Les saisonnières marocaines, victimes silencieuses d’abus sexuels en Espagne

31 juillet 2022 - 22h40 - Espagne - Ecrit par : P. A

Les saisonnières marocaines participent chaque année à la récolte de fruits rouges à Huelva. Pendant ces six mois, elles sont logées dans des résidences sur les fermes et sont parfois victimes d’agressions et abus sexuels dans le silence, de peur ne pas être retenues pour la prochaine campagne.

Le tribunal de Huelva a récemment acquitté le gérant d’une ferme à Moguer (Huelva), accusé par quatre saisonnières marocaines de les avoir harcelées sexuellement en 2018. Dans sa décision, le juge a estimé entre autres que l’homme n’avait jamais été accusé de tels actes auparavant, « malgré le grand contingent de femmes » qui viennent travailler sur cette ferme chaque année.

Cette déclaration montre « l’ignorance totale du juge sur le cas particulier des saisonnières et leurs difficultés à accéder à la justice lorsqu’elles subissent des agressions sexuelles », explique leur avocate Aintzane Márquez, membre d’une organisation de défense des droits des femmes et des filles, qui estime que cet argument du juge est « une excuse de plus pour ne pas croire la version des victimes ».

À lire : Huelva : un homme accusé d’abus sexuels sur quatre saisonnières marocaines acquitté

Ces quatre saisonnières ont eu le « courage » de dénoncer ces comportements du gérant, assure l’avocate, soulignant qu’il est rare que les saisonnières marocaines « osent signaler des abus sexuels, de peur de ne pas être retenues » pour les campagnes prochaines. L’accusé accompagnait régulièrement l’interprète marocaine dans la résidence des victimes sur la ferme pour leur remettre divers documents. Il se montrait aimable avec elles, profitant pour se livrer à des attouchements sexuels.

Dans sa sentence du 22 juillet, le juge n’a pas été convaincu par l’exposé des faits par les plaignantes qui « ont été licenciées pour mauvaise performance au cours de la période d’essai… ». Selon lui, les saisonnières n’ont apporté aucun élément qui prouve la culpabilité de l’accusé. « Cette procédure montre une fois de plus que la justice ne comprend toujours pas les difficultés de ces femmes à dénoncer » des cas d’abus sexuels, a critiqué l’avocate qui n’exclut pas de faire appel de la décision.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Femme marocaine

Aller plus loin

Les saisonnières marocaines, victimes d’exploitation sexuelle à Huelva

Plusieurs bidonvilles dans les principales campements agricoles de Huelva accueillent des saisonnières marocaines à des fins d’exploitation sexuelle et de jeunes migrants...

Huelva : un homme accusé d’abus sexuels sur quatre saisonnières marocaines acquitté

Le tribunal provincial de Huelva a acquitté le gérant d’une ferme agricole à Moguer (Huelva) jugé le 25 février pour des crimes présumés de harcèlement et d’abus sexuels sur...

Huelva : un homme risque 5 ans de prison pour abus sexuels sur des saisonnières marocaines

Le gérant d’une ferme située à Huelva, dans le sud de l’Espagne, est poursuivi en justice pour les crimes présumés d’abus et de harcèlement sexuels sur quatre saisonnières...

Caixabank a-t-elle « arnaqué » des saisonnières marocaines ?

La banque Caixabank n’ouvrira pas une enquête et n’offrira pas d’explications sur la fraude des polices d’assurance perpétrée entre 2013 et 2019 contre les saisonnières...

Ces articles devraient vous intéresser :

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?

L’humoriste Taliss s’excuse après avoir insulté la femme marocaine

L’humoriste Taliss de son vrai nom Abdelali Lamhar s’est excusé pour la blague misogyne qu’il a faite lors d’une cérémonie organisée en hommage aux Lions de l’Atlas qui ont atteint le dernier carré de la coupe du monde Qatar 2022. Il assure n’avoir pas...

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Rapport inquiétant sur les violences faites aux femmes marocaines

Au Maroc, les femmes continuent de subir toutes sortes de violence dont les cas enregistrés ne cessent d’augmenter au point d’inquiéter.

L’actrice Malika El Omari en maison de retraite ?

Malika El Omari n’a pas été placée dans une maison de retraite, a affirmé une source proche de l’actrice marocaine, démentant les rumeurs qui ont circulé récemment sur les réseaux sociaux à son sujet.

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

Maroc : pas de congé menstruel pour les femmes fonctionnaires

La proposition de loi visant à instaurer un congé menstruel, d’une durée ne dépassant pas deux jours par mois, en faveur des femmes fonctionnaires n’a pas reçu l’assentiment du gouvernement.