"Louange à Dieu.
Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Altesse Royale,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Il Nous plaît de Nous adresser à vous à l’ouverture de la cinquième édition du Forum Arabe pour l’Education et l’Enseignement, à laquelle Nous réservons Notre haute sollicitude. A nos honorables hôtes, membres des délégations participant aux travaux de ce Forum, Nous souhaitons la bienvenue dans leur deuxième pays, le Maroc, terre de rencontre, de dialogue, et d’action en faveur des causes justes de la nation arabe. Vous voilà donc réunis pour débattre des meilleurs moyens à mettre en œuvre pour renforcer et diversifier les domaines où se déploie l’action arabe commune.
A cette occasion, Nous tenons à dire combien Nous nous réjouissons des initiatives de Notre cher Frère, Son Altesse Royale le Prince Khaled Al-Fayçal Ben Abdulaziz Al-Saoud, que Dieu le garde, Président de la Fondation de la Pensée Arabe. Nous saluons vivement les efforts louables qu’il ne cesse de déployer pour la promotion et l’essor de la culture et de la pensée arabes.
Nous nous félicitons également du thème que vous avez judicieusement retenu pour cette importante rencontre, en l’occurrence "l’enseignement dans le monde arabe et la mondialisation". Ceci d’autant plus qu’il s’agit d’une question d’actualité en phase avec la vitalité du débat qui agite toute la région arabe, au sujet des problématiques et des priorités liées à la promotion des systèmes arabes d’éducation et de formation, et au rôle déterminant qui leur incombe dans les processus d’encadrement des générations montantes et de développement de la compétitivité de nos pays, dans le contexte de la mondialisation et des défis y afférents. Dans un monde en proie à des mutations effrénées, l’importance de ce thème tient au fait que la compétitivité des nations se mesure actuellement à l’aune de la qualité du capital humain, notamment dans le domaine de l’économie du savoir et des technologies de l’information et de la communication. Voilà qui explique le rôle majeur qui incombe, en la matière, aux systèmes d’éducation qui, parce qu’ils sont à la base du processus de formation et de qualification des ressources humaines, s’érigent désormais en acteur clé et en maillon central pour prendre en charge les contraintes de l’heure.
C’est pourquoi, aujourd’hui, les universités et les instituts de recherche se livrent, sur la scène internationale, à une course effrénée pour s’emparer des marchés de formation et de recherche, dans l’espoir de s’approprier progressivement les moyens et les mécanismes de maîtrise de cette compétitivité. De cette course est née une dynamique qui tend vers une standardisation et une uniformisation accrues des systèmes d’éducation et de formation, tant dans leurs composantes que dans leurs programmes. De ce fait, il n’est plus permis d’adopter des politiques éducatives fermées sur elles-mêmes ou coupées de leur contexte, surtout au regard de l’état actuel de l’enseignement dans le monde arabe. En effet, la réforme continue de nos systèmes d’éducation reste un préalable incontournable pour permettre à nos pays arabes d’accéder à la place qui leur revient dans l’arène de la mondialisation scientifique et technologique, et pour que les secteurs de l’enseignement et de la recherche puissent s’acquitter de leur rôle en tant que leviers majeurs de développement.
Aussi les établissements d’enseignement sont-ils constamment appelés à adapter leurs cursus et leurs méthodes de travail aux exigences de la mise à niveau de nos ressources humaines. Ils doivent également s’atteler à rehausser la qualité de leur rendement pour relever les défis de la mondialisation, et s’ouvrir aux innovations liées au développement des systèmes d’éducation et de formation, et ce, dans le respect de notre identité arabo-islamique authentique. En effet, le rôle de nos écoles et de nos universités ne doit pas se limiter à l’augmentation quantitative de leurs indicateurs, qui consisterait à garantir le droit à l’enseignement et l’égalité des chances en matière de formation, pour le plus grand nombre possible de nos enfants et de nos jeunes.
Il leur appartient plutôt de relever le défi lié à la qualité des services et des compétences, et d’assurer les conditions propices pour que les apprenants puissent s’insérer de manière effective dans la société de l’information et de la communication.
Il convient de rappeler, à ce propos, que les méthodes d’enseignement et les cursus propres à toutes les branches du savoir, sont désormais à la portée de tout un chacun, et ce, à travers des réseaux universitaires accessibles par voie satellitaire, et par le biais desquels d’éminents professeurs communiquent et débattent entre eux, en dépit des distances qui les séparent. De même que n’importe quelle classe de cours ou n’importe quel laboratoire peut interagir en temps réel avec son homologue, en tout point du globe. Il nous incombe donc d’agir de sorte que nos enfants puissent exploiter et tirer parti de cette dynamique moderne de communication et d’échange du savoir.
Par ailleurs, il est éminemment urgent de procéder à une évaluation de nos systèmes d’éducation, d’en identifier les dysfonctionnements et les carences et de cerner toutes les contraintes et les entraves inhérentes à la vague globalisante qui déferle sur le monde arabe. Il convient aussi de penser la façon de réagir positivement face aux défis que pose cette mondialisation à tous les niveaux. Partant du fait que celle-ci vise, au premier chef, l’identité culturelle, il est, donc, indispensable de concevoir des solutions préemptives permettant de concilier ce qui est universel et ce qui est national, de manière à s’imprégner de l’air du temps, tout en veillant à la préservation des spécificités et des constantes nationales.
Aussi nous incombe-t-il de consolider le rôle de l’institution éducative en tant que levier essentiel pour la modernisation et le progrès, l’ancrage de la citoyenneté et de la pratique démocratique et l’amélioration de nos indicateurs de développement. Il faut également agir pour que nos jeunes soient plus entreprenants et plus responsables et s’imprègnent davantage des valeurs d’ouverture, de modération et de tolérance. Il appartient aussi à nos institutions éducatives de doter les générations montantes des capacités d’ouverture et d’émulation aux niveaux régional et international. Elles se doivent, en même temps, de leur inculquer les hautes valeurs et les nobles idéaux propres à les rendre fières de leur identité et de leur authenticité, prêtes à apporter leur concours à l’essor de leurs pays respectifs, et attentives aux causes justes et aux réelles préoccupations qui sont les leurs.
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes convaincu qu’un espace de réflexion et de proposition aussi important que votre Forum, va contribuer à une meilleure appréhension des défis qui se posent aux systèmes éducatifs de nos pays, ainsi qu’à la conception de programmes novateurs et efficients, permettant de prendre en charge certaines problématiques communes aux pays arabes, dans ce domaine particulier.
Il y a tout d’abord la question de notre patrimoine commun, dont la principale composante n’est autre que la langue arabe. De fait, celle-ci requiert, aujourd’hui plus que jamais, que nous déployions des efforts particuliers afin d’en assurer le développement et la mise à niveau, et de faire en sorte qu’elle tire parti d’une dynamique novatrice de recherche linguistique en matière d’anticipation, d’arabisation et de terminologie scientifique. Outre l’appropriation et la maîtrise des technologies de l’information, cette démarche devrait conférer à la langue arabe une visibilité et un poids plus conséquents dans les milieux de l’information et de la communication. Toutefois, cet objectif ne saurait être atteint qu’au prix d’un effort collectif et d’initiatives intégrées et complémentaires de la part des pays arabes, et ce, dans le cadre d’une approche rigoureuse et équilibrée permettant de dégager une vision prospective quant au devenir de la langue arabe et la place qu’elle est censée occuper dans la société universelle de l’information.
Il faut veiller, ensuite, à ce que les cursus et les programmes éducatifs puissent intégrer les exigences de la mondialisation, et s’y adapter, tout en remplissant le rôle qui leur incombe en matière d’éducation à la citoyenneté et au civisme, et d’attachement, sans ostracisme ni fanatisme, aux fondements de notre identité civilisationnelle, selon une approche équilibrée conciliant spécificité et universalité. C’est là un chantier décisif qui nécessite la mise en commun des efforts et l’échange des expériences et du savoir-faire, entre les instances arabes compétentes qui décident des politiques publiques en matière d’éducation.
C’est dire à quel point il importe d’impulser les mécanismes de coopération dans les domaines de l’enseignement universitaire et de la recherche scientifique, et de favoriser l’éclosion de pôles d’excellence et d’innovation propres à rivaliser avec leurs homologues à travers le monde. Cette coopération doit se fonder sur un réseau de projets ambitieux, bien ciblés et dotés de moyens bien définis, intéressant les secteurs de recherche et de formation. Des projets à haute valeur ajoutée où s’investissent universités, entreprises et opérateurs économiques, dans le cadre d’un partenariat privilégié et efficient entre les secteurs public et privé. Ceci permettra de drainer et de motiver les cadres et les compétences arabes expatriés pour qu’ils apportent leur concours à l’essor scientifique et technique de leurs pays d’origine et de l’ensemble du monde arabe.
Mesdames, Messieurs,
Afin d’atteindre les objectifs escomptés, il importe, en premier lieu, de compter sur nos propres énergies et nos ressources endogènes, et de stimuler et optimiser les processus de réforme de nos systèmes d’éducation, en ayant constamment à l’esprit nos spécificités nationales et arabes, ainsi que le patrimoine et les valeurs de notre civilisation séculaire, et en s’inspirant, en même temps, des expériences pilotes universelles en la matière.
En conclusion, Nous tenons à saluer votre travail persévérant et vos louables efforts. Nous sommes convaincu que cet important forum, de par la qualité et le rang éminent de l’élite de penseurs, d’intellectuels et d’experts, qui y prennent part, constituera une force de proposition efficace pour aider à dégager les meilleurs moyens à mettre en œuvre en vue de faire avancer en permanence les systèmes d’éducation arabes et resserrer les liens de coopération et d’échange d’expériences et de savoir-faire entre eux. Ces systèmes seront, de ce fait, aptes à aider à relever les défis de l’heure, à assurer le développement et à bâtir un avenir meilleur pour nos générations montantes.
Fasse Dieu que vos efforts et les travaux de votre forum soient couronnés de succès.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh".
02/04/2008
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