« Louange à Dieu.
Prière et paix sur le Prophète, Sa famille et ses compagnons.
Cher Peuple.
De cette salle du trône, pétrie d’histoire, partit, voici cinquante ans, la révolution que notre vénéré grand-père, le Roi Mohammed V, que Dieu sanctifie son âme, venait de déclencher en défiant la puissance tyrannique coloniale, choisissant, pour que le Maroc soit indépendant, de sacrifier son trône et de se résoudre a l’exil avec son auguste famille. C’est alors que jaillit l’étincelle de la révolution d’un Peuple prêt à tous les sacrifices pour son Roi légitime, symbole de sa Souveraineté.
Au terme de deux années, cette révolution triomphante mit un terme au joug de la tutelle et du protectorat, et marqua l’avènement de l’ère de la liberté et de l’indépendance. De fait, elle s’est inscrite au registre de la pérennité, non en tant que simple péripétie historique, mais en tant que doctrine globale pour la récupération de la Souveraineté nationale, l’ancrage de la monarchie constitutionnelle démocratique, et l’éradication du sous - développement, de l’ignorance et de l’ostracisme.
La rencontre, sur la voie tracée par cette glorieuse révolution, des volontés de la nation et de nos vénérés grand-père et père, leurs Majestés les Rois Mohammed V et Hassan II, que Dieu ait leurs âmes en sa sainte miséricorde, a permis de poser les jalons de l’état moderne dont nous consolidons aujourd’hui les fondements socio-économiques.
Œuvre des artisans de la révolution du 20 aout 1953, cette épopée historique a également constitue une école de nationalisme Marocain authentique, au service de la défense de l’unité nationale et du rite malékite, et de l’intégrité territoriale de cette nation. Elle s’est appuyée, pour cela, sur la symbiose qui unit le Peuple et le trône et qui a toujours constitue un rempart inexpugnable contre toutes les conspirations, et un puissant levier pour relever tous les défis.
Un demi siècle durant, cette révolution s’est poursuivie sans relâche, grâce aux apports de toutes les Marocaines et de tous les Marocains qui, par leur labeur quotidien, chacun dans sa famille, son école, sa profession ou son association, ont prêté leur concours a l’édification d’un état moderne et unifie.
Le progrès des nations ne se mesure pas à l’aune d’événements conjoncturels éphémères, mais au vu d’étapes historiques successives ou chaque génération lègue à la génération suivante ce qu’elle a de mieux. D’ou l’interrogation suivante : est-ce que chacun de nous a fait tout ce qui devait être fait pour que la jeunesse dont nous célébrons aujourd’hui la fête, soit imprégnée de l’esprit de la révolution du Roi et du Peuple, et ce qu’il représente comme sacrifice, non pas de la patrie, mais pour la patrie ? Est-ce que chacun de nous s’interroge, en son âme et conscience, en tout temps et a tout moment : qu’ai- je apporté a ma patrie ? Au lieu de se lamenter avec égoïsme, en se demandant : combien ai- je reçu de ma patrie ?
Pour que notre jeunesse ne réduise pas le souvenir des héros de la résistance a de simples noms d’avenues des centres-villes, il faut que tous les Marocains restent fideles a l’esprit de la révolution du 20 aout, et demeurent attaches aux valeurs de patriotisme, en veillant a inculquer a leurs enfants l’amour de la patrie, sentiment assimile par notre religion a un acte de foi.
Mais nous n’atteindrons cet objectif qu’en traduisant le nationalisme en citoyenneté et en faisant passer la conscience nationale du simple amour pour la patrie, a un engagement effectif pour contribuer a l’édification d’un Maroc, qui soit l’objet de la fierté de tous les Marocains.
La révolution du Roi et du Peuple a permis au Maroc d’accéder à l’indépendance et de se doter d’un état moderne. Mais la préservation de notre intégrité territoriale demeure pour nous un devoir impérieux qui impose une mobilisation totale, une vigilance de tous les instants, et des actions efficientes, afin de clore définitivement le dossier d’un conflit crée de toutes pièces par les adversaires de la Marocanité du Sahara, qui persistent à contrarier ce droit avec hargne et animosité. En effet, ils ont fini par laisser tomber le masque pour se dévoiler comme le véritable adversaire. L’ambition qui les anime d’établir, par le biais de pions séparatistes, une hégémonie totale sur toutes nos provinces du sud, les a amenés jusqu’a soulever la question de la partition qui conduirait inéluctablement a la balkanisation de la région tout entière, au lieu de s’atteler sincèrement à édifier, sur des bases saines, une union maghrébine forte.
Face a cette attitude d’hostilité qui ne cesse de contrarier toutes les solutions consensuelles négociées et équitables, et qui prône, a la place, des solutions sournoises et insidieuses, le Maroc qui se trouve sur le territoire de son Sahara, fort de son unanimité sacrée autour de sa cause, est fier de l’appui de pays frères et amis qui ont conscience de la justesse de sa cause. Il tient, par la voix de ton premier serviteur, petit - fils de Mohammed V, héros de la libération, et héritier du credo de Hassan II, artisan de la marche verte, que Dieu bénisse leur mémoire, a réaffirmer que, animes par toute la symbolique dont ce jour mémorable est porteur, et qui incarne la symbiose entre le trône et le Peuple, nous sommes tous mobilises pour défendre notre intégrité territoriale, quels que soient les sacrifices a consentir et les complots et les manœuvres a déjouer.
A mon cher Peuple, je réaffirme que la vraie bataille n’est pas celle qui met aux prises des particuliers, des groupes, des partis ou des associations, et que les différends concernant la gestion des affaires publiques ne doivent pas nous faire oublier notre combat décisif et salutaire qui est de défendre, avec toute la ténacité requise, notre intégrité territoriale, pour repousser les menaces et les dangers et déjouer les complots visant a y porter atteinte.
Aux adversaires de notre intégrité territoriale, j’affirme, en ton nom, Peuple valeureux, que la démocratie pour laquelle nous avons opte comme moyen de gestion civilisée de nos affaires nationales est, contrairement a ce qu’imaginent ces adversaires, un puissant pilier qui consolide notre front intérieur et renforce l’unité de nos rangs. Elle constitue la meilleure option pour en finir avec ce problème artificiel. Le Maroc demeure, du reste, ouvert à tout dialogue constructif et franc pour le régler dans le cadre de la préservation de notre intégrité territoriale et notre Souveraineté nationale, a propos desquelles nous n’accepterons jamais, je dis bien jamais, aucun marchandage.
Avec les mêmes conviction et détermination, ton premier serviteur t’exhorte, Peuple fidele, a t’engager activement dans une nouvelle révolution du Roi et du Peuple, en te fondant, pour cela, sur les référentiels et les objectifs ambitieux définis dans le discours du trône. La finalité suprême est d’édifier un état démocratique efficient, prémuni contre toute sorte d’anathème religieux et d’exclusion politique, de bâtir une économie libérale génératrice de richesses et d’emplois, de construire une société solidaire, et de favoriser une renaissance culturelle, en phase avec le temps, respectueuse de l’identité Marocaine.
Nous avons estime qu’en ce jubile de la révolution du Roi et du Peuple, la meilleure expression de fidélité a son esprit et le plus solide gage de sa pérennité, résident dans la concrétisation de notre ferme volonté de rendre justice a la femme Marocaine. Car a moins de l’honorer dignement et de l’affranchir de toutes les formes d’injustice qui pèsent sur elle, la démocratie et les droits humains risquent d’être dénués de toute consistance.
Aussi avons-nous donne nos hautes instructions a la commission chargée de la révision de la moudawana (code du statut personnel), pour qu’elle achève ses travaux et en soumette le bilan a notre Majesté, dans le courant de septembre prochain.
En notre qualité d’Amir Al Mouminine et de représentant suprême de la nation, nous t’annoncerons, cher Peuple, dans une proche occasion, la décision royale que nous aurons arrêtée au sujet du projet de révision globale pour un nouveau code de la famille.
A l’heure ou la civilisation mondiale se trouve dans un tournant, ou les certitudes sont ébranlées, et ou les repères et les références se perdent, une bataille ardue contre nous-mêmes nous attend afin de nous prémunir contre la tentation de la facilite privilégiant les réponses aisées aux questions difficiles, et prenant le parti de la surenchère démagogique.
Notre vraie bataille tient a la mobilisation pour la concrétisation de projets de reformes ardues, dans un esprit imaginatif et évolutif.
Ceci exige que nous demeurions attaches aux constantes immuables de la nation, dans lesquelles l’identité Marocaine puise sa force et sa spécificité. Nous sommes, au même titre, tenus d’approfondir l’esprit d’initiative productif et d’affronter avec vigueur et lucidité, ceux qui recourent à la zizanie, la duplicité et l’ostracisme pour confisquer l’avenir de la nation et hypothéquer son essor.
Si nous avons pu, en vertu de l’évolution démocratique que connait notre pays, boucler le processus de redressement de l’image du Maroc à l’étranger, il nous appartient aujourd’hui de nous employer avec la même détermination, à corriger l’image que se fait le Marocain de son propre pays. Il faudra, pour ce faire, ancrer en lui la culture de la citoyenneté, de sorte qu’il soit fier des réalisations de sa nation et dispose à œuvrer pour remédier aux dysfonctionnements et aux carences qu’il relève, au moyen de projets de reformes concrètes, au lieu de s’évertuer à semer le scepticisme et le nihilisme.
Dans ce contexte, outre les programmes d’éducation sur les droits et les devoirs de l’homme, nous avons donne nos hautes instructions au gouvernement de notre Majesté, en particulier les ministres de l’éducation pour veiller a ce que ces programmes s’attachent essentiellement a inviter nos enfants et nos jeunes a l’éducation civique et éthique, telle que celle dont notre génération s’est imprégnée, notamment pour ce qui est de l’attachement aux institutions sacrées de la patrie, et la ferme volonté de défendre sa réputation.
Les vingt-sept mois passes en exil par notre vénéré grand-père et les membres de l’auguste famille royale, ont constitue l’apogée de la symbiose régnant entre le trône et le Peuple, et le summum du sacrifice consenti pour affranchir le Maroc et préserver sa Souveraineté et son unité. Faisons donc du même intervalle de temps qui nous sépare de la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance, une période riche en actions vigoureuses et en efforts soutenus de mobilisation de la jeunesse. Il y va, en effet, de la défense de notre intégrité territoriale et de nos acquis démocratiques. Il s’agit également de rattraper le retard enregistre dans la réalisation de certains de nos projets de développement et de conforter la position du Maroc dans son environnement régional et international.
Il nous appartient de faire du jubile de l’indépendance un moment historique privilégie, et de marquer une pause pour évaluer les étapes franchies par notre pays, durant un demi-siècle, en matière de développement humain, en faisant le point des succès, des difficultés et des ambitions, et en tirant les enseignements des choix opérés durant cette période historique, et des grands tournants qui l’ont marquée. Notre objectif est de consolider nos choix et orientations d’avenir, clairement et en toute confiance, en soulignant, au passage, en toute objectivité et en toute équité, les efforts extraordinaires qui ont été consentis pour mettre le Maroc sur la voie de l’édification de l’état moderne.
Telle est la plus belle manière d’être fidele a la mémoire éternelle des artisans de l’indépendance de la patrie.
C’est le plus grand stimulus qui incite a redoubler d’efforts pour poursuivre l’œuvre d’édification d’un Maroc fort, un défi qui ne saurait entamer la volonté de notre jeunesse imprégnée de l’esprit du nationalisme historique et acquise aux valeurs de citoyenneté démocratique.
Wa salamou alaïkoum wa rahamatoullah wa barakatouh. »
20/08/2003
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