"Louange à Dieu,
Que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Il y a vingt-et-un ans, la Marche Verte a été lancée, cette Marche qui nous a permis de défaire les entraves, de traverser les frontières, de libérer nos fils au Sahara et de sceller nos retrouvailles. Depuis ce jour, cher peuple, nous accordons à nos provinces sahariennes, et à nos sujets qui y vivent, toute notre attention et toute notre sollicitude, ainsi que la priori té dans les plans de développement économique, social et culturel. Nos efforts et nos sacrifices, grâce en soit rendue à Dieu, ont été couronnés de succès.
Nous constatons aujourd’hui, dans l’ensemble de ces provinces, l’émergence de grandes agglomérations, des édifices imposants, une population et une jeunesse débordant d’enthousiasme et de patriotisme, pleinement conscientes des responsabilités qu’elles assumeront à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, à l’instar de leurs frères au Nord.
Tu sais, cher peuple, que depuis Notre accession au Trône de Nos glorieux ancêtres, Nous avons fait de la franchise et de la transparence deux constantes importantes et essentielles dans nos rapports, moi et toi. Fidèle à cette démarche, Je voudrai t’informer très clairement et sans détour des entretiens qui se sont déroulés entre la partie marocaine, d’une part, et un groupe de nos fils égarés, de l’autre. A leur demande, nous avons accepté qu’ils se rendent au Maroc et qu’il y ait un entretien direct.
Pourquoi avons-nous accepté ? Nous l’avons fait tout d’abord par respect à des traditions séculaires dont la première veut que les portes du Palais au Maroc soient ouvertes à tous les Marocains, qu’il s’agisse de ceux qui ont été égarés ou de ceux qui sont sur le droit chemin. Nous avons, en second lieu, accepté de prendre contact avec eux, non pas pour renoncer à nos droits mais plutôt pour les convaincre de retrouver la bonne voie. Il était entendu comme condition essentielle, quand ils s’étaient rendus au Maroc, que la thèse de l’indépendance ou de la sécession ne doit en aucun cas être soulevée.
Il y avait du côté marocain, Notre fils dévoué le Prince Héritier, et Notre ministre de l’intérieur. Les discussions se sont déroulées pendant deux jours. Il était prévu que Je les reçoive si un résultat satisfaisant était atteint. Mais, il semble qu’ils n’ont pas encore bien appréhendé la situation telle qu’elle se présente au Maroc, qu’ils n’ont pas encore compris que le Sahara est redevenu marocain comme il l’a toujours été et qu’on ne saurait lui conférer un autre cachet, une autre nature ou un autre cadre juridique que par le retour à la mère-patrie, le retour aux origines procédant de l’authenticité.
Les deux délégations se sont alors séparées, non pas sur un constat de rupture puisque nous avons tous été élevés à l’école de notre auguste père, feu Sa Majesté Mohammed V - que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde - qui agissait conformément aux enseignements du Saint Coran où il est dit : "Nous avons convenu que pour eux, la porte restera ouverte dès lors que les choses auront mûri", qu’ils auront une autre conception et envisageront une autre manière de résoudre les problèmes de leurs frères qui continuent de vivre en exil dans une situation déplorable, une situation qui choque l’esprit et la conscience.
Ce sera donc une autre marche, celle de la persuasion, de la bienveillance et de la sollicitude à l’endroit de nos fils et des nôtres qui, malgré eux, vivent loin de nous. Ce sera une marche qui consiste à les convaincre de transcender leur égarement et de regagner leur pays, la patrie étant clémente et miséricordieuse. Qu’ils sachent, et que tout le monde sache, que la régionalisation qui touchera toutes les provinces du Royaume, de Tanger à Lagouira et d’Oujda à Agadir, et qui est à la fois décentralisation et déconcentration, façonnera un autre mode d’existence et une toute autre civilisation dans nos provinces sahariennes. S’ils désirent rejoindre leurs frères, qu’ils se dépêchent.
Nous leur disons de notre côté, que le Sahara, grâce en soit rendue à Dieu, est suffisamment vaste et étendu, qu’ils y trouveront place pour leurs familles, leurs proches et leurs frères, et qu’ils seront accueillis à cœur ouvert par leurs frères, au Nord comme au Sud, des frères qui n’aspirent qu’à voir le père retrouver son fils, le frère son frère et la mère sa fille. Nous réitérons, de nouveau, que la patrie est clémente et miséricordieuse. Nous réaffirmons également que, connaissant parfaitement bien notre pays nous savons qu’il recèle de multiples génies dans chacune de ses régions, lesquelles sont différentes les unes des autres : le Nord n’est pas le Centre, qui est, à son tour, différent du Sud, comme l’Est ne ressemble guère à l’Ouest.
Chaque région se distingue par son génie, sa personnalité, ses arts, son histoire et son mode de vie. Nous attendons donc de cette régionalisation qu’elle enrichisse le Sahara, qui a été séparé de la mère-patrie pendant des décennies du fait de la colonisation, comme nous attendons du Sahara qu’il enrichisse par son génie et sa nature les autres régions grâce à ses potentialités morales et culturelles.
Ce sont là, cher peuple, les propos que Je voulais te tenir à l’occasion de l’anniversaire de la Marche Verte, propos qui témoignent que notre marche est celle du progrès, de l’aspiration à une vie meilleure, une marche de l’unité, du pardon pour tous et une marche pour l’avenir. Mais, encore une fois, n’oublions jamais que le temps presse et que nous devons faire vite.
Aux égarés, Je dis : s’il y a du nouveau, vous devez faire très vite. Que tout le monde sache, par ailleurs, que nous ne nous sommes nullement départis du plan de paix des Nations Unies auquel nous demeurons attachés jus qu’à ce que notre droit soit définitivement reconnu sur le plan international. Ces entretiens, comme ceux qui suivront, s’inscrivent dans le cadre du plan des Nations-Unies duquel nous ne dévierons pas puisqu’il constitue le meilleur gage pour l’avenir de la paix dans cette région.
Cher peuple, Je te souhaite, encore une fois, bonheur et bien-être à l’occasion de cet anniversaire. Rendons grâce à Dieu."
06/11/1996
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