Un sans-papier marocain témoigne : "Je ne veux plus vivre caché"

25 février 2009 - 18h09 - France - Ecrit par : L.A

Bras croisés, regard fier, assis le dos calé et bien droit sur le dossier de sa chaise, Mohammed El Haouhay observe et écoute. Autour de lui, les membres du réseau Éducation sans frontières, épris de libertés, expriment leur refus des carcans et des frontières et leur volonté de l’aider. Mohammed, stoïque, assiste à la conférence de presse. Déterminé.

Une obligation de quitter le territoire

L’homme joue gros ce soir. Sans-papier depuis cinq ans, il a décidé de sortir de l’ombre et compte sur le réseau pour l’aider à obtenir les autorisations de séjour qui lui font défaut. « Il a choisi la voie légale », souligne une militante de RESF. Mohammed prend le risque que son visage soit connu et reconnu, qu’il soit contrôlé et arrêté. Il connaît la suite de l’histoire : les centres de rétention administrative et la reconduite au Maroc, son pays d’origine.

« Mes parents sont décédés. Mon frère et ma soeur sont mariés. Ma vie est ici. Rien ne m’attend au Maroc », confie Mohammed. « Rien, si ce n’est la solitude », tranche une militante.

Mohammed est arrivé en France en 2002 avec un visa saisonnier de quatre mois. Il était ouvrier agricole au Maroc. Dans la région de Laragne, il apprend la taille des arbres fruitiers et choisit de rester en France. Durant ces années, il vit de la solidarité de ses amis. La communauté maghrébine l’aide. « C’est un homme très discret, qui n’a jamais causé aucun problème », indique Auguste Truphème, maire de Laragne.

"Du jour au lendemain, plus de papier, plus rien. Mais sa vie continue !"

Courant 2008, il demande sa régularisation. Mais son dossier est refusé. « Il ne remplissait aucun des critères », indique-t-on à la préfecture. Le refus de séjour lui est signifié en juillet, confirmé en août. Une dernière tentative a lieu. Mohammed El Haouhay présente des promesses d’embauche. Problème : l’offre d’emploi ne correspond pas à un secteur où la main d’oeuvre est rare dans le département. Le 6 février dernier, il reçoit une obligation de quitter le territoire français.

Dès lors, Mohammed El Haouhay est passible d’expulsion. « Les recours administratifs sont épuisés », lâche un militant. Le réseau Education sans frontières lance une campagne de soutien. Des pétitions circulent. Un courrier a été adressé à la préfète. Le maire de Laragne a également rédigé un courrier pour appuyer sa demande de régularisation.

Le réseau Education sans frontières déterminé

« La politique d’immigration consiste à faire du chiffre. Nous sommes de notre côté attentifs à tout le monde. On fait cela dans la clarté, mais on ira jusqu’au bout pour défendre Mohammed », avance Nicolas, un des porte-parole de RESF.

« Il est rentré avec un visa. Il a travaillé. Et du jour au lendemain, plus de papier, plus rien. Mais sa vie continue ! », s’insurge une militante.

« Je suis resté caché pendant cinq ans. Maintenant, c’est terminé. »

Mohammed dit qu’il veut rester et travailler en France. Au nom du droit à choisir la terre sur laquelle il veut vivre.

Sur son site internet, le réseau Education sans frontières a mis en ligne une pétition de soutien au sans-papier marocain.

Source : Le Dauphine Libéré - Lionel Arce-Menso

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - France - Expulsion - Régularisation - Immigration - Réseau éducation sans frontières

Ces articles devraient vous intéresser :

Ancien Gilet jaune, Abdel Zahiri menacé d’expulsion au Maroc

Abdel Zahiri, un Marocain de 44 ans, a récemment reçu une obligation de quitter le territoire français de la part de la préfecture de Vaucluse. Fiché S, il avait auparavant été incarcéré pour son implication dans le mouvement des Gilets jaunes.

Forte augmentation de demandeurs d’asile marocains en Europe

L’Union européenne a enregistré en 2022 un nombre record de demandes d’asile. Parmi les demandeurs, de nombreux Marocains dont le nombre a bondi.

Éric Ciotti met en avant les liens « très puissants » entre le Maroc et la France

Le président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, a plaidé pour la réparation des erreurs passées et critiqué le manque de considération envers le Maroc. Dans une déclaration à la presse, M. Ciotti a souligné l’importance des liens « très puissants...

La France expulse au Maroc le Gilet jaune Abdel Zahiri

L’activiste Abdel Zahiri a été expulsé de France la nuit dernière suite à une obligation de quitter le territoire. D’origine marocaine, il était connu pour son engagement dans le mouvement des Gilets jaunes.

En réponse au Qatargate, le Maroc ne respecte plus les accords de renvoi des déboutés d’asile

Depuis l’éclatement du scandale de corruption connu sous le nom de « Qatargate », les difficultés pour renvoyer les Marocains déboutés de leur demande d’asile vers leur pays d’origine se sont accrues.

Maroc : vers la légalisation de la cryptomonnaie ?

Actuellement interdit au Maroc, la Cryptomonnaie pourrait être autorisée et officialisée par un projet de loi qui attend d’être voté.

Des Marocains à la rue : la détresse d’une famille en Espagne

Un couple marocain et ses trois filles mineures âgées de 12, 8 et 5 ans sont arrivés clandestinement à Pampelune en provenance du Maroc il y a un mois, cachés dans une remorque chargée de légumes. Sans ressources ni aide, ils sont à la rue depuis...

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Ouverture exceptionnelle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie

La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.