Myriam Sif, l’étoile montante de l’opéra

13 juin 2008 - 09h20 - Culture - Ecrit par : L.A

Du talent, la toute nouvelle chanteuse d’opéra, Myriam Sif, n’en manque pas. Tous ceux qui ont assisté à ses concerts l’attestent : « Elle a une superbe voix », « C’est magnifique »… De père berbère (originaire de Tafraout) et de mère européenne (hongro-bosniaque), notre diva marocaine commence à se faire connaître. Elle a chanté récemment à l’occasion de la soirée des créateurs de mode (Festimode 2008), à la Cathédrale du Sacré-Cœur de Casablanca et a donné un récital lors du vernissage de l’exposition Rembrandt le 2 juin dernier à la même cathédrale.

A 34 ans, Myriam Sif, DRH à la Fondation Zakoura Micro-Crédit, décide de se consacrer à sa passion de toujours : le chant. Elle démissionne et se lance dans cette nouvelle carrière avec enthousiasme, optimisme et surtout une motivation de fer. « Je sais qu’avec du travail, du sérieux et du talent, on ne peut que réussir », nous a-t-elle confié, sûre d’elle. Et d’ajouter : « Il fallait que je sois en phase avec moi-même car je ne suis pleinement heureuse et épanouie que lorsque je suis dans l’art et la création ». De toute évidence, cela n’a pas été facile pour elle de changer de vie de manière aussi radicale, mais elle a finalement osé aller jusqu’au bout de son rêve. Car si elle a une belle voix, elle a aussi à son actif un beau parcours universitaire. Myriam Sif est en effet détentrice d’une maîtrise en Administration Economique et Sociale (option RH) obtenue à l’Université Jussieu Paris VII et d’un DESS en Conseil en Organisation et Conduite du changement.

Elle cumule plusieurs années d’expérience en tant que consultante en mise en œuvre de progiciel de gestion SAP, module Ressources Humaines et en tant que DRH. « Toute ma vie j’ai été tiraillée entre mon désir de chanter et la nécessité de décrocher des diplômes sérieux et un bon poste en entreprise ». Après s’être prouvé qu’elle pouvait réussir en entreprise, avec un poste de responsabilité et une situation confortable, elle a senti le besoin de s’orienter enfin vers le chant, et d’en faire, pourquoi pas, son métier. « C’est une aventure risquée, car je n’ai aucune visibilité sur mon avenir. Mais c’est un sacré challenge pour moi, un peu à l’encontre de tous les schémas sociaux ! », s’exclame-t-elle avec entrain. Ceci dit, elle reste quand même réaliste et lucide. « Il ne faut pas se leurrer. Je suis consciente que beaucoup de Marocains ont une vision un peu péjorative et réductrice des chanteuses, que ça ne va pas être facile de faire changer les mentalités, mais j’espère y contribuer du mieux que je peux », affirme-t-elle. En tout cas, elle n’a pas l’intention de se laisser intimider par qui que ce soit, car elle a une forte personnalité, et, en véritable battante, elle sait s’imposer.

« J’ignore si mon nouveau métier me permettra de m’assurer une vie stable au niveau financier. Mais je mettrai tout en œuvre pour y arriver car je veux y croire et je ne baisserai pas les bras », affirme-t-elle avec détermination.
Afin d’élargir son domaine de compétences, elle poursuit actuellement à Paris une formation de musicothérapie, à raison d’une semaine de cours par mois.

« J’aimerais beaucoup travailler avec les enfants et les adolescents, contribuer à leur éveil musical et partager avec eux l’énergie que dégage la musique », confie-t-elle encore.

Myriam aime tout spécialement l’opéra, et c’est le genre musical où elle est le plus à l’aise. « Il a une dimension spirituelle. Une énergie extraordinaire sort du plus profond de l’âme du chanteur et une véritable émotion s’en dégage ». Elle a d’ailleurs pris des cours de chant lyrique dès l’âge de 16 ans, au conservatoire de musique à Casablanca, puis avec Zoubeida Idrissi, professeur de chant à Rabat, qui lui a aussi enseigné cet art pendant deux ans. De même, Myriam a eu l’occasion de prendre des cours à Paris, avec le chef de chant Pierre Muller.

Alors qu’elle était encore étudiante à Paris, elle avait décidé de prendre une année sabbatique pour chanter. Elle avait donc rejoint la chorale des Chérubins pendant une semaine. C’est une chorale de Gospels très connue en Europe, nous indique-t-elle. Puis elle avait chanté au Bataclan, en tant que choriste de la chanteuse Kadjanin.

Toutefois, Myriam a envie de créer, avec d’autres musiciens, des fusions opéra-jazz ou autres. Très réceptive à tous les autres styles musicaux, son souhait est de faire des rencontres artistiques intéressantes et de vivre des grands moments d’échange, de partage, et d’intensité musicale. La chanteuse voudrait s’essayer au jazz, à la musique gnaouie, la musique électronique, le slam, le chant berbère… La langue n’est pas une barrière pour elle. Elle se sent prête à chanter tout aussi bien en français qu’en anglais, en arabe ou en berbère. Bien qu’elle soit blonde aux yeux bleus, et qu’elle ait comme deuxième prénom « Alexandra », elle est très fière de ses origines berbères et de sa marocanité et compte rester au Maroc. Elle espère d’ailleurs mieux faire connaître l’opéra aux Marocains, et s’impliquer dans le développement culturel et artistique de son pays. Et c’est tout à son honneur…

Du cinéma aussi

Myriam Sif a déjà eu l’occasion de chanter deux morceaux pour la musique d’un film du réalisateur Noureddine Lakhmari, intitulé « Casa Negra », qui va sortir cet été en salle. Par ailleurs, elle s’essaye aussi au cinéma, puisqu’elle a décroché un rôle important dans un film du même réalisateur « Al Qadia 6 », où elle joue justement le rôle d’une chanteuse d’opéra très connue, suspectée d’un meurtre. Le film passera au cours du mois de Ramadan sur 2M. « Nous sommes actuellement en plein tournage et je suis très heureuse de jouer ce rôle, car cela contribuera à mieux faire connaître l’opéra au spectateur marocain, le banaliser et le rendre accessible à tous », affirme-t-elle.

Des projets, elle en a plein la tête. Elle envisage de donner un concert privé en juillet prochain, en duo avec un chanteur d’opéra parisien. Les festivals des musiques sacrées de Fès et des Alizés l’intéressent fortement. Myriam espère aussi monter une comédie musicale en berbère ou en arabe…, et pourquoi pas chanter du jazz ou du blues en berbère.

Source : L’Economiste - Nadia Belkhayat

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