"Louange à Dieu. Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Cher Frère, Excellence, Dr Bachar Al-Assad, Président du Sommet arabe.
Majestés, Altesses, Excellences.
Excellence, Monsieur le Secrétaire général de la Ligue des Etats Arabes.
Excellences. Mesdames, Messieurs.
Il M’est agréable d’adresser, tout d’abord, l’expression la plus sincère de remerciements et d’estime, à notre Cher Frère, Son Excellence, Dr Bachar Al-Assad, qui a veillé personnellement à ce que la République Arabe Syrienne soeur accueille et organise, dans les meilleures conditions, ce vingtième Sommet arabe.
Je tiens également à dire combien le Maroc, à travers son Roi, son gouvernement et son peuple, se réjouit des liens de fraternité sincère et de solidarité qui unissent nos deux pays et nos deux peuples frères, animés d’une volonté commune de faire prévaloir les causes justes de la nation arabe et de défendre la souveraineté de ses pays, leur unité nationale et leur intégrité territoriale. A cet égard, Nous avons une pensée émue pour les sacrifices consentis par le contingent marocain qui a combattu héroïquement, aux côtés des vaillantes forces syriennes, pour la préservation de l’unité du territoire syrien et le recouvrement du Golan occupé.
J’ai également le plaisir d’exprimer à notre Auguste et très Cher Frère, le Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Abdullah Bin Abdulaziz Al-Saoud, notre gratitude pour les efforts inlassables qu’il a déployés pendant sa présidence du Sommet arabe -qui avait été accueilli par le Royaume d’Arabie Saoudite- afin d’assurer la mise en oeuvre des importantes décisions prises par le Sommet précité.
Nous estimons que la tenue de ce sommet constitue un moment opportun pour faire le point de l’état d’avancement de l’action arabe commune et pour en identifier les entraves, afin d’aller de l’avant, fidèles en cela à l’engagement que nous avons souscrit envers nous-mêmes, et que nous nous sommes engagés vis-à-vis de nos peuples à traduire en une réalité concrète et tangible. Cela requiert, à l’évidence, de déployer le maximum d’efforts possibles et de réunir les conditions propices afin de transcender les différends interarabes et d’oeuvrer à la consolidation des liens de confiance, qui sont un préalable indispensable sans lequel il serait impossible d’atteindre les objectifs escomptés et de répondre aux voeux de nos peuples qui aspirent à l’unité, à la concorde et à une vie dans la dignité et la liberté.
En tant que nation au coeur d’un ordre régional pour lequel de nombreuses parties nourrissent des desseins particuliers, nos peuples arabes sont confrontés aujourd’hui à des défis majeurs et décisifs. Cependant, notre nation se trouve dans l’incapacité de les relever dans un esprit d’unité et dans le cadre d’une vision prospective permettant de mettre en commun et de mobiliser toutes les énergies disponibles. En effet, l’exacerbation des différends artificiels interarabes, et la subordination des intérêts suprêmes de la nation arabe à des calculs étriqués, accentuent l’état de faiblesse qui la caractérise actuellement.
Force est de reconnaître que cette situation fait le jeu des adversaires de notre nation, compromet le développement de ses peuples et pénalise la mise à niveau dont sa jeunesse a besoin pour gagner la maîtrise du savoir, tant il est vrai qu’à l’époque actuelle, l’élément humain qualifié constitue le véritable capital de toute nation. C’est pourquoi nous sommes appelés, aujourd’hui plus que jamais, à apporter des réponses réalistes et des solutions objectives aux défis qui se posent actuellement à la nation et aux mutations à venir. Mieux encore, les exigences d’honnêteté et le sens du devoir requièrent de tous les acteurs, qu’ils adoptent des positions fermes, afin que nous puissions faire face à cette situation, avec courage, sagesse et circonspection.
Cet objectif ne saurait, cependant, être atteint que si nous veillons à prémunir nos pays contre les périls de division, de démembrement et de précarité, en assurant à nos peuples la mise à niveau nécessaire qui leur permettra de se mettre au diapason des mutations survenues au niveau des relations internationales et de prendre en charge les contraintes y afférentes et l’enchevêtrement des problématiques sous-jacentes. Cela appelle une démarche collective pour prendre à bras le corps ces mutations dans un monde en rapide évolution, régi par la logique de rapports de force aussi inégaux que versatiles, tant au niveau régional qu’international. Faute d’efforts dans ce sens, et si l’état actuel des choses persiste au sein du monde arabe, notamment en l’absence d’une volonté de réforme pratique, consensuelle et ferme, cette situation risque d’entraîner les pires conséquences, à Dieu ne plaise.
Afin de dépasser cette situation précaire et regrettable et d’endiguer le processus de sa dégradation, il est impératif et urgent d’oeuvrer dans un premier temps à l’assainissement des relations interarabes. D’où la nécessité incontournable d’instaurer un dialogue constructif et de se défaire de tout ce qui est de nature à entraver l’action arabe commune et à hypothéquer, sous des prétextes oiseux, et sous l’empire des démons de la division, toute démarche judicieuse en faveur de l’entente consensuelle, de la concorde, de la solidarité et de la complémentarité. Pourtant, ces objectifs sont incontournables, que ce soit dans le cadre de groupements régionaux harmonieux ou au sein d’un rassemblement arabe fort à même de concrétiser les ambitions vitales et réelles de nos peuples frères qui aspirent au progrès partagé et à l’intégration rationnelle. Celle-ci constitue un impératif incontournable dans un monde marqué par la présence de groupements puissants qui auraient tendance à considérer et traiter comme entité fragile, toute nation extrémiste, et à plus forte raison des pays victimes de partition.
Par conséquent, Nous tenons à réaffirmer la volonté constante du Maroc de continuer à oeuvrer, de concert avec l’ensemble de ses frères et voisins, pour le raffermissement des liens de fraternité qui les unissent, forgés par l’histoire et un avenir commun en perspective. Nous voulons également dire combien nous nous réjouissons des excellentes relations politiques qui nous lient à nos frères, animés eux aussi par la volonté de défendre les causes vitales de notre nation, que nous considérons comme des constantes de notre politique, tant aux niveaux bilatéral et régional qu’au plan international.
En outre, Nous réaffirmons l’attachement du Maroc à la consolidation de ces éléments fondamentaux et de ces acquis, par des atouts réels, palpables et solides, d’abord et essentiellement dans le domaine de l’économie qui s’apparente au nerf des temps modernes. C’est ainsi que nous pourrons répondre aux aspirations réelles de nos peuples et agir de façon positive sur leur développement et leur vécu quotidien.
En l’absence d’une telle démarche, les atouts communs qui ont façonné notre histoire partagée, continueront d’être ressentis par nos peuples comme de simples souvenirs éculés ou des lamentations nostalgiques sur les gloires du passé, ou encore comme des slogans galvanisateurs, à l’utilité douteuse.
Aussi est-il grand temps de s’atteler à resserrer les rangs et à unifier les positions, en toute bonne foi et avec une forte détermination, afin de relever les défis réels auxquels sont confrontés les peuples de notre nation.
Outre le strict respect de la souveraineté de ses pays, de leur intégrité territoriale et de leurs attributs nationaux, il est impératif qu’ils agissent en parfaite coordination pour défendre leur sécurité et leur stabilité contre les périls du terrorisme qui les guette et qui menace le monde entier. Il est également indispensable de conjuguer les efforts pour assurer le développement durable des peuples arabes, en mettant en oeuvre des mécanismes efficients et des projets concrets, palpables sur le terrain.
Telle est la voie que le Maroc emprunte dans le cadre de sa politique intérieure et extérieure, en prenant des initiatives constructives qui se traduisent par de grands projets d’investissement arabes communs, et de bien d’autres projets dédiés au développement humain local. A cet égard, Nous saluons à nouveau la coopération qui nous lie à nos frères au sein du monde arabe, notamment les Etats émergents du Golfe. Nous réitérons aussi notre détermination à assurer la mise en oeuvre optimale de l’initiative prometteuse que constitue l’Accord de libre échange d’Agadir, qui demeure ouvert aux pays arabes méditerranéens. Nous entendons donc tout mettre en oeuvre pour consolider le processus d’intégration régionale qui constitue une base solide pour la concrétisation de l’unité arabe ardemment souhaitée. Aussi, poursuivrons-nous l’oeuvre de construction de l’Union du grand Maghreb Arabe, résolument et avec la force qui anime celui qui croit en la justesse de sa cause et la légalité de ses droits.
Nous nous y emploierons avec sincérité, de bonne foi et indépendamment des entraves conjoncturelles et des arguties invoquées en contradiction avec les principes d’unité et de solidarité.
Cet effort fédérateur est l’expression de notre fidélité à une fraternité séculaire et d’un choix stratégique incontournable pour aujourd’hui, comme pour demain. Conçu comme un puissant appui au flanc occidental de la nation arabe, il participe d’une adhésion inébranlable à l’esprit et à la lettre du traité fondateur de Marrakech, qui repose sur le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale des Etats de l’Union, et sur la protection et la préservation de leurs valeurs constantes et de leurs spécificités propres. A cet égard, Nous ne pouvons que nous féliciter de l’expérience fructueuse, menée en la matière, par le Conseil de Coopération du Golfe, dont les Etats membres sont autant de pays frères auxquels nous sommes liés par de solides liens de partenariat multidimensionnel, et d’indéfectibles rapports de solidarité fraternelle agissante.
Fidèle à cette démarche régénératrice de l’action arabe commune, le Maroc tient à ce que son effort de coopération ne soit pas circonscrit à sa seule dimension intergouvernementale - nonobstant son indéniable importance - mais qu’il s’étende pour se déployer en direction des nouveaux acteur politiques, parlementaires, économiques, sociaux, culturels et régionaux, notamment les ONG de la société civile, les parlements et les partis politiques sérieusement engagés, outre les collectivités locales, les opérateurs économiques, et les intellectuels et autres créateurs artistiques.
Excellence, Monsieur le Président.
Majestés, Altesses, Excellences.
Mesdames, Messieurs.
La cause palestinienne demeure au centre de nos préoccupations. C’est pourquoi Nous tenons à réaffirmer la position constante du Maroc qui soutient l’Autorité nationale palestinienne légitime, sous la direction de notre frère, le combattant, Son Excellence le Président Mahmoud Abbas, surtout dans les circonstances éprouvantes qu’endure le peuple palestinien frère et qui exigent qu’il s’unisse et resserre ses rangs.
Nous condamnons vigoureusement les actes d’agression perpétrés par les forces d’occupation israéliennes, surtout le blocus injuste que subit Gaza. Nous fustigeons, au même titre, les violences dirigées contre les civils innocents, notamment les enfants et les femmes, violences commises en flagrante contradiction avec les conventions internationales et le droit humanitaire international.
A cet égard, Nous lançons un appel au gouvernement israélien pour qu’il abandonne la politique d’occupation et de sanctions collectives qu’il mène à l’encontre du peuple palestinien et qui menace d’étouffer dans l’oeuf toutes les initiatives constructives de paix, et au premier chef, l’Initiative arabe de paix. Réaliste et équilibrée, cette option ouvre, pour la question du Moyen Orient, les perspectives d’une solution juste, globale et durable, garantissant l’instauration d’un Etat palestinien indépendant et viable, avec, pour capitale, Al Qods Al Charif, une solution prévoyant le retrait total d’Israël des territoires arabes palestiniens, syriens et libanais occupés.
A ce propos, Nous tenons à réaffirmer notre disposition à déployer tous les efforts et appuyer toutes les initiatives pacifiques, permettant de mettre fin à cette occupation conformément aux résolutions de la légalité internationale.
Nous appelons également toutes les parties à se prévaloir du climat préparé par la Conférence d’Annapolis, pour empêcher le spectre du désespoir de surgir et d’éclipser la lueur d’espoir qu’a fait naître cette conférence pour ressusciter le processus de paix au Moyen Orient. Il appartient donc à tous de s’abstenir de prendre toute mesure unilatérale de nature à remettre en cause leurs engagements pris en vertu des accords conclus, des clauses de la Feuille de Route et d’autres obligations contractées.
Dans le même ordre d’idées, Nous exprimons l’espoir de voir les Etats, les organisations et les institutions financières, mettre les ressources financières nécessaires à la disposition de l’Autorité palestinienne, avec une célérité accrue, en application des décisions de la Conférence des bailleurs de fonds de Paris. Ceci suscitera chez le peuple palestinien l’espoir qui l’incitera à s’inscrire dans la dynamique du processus de paix que chacun appelle de ses voeux.
En Notre qualité de Président du Comité Al Qods, Nous adressons un appel aux puissances internationales influentes, pour qu’elles montrent la fermeté nécessaire à l’égard d’Israël, afin qu’il préserve le statut juridique de la ville sainte et renonce à ses desseins visant à en modifier les caractéristiques religieuses, culturelles et civilisationnelles.
Dans ce contexte, et tout en saluant les diverses initiatives visant l’instauration de la paix dans la région, Nous croyons qu’il est temps pour les Arabes de prendre l’initiative, non seulement pour réaffirmer leur désir sincère de paix, mais également pour marquer leur volonté de sortir de l’ornière de l’attente d’hypothétiques solutions. Mais cela exige le resserrement des rangs, l’attachement à une position unifiée et commune et l’adhésion à une action collective permettant d’affronter les vrais maux qui handicapent la Nation arabe. C’est à cette action fédératrice qu’elle doit se consacrer au lieu de dilapider ses efforts et ses énergies dans des conflits artificiels et des agissements radicaux et désespérés. Nos peuples en ont assez de ces errements qui sont exploités par leurs adversaires pour porter atteinte à nos valeurs culturelles et civilisationnelles, et qui leur servent de prétextes pour assouvir leurs vils desseins visant à dénaturer et pervertir ce qui constitue l’essence même de l’Islam tolérant et généreux.
Avec le même esprit d’entente, d’harmonie et de concorde qui doit imprégner toute action à engager pour régler les vrais problèmes, le Maroc, qui comptait parmi les pionniers de l’Accord de Taëf, est entièrement disposé à déployer tous les efforts qu’il faut pour parvenir à une solution consensuelle, en partant du plan arrêté par le Conseil de la Ligue Arabe, garantissant les intérêts du Liban et la préservation de son unité nationale, son intégrité territoriale, sa souveraineté, sa stabilité, ainsi que la sécurité et la prospérité de son voisinage et de l’ensemble de la région.
La situation tragique que connaît le peuple irakien frère nous inspire autant de peine que d’inquiétude. Nous insistons donc sur la nécessité pour l’Irak frère de recouvrer la plénitude de sa souveraineté, et de préserver son intégrité territoriale. Nous en appelons à toutes les forces et les sensibilités politiques et religieuses, pour qu’elles fassent preuve de sagesse, et s’emploient sincèrement à surmonter la crise et à mettre fin au cycle de violence, de destruction et de terrorisme. Nous les exhortons à faire prévaloir sur toute autre considération, les intérêts supérieurs du peuple irakien frère, et ses aspirations à l’unité et la concorde, la paix et la sécurité.
Animé par la même volonté fédératrice, Nous affirmons notre adhésion et notre soutien pour les louables initiatives engagées dans le cadre du processus de paix, de concorde et d’unité au Soudan, en Somalie, et aux Iles Comores. Notre ultime dessein demeure, dans tous les cas et en toutes circonstances, de veiller au plein respect d’un principe auquel nous sommes fermement attaché. Il s’agit, en l’occurrence, de préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats arabes, et de transcender les différends et les conflits conjoncturels.
Excellence, Monsieur le Président.
Majestés, Altesses, Excellences.
Le Royaume du Maroc restera toujours disposé, sincèrement et en toute bonne foi, à prendre toute initiative ou à contribuer efficacement à toute mesure, visant à poser de solides fondations pour bâtir un partenariat arabe intégré et édifier un système collectif vital, propre à développer les mécanismes de mise en oeuvre de l’Action arabe commune. Notre souhait, en effet, est de voir se mettre en place un système novateur et efficient, permettant de créer les conditions objectives d’une coopération interarabe, de favoriser les investissements, de mettre à niveau l’économie et les ressources humaines arabes, et d’en améliorer le rendement et la performance. Il s’agit donc d’un système moderne, apte à nous aider à relever les défis de la mondialisation, à nous inscrire dans la société du savoir et de la communication et à consacrer les principes de la démocratie et du respect des droits de l’Homme, en tenant compte des spécificités et des atouts particuliers de chaque pays et de chaque peuple, agissant selon sa volonté indépendante et en fonction de son rythme de développement.
Nous implorons le Tout-Puissant de nous guider sur la juste voie, de nous inspirer sagesse et sagacité et de couronner de succès les travaux du Sommet de Damas, ce haut lieu de l’arabisme historique. Nous formons le voeu de voir se concrétiser les ambitions de nos peuples qui aspirent au raffermissement des liens de fraternité séculaire, par une solidarité agissante et par la force de l’unité, de l’intégration rationnelle et du développement global. Fasse le Très-Haut qu’ils s’affranchissent de tous les carcans et surmontent tous leurs handicaps, de sorte qu’ils puissent jouer aux niveaux régional et international, un rôle efficient, à la mesure de leurs atouts et de leurs potentialités. Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wa barakatouh".
29/03/2008
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