habitants d’Al-Qods et son patrimoine civilisationnel commun. La communauté internationale se doit donc de dénoncer cet extrémisme, de le contrecarrer et de ne pas tomber dans son piège. L’histoire Nous enseigne que toute forme d’hégémonie et d’arrogance, de substitution de la logique de la force à celle de la justice et de l’équité, ne pourrait jamais réussir, quels que soient les moyens utilisés, à faire prévaloir l’injustice sur un droit légitime. Un demi siècle de conflits arabo-israéliens a débouché sur nombre de vérités qu’on ne peut ignorer et qui ne souffrent aucune tergiversation ni entêtement.
Depuis la guerre de Ramadan 1973, fut lancé l’appel à la tenue d’une conférence internationale sous l’égide des Nations-Unies pour mettre fin au conflit arabo-israélien. Néanmoins, les atermoiements israéliens à l’accepter ont fait qu’elle ne s’est tenue qu’en 1991, soit un retard de dix-huit années. Ce fut la conférence de Madrid dont l’accord a connu le même tunnel d’atermoiements et de manoeuvres dilatoires.
Nous constatons aujourd’hui, huit ans après cette conférence, que l’actuel gouvernement israélien demeure intransigeant et se dérobe à ses engagements, se croyant pouvoir imposer au peuple palestinien une capitulation en guise de paix.
Mesdames et messieurs,
L’occupation injuste d’Al-Qods n’autorise nullement la dénaturation de son cachet et ne confère aucun droit à l’occupant sur la base de cette occupation. Cette ville sainte ne connaîtra ni la cohabitation aujourd’hui, ni la paix demain que par la reconnaissance du droit du peuple palestinien à libérer ses territoires et à établir son Etat avec la ville d’Al-Qods comme capitale, l’abrogation de toutes les mesures visant sa judaïsation et la renonciation de manière définitive aux tentations de l’exclusion de l’autre et de l’hégémonie sur cette ville.
Nulle autre voie ne peut être envisagée pour atteindre cet objectif que de se plier aux décisions, conventions et accords internationaux pris à ce sujet, afin de créer un nouveau climat basé sur la tolérance, l’approfondissement de la prise de conscience des uns et des autres quant à la nécessité de cohabiter et de réaliser en commun progrès et développement dans le cadre d’une entente garantissant les droits de tous.
C’est sur ce qui précède que nous attendons de vous, messieurs les congressistes, d’approfondir l’analyse et la discussion, d’entreprendre une action collective commune pour qu’Al-Qods Ach-Charif conserve son identité, demeure fidèle à son histoire arabo-islamique, consolide les fondements de son avenir sur l’esprit de cohabitation entre les religions célestes et leurs valeurs communes.
Il convient dès lors d’attirer l’attention de l’opinion publique internationale sur les dangers que représente la politique poursuivie jusqu’à présent par le gouvernement israélien et sur les atteintes flagrantes et injustes visant la dénaturation du cachet d’Al-Qods arabe et islamique et sa judaïsation, d’une manière qui est non seulement contraire à la légalité internationale, mais qui tend à saper les principes de paix et à violer les conventions auxquelles le gouvernement israélien a lui-même souscrit.
Il n’en reste pas moins que nous demeurons convaincus que l’espoir doit l’emporter sur le désespoir, que le nombre des partisans du droit continuera à grandir et que la volonté internationale, avec toutes les organisations et institutions qui l’incarnent, garantira les droits du peuple palestinien combattant.
Puisse Dieu bénir vos actions, couronner de succès Nos efforts et les vôtres. Puise-t-Il Nous aider à faire triompher le droit, à soutenir les causes justes du peuple palestinien. Nous sommes convaincu que le Très-Haut Nous assistera dans Notre entreprise. "Dieu sauvera ceux qui le vénèrent. Dieu est fort et Puissant" (Coran).
23/02/1999
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