Témoignage émouvant d’une MRE dont le fils a été tué pendant une transaction de stupéfiants

30 juin 2020 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Lamia, une Marocaine résidant à Angers a perdu son fils aîné Bilal dans la nuit du samedi 7 janvier 2017 pendant une transaction de stupéfiants qui a dégénéré. Sur "La Libre antenne" d’Europe 1, elle raconte les circonstances de la mort de son fils.

"C’était le samedi 7 janvier 2017, une journée normale. Bilal, mon fils aîné, devait assister au mariage d’un de ses amis ce soir-là. Il est sorti. La journée passe, Bilal n’est pas rentré à la maison. À 21h30, j’ai eu l’impression de recevoir un coup de poignard dans les tripes, l’instinct maternel. Je suis allée m’allonger, je ne me sentais pas bien", relate-t-elle. L’instinct maternel de Lamia ne l’avait pas trompé. Un malheur venait de frapper sa famille.

"À 22h, mon deuxième fils a reçu un message disant : ‘On a tiré sur ton frère. Dis à tes parents d’aller aux urgences.’ J’ai laissé mes trois petits derniers et je suis partie aux urgences en chemise de nuit. On nous a fait attendre trois quarts d’heure. J’étais calme. Je pensais qu’il avait reçu une balle dans le bras ou dans le pied. Les médecins sont arrivés, ils étaient silencieux. Ils nous ont dit : ‘Nos condoléances, votre fils est mort. Nous n’avons pas pu le sauver’," poursuit-elle.

Lamia ne sera pas autorisée à voir son fils. "[…] Je suppliais le médecin pour que je puisse voir mon fils chaud avant qu’il entre à la morgue. Il a été très dur et m’a dit : "C’est un homicide, vous n’avez pas le droit de le voir". Je n’ai pas vu Bilal ce soir-là. Avant de rentrer à la maison, nous (elle et son mari) sommes allés sur les lieux du drame. J’ai vu le périmètre de sécurité et le sang de mon fils par terre. C’est affreux […] Le mardi, j’ai enfin reçu l’autorisation de voir mon fils à la morgue. […] C’est dur de faire ses adieux à son fils de 18 ans. Je suis allée au Maroc pour enterrer mon fils."

La mère de famille assure que son fils n’a jamais fait de prison. Mais "mon fils n’était pas un saint, il a fait de petites conneries. La rue, ce sont les mauvaises fréquentations et l’argent facile. […]", dit-elle. De retour en France, elle a appris ce qu’il s’était vraiment passé ce soir-là. "[…] Mon fils avait ramené 4 kilos de cannabis mélangé à de la paraffine. Ils voulaient s’arnaquer. L’assassin venait du Mans avec une arme et de faux billets. Ils se sont battus dans la voiture. J’ai lu le rapport d’autopsie. Ils ont fracassé la tête de Bilal qui a fait un début d’hémorragie. C’étaient des boxeurs. Ils ont tiré sur mon fils et l’ont tué."

"Ils étaient deux, d’origine tchétchène. L’assassin a réussi à aller jusqu’à Grozny. Le complice de l’assassin a passé un an en prison et est sorti sous contrôle judiciaire. L’assassin aurait pu prendre la fuite et se taire, mais il m’insultait sur les réseaux sociaux. Il envoyait des vidéos où il faisait des doigts d‘honneur qui m’étaient adressés. Il a fait une vidéo où il insultait les gens qui prenaient ma défense", fait-il savoir.

La mort de Bilal reste un souvenir prégnant pour Lamia. "Toutes les nuits, j’imagine la scène. On survit, mais ils nous ont amputés. J’ai créé une association, ’Nous sommes tous Bilal’, qui fait de la prévention sur les dangers de la rue." Son seul regret : elle n’a pas pu tenir la promesse qu’elle avait faite à son fils, celle de faire tout pour que l’assassin soit arrêté.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Drogues - Homicide - Décès - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc pleure la mort de la "fille de la lune" Fatima Ezzahra Ghazaoui

Fatima Ezzahra Ghazaoui, 31 ans, star marocaine des réseaux sociaux, a perdu son combat contre la Xeroderma pigmentosumn, une maladie génétique rare à l’origine d’une hypersensibilité aux rayonnements ultraviolets, qui interdit toute exposition au soleil.

L’aide au logement connait un succès auprès des MRE

Depuis son ouverture le 2 janvier, le site d’assistance pour l’aide au logement connaît un succès croissant, notamment auprès des Marocains résidant à l’étranger.

Les MRE confrontés à un durcissement des conditions d’envoi de fonds depuis l’Europe

Face au durcissement des autorités européennes sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri appelle à une action diplomatique d’envergure.

Ramadan 2024 en France : Le Maroc perd la main sur l’encadrement religieux des MRE

À l’approche du mois de Ramadan, des voix s’élèvent pour réclamer une formation religieuse adaptée aux Marocains résidant à l’étranger, notamment en France.

Marhaba 2023 : Le Maroc accueille 1,2 million de MRE, en hausse de 21%

Quelque 1,2 million de Marocains résidant à l’étranger (MRE) et de 280 000 véhicules sont entrés au Maroc dans le cadre de l’opération de l’opération Marhaba 2023, selon le ministère du Transport et de la logistique.

Les MRE, une solution à la crise de l’immobilier marocain ?

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent de manière considérable à la relance du secteur de l’immobilier au Maroc, durement touché par la crise sanitaire du Covid-19, la guerre en Ukraine et la flambée mondiale des prix des matières...

Un nouveau service pour les MRE

Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération africaine simplifie une fois de plus la vie des Marocains résidant à l’étranger (MRE) en mettant en place une nouvelle procédure pour la délivrance des « Prestations consulaires de proximité »...

Maroc : l’épineux problème des cimetières

Face à une crise grandissante liée à l’espace des cimetières au Maroc, Ahmed Toufiq, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, a abordé, ce lundi, la problématique devant la Chambre des représentants.

Khalid Naciri, ancien ministre marocain, s’éteint à l’âge de 77 ans

Khalid Naciri, ancien ministre de la Communication sous le gouvernement El Fassi et l’un des dirigeants du Parti du progrès et du socialisme (PPS), est décédé mercredi soir dans une clinique à Rabat à l’âge de 77 ans. Diplomate et communicant émérite,...

Décès de Moncef El Haddaoui, le Maroc perd un grand footballeur

Moncef El Haddaoui, ancienne gloire du football marocain, s’est éteint lundi à l’âge de 59 ans, selon une annonce faite par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) qui a également partagé ses condoléances par le biais d’un communiqué officiel.