Covid-19 : les transferts d’argent de la diaspora vers les pays en développement se font rares

22 avril 2020 - 19h00 - Economie - Ecrit par : G.A

Les mesures prises dans de nombreux pays en vue d’arrêter la propagation du nouveau coronavirus (covid-19), ont engendré bien de conséquences sur différents secteurs, sur le marché du travail et bien entendu, sur la vie des ménages. Si la pauvreté et les inégalités sociales se feront plus insistantes avec le temps, c’est que la pandémie a réussi à freiner la fréquence des transferts d’argent de la diaspora vers les pays africains.

Le confinement qui s’est imposé au monde comme moyen le plus sûr pour en finir avec la propagation du virus, a entraîné une hausse significative du chômage et du sous-emploi. À l’échelle mondiale, l’Organisation internationale du travail avance que "le nombre de chômeurs pourrait augmenter de 5,3 millions dans un scénario optimiste et de 24,7 millions dans un scénario pessimiste à partir d’un niveau de référence de 188 millions en 2019 ".

Si dans les pays développés, les travailleurs peuvent encore compter sur les mécanismes conventionnels de protection sociale et sur certains dispositifs de stabilisation des revenus, ce n’est pas le cas dans les pays en développement, où la majorité des travailleurs sont du secteur informel. Ils sont donc nombreux dans ces pays, pour qui le confinement, le couvre-feu ou encore la fermeture des commerces et des marchés restent une épreuve difficile. "Ils se voient alors dans l’impossibilité d’assurer leur subsistance au quotidien, puisque n’ayant ni assurance-chômage, ni assurance-maladie".

Dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, la situation risque de se compliquer davantage, avec "le tarissement d’une autre source de revenus souvent importante pour les ménages : l’argent de la diaspora". Selon le Point Afrique, "les transferts envoyés par les migrants à leurs proches restés au pays représentaient, en 2019, un volume global de près de 550 milliards de dollars à l’échelle de l’ensemble des pays en développement".

Le journal cite le cas du Sénégal, par exemple, qui compte officiellement entre 500 000 et 600 000 ressortissants vivant à l’étranger. "L’argent de la diaspora représentait en 2018, 9,1 % du PIB, soit deux fois le montant de l’aide publique au développement reçu par le pays pour cette même année". Et le pays n’occupe pas la première place dans le classement des nations qui dépendent vraiment de cette aide. "Les transferts envoyés par la diaspora représentaient pas moins de 34 % du PIB d’Haïti en 2018, 28 % de celui du Népal, 19 % de celui des Comores, pour ne citer que ces pays-là.

C’est un précieux soutien que le caractère mondial de la pandémie du covid-19 risque de faire perdre aux familles. Les migrants résident majoritairement dans les pays les plus touchés par la pandémie, et font les frais "des mesures de confinement". Selon les données de l’OCDE et celles tirées d’enquêtes menées en France et en Italie par le Point Afrique, il est prouvé que "la majorité des migrants occupent des emplois non ou peu qualifiés, dans des secteurs comme la restauration, le nettoyage, le tourisme, la construction et autres, qui sont aujourd’hui à l’arrêt.

Avec des niveaux de rémunération déjà faibles en temps "normal", il est clair qu’avec la situation actuelle, bon nombre de ces migrants pourraient "basculer dans la pauvreté et se retrouver dans l’incapacité financière d’aider leurs proches restés au pays". L’autre difficulté est que "le confinement et la fermeture de la plupart des banques commerciales et des services de transferts d’argent comme Western Union, MoneyGram ou Ria, empêchent les travailleurs migrants de se déplacer et d’accéder à ces modes d’envoi de fonds ". Même si les possibilités de transferts par voie numérique existent, "les migrants n’ont pas toutes les ressources nécessaires pour y recourir ".

Le Point Afrique plaide pour que les migrants, "très vulnérables" à la crise, soient protégés et "pris en compte dans les programmes de solidarité nationale".

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