Vacances des MRE au Maroc : Attentes et revendications

24 juillet 2006 - 19h48 - Maroc - Ecrit par : L.A

Qu’on les appelle « MRE », « RME », « CME » ou même « CMRE », les quelques trois millions de citoyens marocains résidant à l’étranger rêvent, à tout moment, de rejoindre leur pays d’origine : « il n’y a pas mieux que de passer ses vacances chez soi, dans les bras des gens qui nous aiment », affirme Loubna, une jeune MRE à Paris. Certes, ils s’y attendent à de bonnes vacances. Réussissent-ils à les avoir ? Et à quel prix ?

La jeune Loubna ne cache pas sa petite colère vis-à-vis les infrastructures de loisirs et de distraction, même dans les grandes villes. Pour la plupart de nos compatriotes à l’étranger, « les coins sympas et convenables sont rares et trop chers. Les hôtels de luxe et les sites touristiques sont toujours pleins. Et il ne nous reste que les plages et les piscines ». Des déclarations déplaisantes pour les responsables touristiques marocains qui de temps à autre font des sorties médiatiques trop enthousiasmées, des réformes ici et là, des programmes nationaux de baisse des tarifs, des inaugurations de nouveaux sites à travers tout le territoire national, etc., la liste des efforts fournis est longue.

Et pourtant on grogne quelque part : « Il est anormal que je vienne chez moi pour passer des vacances sans bénéficier d’aucun avantage. Les touristes européens en ont par dizaines, crie Mohammed, le mari de Loubna. D’autres partagent le même avis : « Pour un touriste français, à titre d’exemple, qui passe deux à trois semaines de vacances dans un grand hôtel à Marrakech ou à Agadir, dans le cadre d’un voyage organisé, sa facture ne dépasse que rarement les cinq mille dirhams.

Un tout autre Marocain, MRE ou pas, dans les mêmes conditions de luxe, aura à payer cinq fois plus cher que le touriste étranger ». Un constat réel puisque la plupart des étrangers bénéficient de multiples offres des agences de voyage, ici et ailleurs, dans le cadre de la grande politique nationale encourageant le secteur. « Même pour les avantages du transport, les compagnies low cost favorisent toujours les passagers étrangers. Pour les MRE, c’est toujours plein ! », déclare un couple de Marocains résidant à Barcelone.

Deux poids, deux mesures

La réalité est parfois amère. Les responsables du secteur nient, bien évidemment, tous les propos de nos MRE. « Tous nos clients sont sur le même pied d’égalité », affirme un directeur d’hôtel à Casablanca. Et d’ajouter : « Durant la haute saison, il nous est souvent difficile de satisfaire tout le monde. Les clients sont plus nombreux que les capacités des hôtels ». Des arguments logiques d’un responsable qui ne cache pas une autre réalité. Pour lui, « tout est possible. Il se peut que pour une raison ou une autre, un employé n’accepte pas un client. Il y a des mesures de sécurité à respecter, surtout s’il est en état d’ivresse ou accompagné d’une fille de joie, etc. ».

Un gérant d’une discothèque explique la chose autrement : « l’alcool et les filles sont des problèmes très fréquents avec les jeunes MRE qui ont d’autres habitudes en Europe, bien sûr interdites au Maroc ».

Loubna et son mari ne sont pas de cette catégorie qui passe ses journées à la plage et à chaque soir « croupissent » dans les bars et les discothèques. Le jeune couple maroco-parisien réclame des hôtels à la portée de leur budget : « On ne travaille pas toute l’année pour gaspiller toutes nos économies durant nos vacances dans notre pays. Chaque année, les prix flambent ». Un point irritant, aux yeux des opérateurs du secteurs qui se disent irresponsables : « C’est aux responsables d’arranger ce problème ». Et pour justifier les différences des avantages entre MRE et touristes européens, un directeur d’une agence de voyage affirme que « Les MRE peuvent bénéficier des voyages organisés au Maroc. Des agences sont ouvertes dans presque toutes les grandes villes du monde pour assurer cette opération, à coûts réduits ».

Un attachement fort au pays

Il est à rappeler, dans ce sens, que des milliers de MRE bénéficient de ces offres. Une fois au Maroc, ils sont dans des hôtels bien classés. Le programme touristique bien garni leur permet de découvrir des coins sympas, aller en boite tous les soirs et profiter des plages privées, sans interdictions. Bref, ils sont bien servis comme en europe. La seule chose qui leur manque, c’est la famille.

Pour Loubna et Mohammed, comme il est le cas de tous les jeunes MRE, la famille ne suscite pas un grand intérêt. « Ce sont souvent les vieux qui viennent pour ça. Personnellement, deux à trois jours avec ma famille au Maroc me suffisent. D’ailleurs, nous voyageons tous ensemble. Il suffit de trouver où et à bon prix », adopte Mohammed qui demande d’« installer des espaces verts, des campings et aussi de construire des aires de loisirs dans les montagnes, loin du vacarme et de la pollution de la ville et à l’abri des petits emmerdeurs ». Le tourisme rural est désormais une obligation. Les gens ont de plus en plus tendance à passer leurs vacances dans une agréable atmosphère : la nature, le beau temps, la famille et les amis, et surtout le respect des autres.

Loubna, Mohammed, et tous les MRE avec, passent certainement de bonnes vacances. Chacun selon ses moyens et ses projets. Ils ont tous des attentes et des revendications. Mais tous sont unanimes sur leur grand amour : « J’ai un pays. Moi, je l’aime », conclut Loubna qui réclame toujours des promotions plus encourageantes.

Rida Addam - Al Bayane

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Tourisme - Promotion - Opération Marhaba 2024 - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Retraités MRE : les conditions d’octroi de l’abattement de 90% (douane)

Depuis plusieurs années maintenant, la douane marocaine a mis en place un abattement de 90 % pour les MRE retraités souhaitant dédouaner leur véhicule au Maroc. Pour ce faire, plusieurs conditions sont requises comme expliqué dans le dernier guide...

Maroc : les MRE font grimper les ventes immobilières

Les transactions immobilières sont en hausse au Maroc en ce début d’été, avec la forte demande des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et notamment en Europe, qui affluent vers le royaume pour y passer leurs vacances.

MRE : la détaxe au Maroc, comment ça marche ?

Si vous êtes un Marocain résidant à l’étranger (MRE) en visite au Maroc, vous pouvez prétendre à un remboursement de certains de vos achats. Le dernier guide de la douane marocaine apporte des détails sur ce sujet.

MRE et l’OCDE : l’heure de la renégociation fiscale

Le gouvernement marocain affirme vouloir préserver les intérêts des six millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE). Il entend engager dans les prochains jours des négociations avec l’OCDE pour revoir les conventions relatives à l’échange des...

Tourisme au Maroc : une baisse de recettes qui inquiète

Alors que les arrivées pourraient atteindre 15,5 millions de voyageurs en 2024, soit un million de plus qu’en 2023, les recettes touristiques devraient poursuivre leur tendance à la baisse notée depuis 8 mois pour s’établir à 100 milliards de dirhams...

Le tourisme de montagne, un potentiel inexploité au Maroc

Le tourisme de montagne au Maroc est un secteur à fort potentiel qui est inexploité, selon Nadia Fettah Alaoui, la ministre marocaine du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale.

Match Maroc-France : difficile pour les binationaux de faire un choix

La qualification du Maroc et de la France pour la demi-finale de la coupe du monde au Qatar est une joie pour les Franco-marocains. Certains parmi eux ont encore du mal à réaliser la surprenante ascension de l’équipe marocaine, véritable surprise de...

Jet-skis, bateaux de plaisance... que dit la douane marocaine ?

La douane marocaine a mis en place un régime d’admission temporaire pour les moyens de transport maritimes privés, en particulier les bateaux de plaisance, appartenant à des personnes résidant à l’étranger.

Accord fiscal Maroc-OCDE : Le gouvernement rassure les MRE

Le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, a voulu rassurer les Marocains résidant à l’étranger (MRE) au sujet de l’échange automatique d’informations financières et fiscales, signé par le royaume avec l’OCDE à Paris le 25 juin 2019.

Les touristes reviennent en force au Maroc

Après deux ans de restrictions sanitaires liées au Covid-19, les hôtels enregistrent une très forte demande pour les vacances de fin d’année. Les réservations explosent et les professionnels espèrent atteindre les chiffres d’avant-Covid.