MRE : La BP veut préserver son leadership

17 janvier 2008 - 17h18 - Economie - Ecrit par : L.A

La justice française s’est prononcée, le 8 janvier 2008, sur la demande du Comité d’entreprise d’interrompre le plan de développement de la BCDM. Elle a débouté le CE de sa demande et l’a condamné également au paiement, au profit de la Banque Chaabi du Maroc (BCDM), d’une amende et des frais. Pour rappel, la BCDM en France avait obtenu le passeport européen pour étendre son réseau, dans le cadre de son plan de développement.

Noureddine Elomary, président du Groupe Banque Populaire, clarifie les enjeux de cette « notification de libre établissement ».

Décrivez-nous le processus qui vous a conduit à l’obtention du passeport européen…

Nous avons pressenti, depuis le début de cette décennie, une forte évolution de la concurrence à l’égard de la clientèle des Marocains du Monde (MDM), tant de la part des banques marocaines que de la part des banques des pays d’accueil. Nous avons également diagnostiqué et analysé les grandes mutations socioéconomiques que connaît cette clientèle à la fois dans les pays d’accueil historiques (France, Belgique, Hollande, Allemagne…) et dans les nouveaux pays d’accueil (Espagne, Italie…).

Ceci nous a incité à reconsidérer notre approche relationnelle et opérationnelle à l’égard de cette clientèle et, de ce fait, les missions et les ambitions de notre filiale française : la Banque Chaabi du Maroc (BCDM).

Créée depuis 1972, cette banque n’arrivait pas à convenir d’une véritable stratégie justifiant son maintien et, dès 2002, nous nous sommes interrogés sur les voies et moyens de la repositionner au cœur de notre politique à l’égard des MDM. Nous avons, en conséquence, élaboré, après les consultations juridiques et techniques nécessaires et avec l’agrément des pouvoirs publics et de notre principal actionnaire, l’Etat, un projet de plan de développement de la BCDM, à travers les principaux pays d’accueil européens.

Pour faciliter ce développement, nous avons sollicité et obtenu des autorités monétaires françaises ce qu’on appelle communément “le passeport européen’’ et juridiquement “une notification de libre établissement’’ en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas, en plus de la France et de la Belgique où nous sommes déjà installés.

Quel est votre plan d’action suite à l’obtention de cet agrément ?

Tout d’abord, il faut mettre en place les succursales dans les cinq pays pour lesquels la BCDM bénéficie du libre établissement ainsi que les agences qui relèveraient de ces succursales.

Il s’agit, pour nous, de mener un processus global pour que les succursales et les agences soient fin prêtes pour leurs activités. Ce processus comprend les volets système d’information, ressources humaines, logistiques, contrôle interne…

Parallèlement, la BCDM gère le processus de développement sur la France par l’extension de son réseau à l’ensemble du territoire français. Tout ce processus devra être bouclé avant fin 2008.

Dans le même ordre d’idée, la Banque Centrale Populaire, en tant que maison-mère de la BCDM, a pris des engagements forts à l’égard des autorités monétaires du pays d’accueil pour apporter toutes les contributions nécessaires à la réussite de ce projet (financières, techniques…)

Comment et où comptez- vous déplacer vos agences domiciliées dans les consulats marocains en Europe ?

La Banque Populaire ne dispose pas d’agences bancaires domiciliées dans les consulats marocains en Europe. Pour l’implantation des agences de la BCDM, celle-ci procède, comme pour la création de toute agence bancaire, à une étude de marché sur les localités où elle compte s’implanter et c’est sur la base de cette étude que les décisions concernant les ouvertures d’agences sont prises par la BCDM.

Bien sûr, nous tenons compte, dans ces études, de la proximité la meilleure par rapport aux zones d’habitation ou aux lieux de ralliement ou de regroupement de la clientèle.

La concurrence fait rage dans le segment des MRE, comment comptez-vous contrer cette concurrence ?

Tout d’abord, à travers l’élargissement du champ d’action de la BCDM à l’espace européen et la possibilité d’accéder, ainsi, à une communauté de migrants marocains plus large en déployant un réseau bancaire de proximité dans les grandes agglomérations européennes.

Ensuite, en capitalisant sur la position dominante de notre institution sur ce marché et la notoriété fort élevée dont le groupe jouit auprès de cette communauté. Enfin, à travers une offre volontariste destinée, d’une part, à répondre aux besoins des différentes catégories socio- professionnelles des MDM en services bancaires dans les pays d’accueil et, d’autre part, à travers la gestion, par ce nouveau réseau, de leurs relations avec leur Banque Populaire au Maroc à travers l’activité relais.

Quel est le classement des pays dans lesquels vous comptez déployer votre passeport européen ?

Outre notre présence en France et en Belgique, le passeport européen concerne des pays à tradition MRE, comme les Pays-Bas ou l’Allemagne, mais il concerne également les pays à migration récente à fort potentiel, en l’occurrence l’Espagne et l’Italie. Il y a lieu de préciser, à cet égard, que ces 7 pays concentrent plus de 80% des MDM résidents dans les pays européens.

Quels sont vos objectifs en termes de réseau, d’offre, de clientèle et de part de marché à moyen terme ?

Notre objectif, à court et moyen termes, est de pouvoir couvrir l’ensemble des agglomérations à forte concentration MDM, avec un réseau de plus de 40 agences, et de mettre en place une gamme de produits destinée, comme je l’ai dit auparavant, à répondre aux attentes des MDM en termes de produits et services bancaires dans les pays d’accueil, mais également au Maroc. Quant à nos objectifs en termes de part de marché, ils visent à préserver notre position de leader sur ce marché.

BCDM-Paris : « Grève abusive ! »

Comment commentez-vous la grève de plus d’un mois qu’a tenue le personnel de la BCDM à Paris ?

C’est une grève qui a été déclenchée par une partie du personnel, contre le plan de développement ainsi élaboré et mis en œuvre au motif, principalement, de sa non présentation au Comité d’entreprise de cette banque et avec l’objectif d’obtenir des augmentations salariales vertigineuses en cette occasion.

Malgré l’appel à concertation du management, ces personnes ont tenu à déclencher une grève illimitée et ont même introduit une action en justice contre la banque.

Nous avons considéré cette grève abusive, car nous étions en face d’un plan de développement voulu par la banque et l’Etat marocain, devant générer emplois et valeur ajoutée, en plus de son intérêt pour la communauté marocaine à l’étranger et non d’un plan de restructuration, obligeant à des licenciements et à des fermetures.

Les grévistes ont fini par regagner leurs postes et le tribunal français à débouté le Comité d’entreprise de la BCDM et l’a condamné au paiement d’une amende et des frais. Ceci étant, nous entendons vite rétablir la confiance et la sérénité au sein de toute l’équipe de la BCDM et le dernier conseil d’administration de la BCDM que j’ai présidé à Paris, le 26 décembre dernier, et dans lequel siègent les représentants du Comité d’entreprise, a bien confirmé cette volonté comme celle de continuer le déroulement de notre projet de développement.

L’Economiste - Said Mabrouk

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