Monnaies : comment s’est comporté le dirham

12 février 2009 - 22h40 - Economie - Ecrit par : L.A

Grâce à l’existence de l’euro, fédérant le cœur économique de l’Europe, la planète a échappé à une des conséquences classiques des crises financières : les tempêtes monétaires.

Il n’empêche que les mouvements des deux grandes monnaies, l’euro et le dollar, ont été d’amplitude importante en deux ans, avec une accélération des variations au cours des quatre derniers mois.

Rappelons que le système du panier pour calculer la valeur du dirham protège, partiellement, notre monnaie des variations. Le panier les amortit en pondérant l’impact de chacune.

Les entreprises du Maroc vendent leurs biens et services pour plus de la moitié en euro : 58% pour 2008. Ce qui est une baisse importante puisque, en 2007, les ventes se faisaient pour plus de 65% dans la devise du Vieux continent. La baisse est suffisamment importante pour se voir aussi sur le montant en valeur absolue !

En revanche, les ventes en dollar sont en progression, à 38% en 2008 contre 30% l’année d’avant. Il s’agit bien sûr des ventes de phosphate qui font la différence.

Du côté des achats, c’est évidemment le pétrole qui fait la loi dans la répartition des devises : 58 milliards de DH (dont 31 en huiles brutes de pétrole, 17 en produits raffinés et le reste essentiellement en gaz). C’est lui qui explique que le Maroc achète pour 44% en dollars contre 52% en euros. La proportion n’a pas beaucoup changée au cours des années passées.

En revanche, ce qui change, et pas dans le bon sens, c’est le montant du déficit commercial. En valeur il a grimpé de 23,5% par rapport à 2007, creusant un trou de 32 milliards de DH dans la balance commerciale.
Les ventes de services, c’est-à-dire essentiellement les recettes touristiques, ne comblent plus ce trou. Au contraire, la balance des services l’aggrave de 5 milliards.

La livre sterling, facteur de crise au Maroc

La livre sterling était durant des années une monnaie plutôt stable et chère. Elle est devenue une devise versatile et bon marché. Une raison à cette transformation : la surexposition des établissements financiers britanniques aux risques de la crise.

Rappelons que Londres est la première place financière, devant New York, et que ses établissements se sont gavés de produits toxiques. La forte baisse de la livre sert aussi de mesure protectionniste pour les activités locales... un mécanisme bien venu dans le climat de xénophobie et de protectionnisme qui anime le paysage politique anglais où il y a eu des grèves contre l’emploi de travailleurs européens, la semaine dernière !

Le protectionnisme monétaire qui passe par la baisse de la livre sterling joue très marginalement sur l’économie marocaine prise dans sa globalité : le Maroc vend moins de 2% de ses biens et services directement en livres. Mais pour les usines textiles marocaines travaillant pour le marché anglais, la crise est très dure : pratiquement du jour au lendemain les clients ont disparu, « comme une mer qui se retire », dit Karim Tazi, ancien président de l’Amith et patron de la société Richbond. C’est d’ailleurs parmi ces usines que les plus importants dégâts de la crise sont enregistrés.

Source : M’Economiste - S. T. et N. S.

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