Maroc Telecom : Les étrangers hors-jeu

4 juillet 2007 - 00h39 - Economie - Ecrit par : L.A

La privatisation express de 4% du capital de Maroc Telecom aura surpris plus d’un. Cette opération inédite pour la place casablancaise n’a pas profité aux investisseurs étrangers, puisque la quasi-totalité des allocations est allée aux institutionnels marocains.

Côté prix, l’Etat l’a fixé à 130 DH l’action. Ce qui correspond au cours de la valeur à la veille de la présentation des résultats, le 29 juin. Il représente une décote de 2,3% par rapport au dernier cours avant l’annonce de l’opération. Compte tenu de cette valorisation, l’Etat a empoché 4,571 milliards de DH, dont la moitié sera versée au fonds Hassan II pour le développement économique et social. Pour plus de 35 millions de titres offerts, les institutionnels ont demandé plus de 96 millions. L’opération a donc été globalement souscrite 2,73 fois. 59 zinzins ont répondu présent à l’appel de l’Etat, dont 29 marocains et 30 étrangers. Pas de quoi pavoiser puisque la demande globale en valeur est dominée à 87% par les Marocains.

Mais attention. Tous les souscripteurs ayant proposé un prix inférieur à 130 DH ont été immédiatement écartés. Seuls 32 des 59 soumissionnaires ont été retenus. Ce critère réduit la demande éligible aux allocations à 52 millions de titres, soit 1,5 fois la quantité offerte. La part des étrangers a ainsi chuté de 13 à 5%. Finalement, le taux de satisfaction ressort à 68% au lieu de 37% en incluant les demandes inférieures au prix fixé. « La faible présence des institutionnels étrangers s’explique principalement par le lancement de deux autres opérations plus importantes dans le secteur des télécoms sur le marché européen.

Sans oublier le contexte défavorable des places financières internationales, la semaine dernière », explique Souad Benbachir, directeur associé à CFG Group, conseiller arrangeur de l’opération à côté de la BCP. Les opérations citées sont celles de France Telecom et du grec OT. La valeur de leur offre s’élève à 29,7 et 15,4 milliards de DH respectivement. A noter que les investisseurs européens n’avaient que 24 h pour souscrire à la privatisation de l’opérateur français. Ces arguments sont-ils suffisants pour expliquer la faible valorisation des titres par les étrangers. D’autant plus que la rentabilité est le critère qui prime dans ce genre d’opération et non le volume. Rappelons que l’un des principaux objectifs de l’opération était d’attirer de nouveaux investisseurs dans le capital de Maroc Telecom. Comme nous l’indiquions dans une précédente édition, c’est le ministre des Finances qui a décidé des allocations pour les soumissionnaires éligibles. « L’allocation n’a exclu aucun soumissionnaire ayant proposé un prix égal ou supérieur à 130 DH. C’était une adjudication au prorata des souscriptions », a rappelé Abdelaziz Talbi, directeur des entreprises publiques et de la privatisation au ministère des Finances. Ainsi, 33,5 millions de titres alloués aux institutionnels de la place casablancaise reviennent en majorité aux caisses de retraite (55%). Viennent ensuite les compagnies d’assurances avec 25%. Puis les banques et les OPCVM avec respectivement 8 et 5%.

Par ailleurs, 11 OPCVM et fonds d’investissement étrangers se répartissent 1,6 million de titres. Dix d’entre eux entrent pour la première fois dans le capital de Maroc Telecom, mais avec des parts insignifiantes.

A noter que la taille moyenne des allocations, toutes nationalités confondues, s’élève à 143 millions de DH. La place casablancaise tourne la page de cette opération. Mais elle ne sera certainement pas la dernière du genre pour Maroc Telecom. Car l’opérateur historique est toujours sur la liste des privatisables. Quand et comment se déroulera la future opération ? Le prochain gouvernement en décidera.

Diffusion

Pourquoi cette opération n’a-t-elle pas été diffusée aux Etats-Unis, au Canada et au Japon ? « Faute de temps, nous n’avons pas obtenu l’aval des autorités de ces trois marchés pour solliciter leurs investisseurs », explique Abdessamad Issami, directeur de la division banque d’investissement à la BCP. En tout cas, les institutionnels de ces trois marchés n’auraient pas eu de peine à passer par l’Europe pour souscrire…

L’Economiste - Nouaim Sqalli

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