Dans un Etat démocratique, il n’y a rien de plus normal. A la limite, on pourrait reprocher à la télévision d’avoir tardé à le faire.
Or, surprise ! La commission parlementaire, chargée d’enquêter sur cette affaire pour le compte de la Chambre des représentants, a exercé des pressions au point d’obtenir que l’émission soit tout bonnement annulée.
Nous nous trouvons donc devant cet incroyable paradoxe : des élus du peuple faisant pression pour que ce dernier ne soit pas informé !
C’est là toute la problématique des élites politiques marocaines. Des dirigeants peu sûrs d’eux, des représentants mal élus voudraient bien que la démocratie se déroule finalement en limitant le rôle du peuple à son strict minimum formel.
Et surtout, ce que ces hommes politiques commencent à combattre c’est la circulation de l’information. Ils combattent la presse. Ils combattent les journalistes. Et maintenant, ils censurent même la télévision publique.
Certes, 2M n’hésite pas à ouvrir les débats sur les sujets sensibles, mais elle demeure une télévision publique et elle ne l’oublie pas.
La question essentielle est de savoir si nos dirigeants veulent purement et simplement, au nom d’une démocratie formelle, détourner le pouvoir à leur propre profit ?
En effet, leur comportement à l’égard des médias et leur application à empêcher l’information du public montrent qu’ils sapent les fondements même de la démocratie.
S’aperçoivent-ils qu’en agissant ainsi, ils ruinent leur propre légitimité, laquelle est déjà mal en point.
Source : L’Economiste - Abdelmounaïm Dilami