Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.
Les commandes d’avions décollent et les sous-traitants marocains se frottent déjà les mains. La soixantaine d’entreprises opérant dans l’aéronautique s’attend en effet à une hausse d’activité. « Les commandes passées au Bourget et à Dubaï viennent grossir les carnets de commandes. La répercussion directe se résume en une augmentation de la cadence de production », souligne Thomas Corbel, secrétaire général du Groupement des industriels aéronautique et spatial (GIMAS), installé à Casablanca.
La bataille commerciale que se sont livrée Airbus et Boeing aux précédents salons aéronautiques aura donc des retombées positives sur le secteur au Maroc. Celui-ci connaît déjà un développement accéléré depuis 3 ans, de plus de 30% l’an. Aujourd’hui, l’activité compte 6.000 emplois hautement qualifiés (11.000 prévus en 2012) et affiche un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de DH pour 1,5 millard d’investissements.
« Le marché est sur des sommets, ce qui profite aux entreprises marocaines puisqu’il leur assure une meilleure visibilité sur les cadences de fabrication qui vont être très soutenues sur les prochaines années », confirme Bruno Igounenc, directeur général de EADS Maroc Aviation. La filiale marocaine du groupe européen prévoit déjà de passer à 300 millions de DH de chiffre d’affaires en 2010 contre 203 millions en 2006.
Les structures qui opérent au Maroc doivent se préparer à ces marchés potentiels. « En effet, les groupes industriels sont tous dans une phase d’expansion : réservation de terrains, recrutement massif », annonce le DG. « L’industrie est confrontée à une situation unique, celle d’une demande très forte et une pression sur les coûts », signale pour sa part Hamid Benbrahim Al Andaloussi, président de MA Aerospace Consulting et délégué général du groupe français Safran.
Les avionneurs abandonnent les métiers de construction au bénéfice de sites ouverts dans des pays à bas coûts. « Le Maroc a su ainsi créer une base crédible avec la présence de groupes de références tels que EADS, Safran, Matis Aerospace, et cela attire les PME. On peut donc véritablement parler de l’émergence d’un pôle de compétitivité aéronautique national », soutient Benbrahim.
La croissance du secteur est favorable aussi à l’émergence de nouveaux métiers de conseil et d’ingénierie. Teuchos, filiale du groupe Safran, s’y est positionnée et compte à elle seule 1.400 personnes « hautement qualifiées ».
Rappelons que le groupe a 6 filiales au Maroc dont Aircelles Maroc (fabrication de pièces composites), Labinal Maroc (câblage aéronautique), Snecma (maintenance et réparation de moteurs d’avions). L’embellie du secteur attire même de nouveaux investisseurs. Le Gimas annonce avoir été approché par une dizaine d’entreprises dont il ne dévoilera pas les noms pour l’heure. Si les négociations aboutissent, elles devraient s’installer à Nouaceur et Bouskoura dans la périphérie casablancaise. « Notre rôle est de les accompagner quant aux aspects pratiques, pour éviter les erreurs qui ont pu être commises autrefois en termes de ressources humaines et d’achat notamment », ajoute Corbel.
Le salon Aeroexpo prévu du 23 au 26 janvier 2008 à Marrakech se tiendra donc dans une conjoncture propice. Aux industriels de saisir leur chance !
Formation : Ça presse !
Le manque de compétences handicape le développement du secteur au Maroc. « Des considérations prétechniques sont à prendre en compte : compétences, capacité de réactivité des entreprises, infrastructure », signifie Mohamed El Bantli, directeur de la Bourse nationale de sous-traitance et de partenariat (BNSTP). « La main-d’œuvre marocaine a une très bonne capacité d’apprentissage. Mais, nous devons investir massivement dans la formation », signale pour sa part Bruno Igounenc, DG d’EADS Maroc Aviation.
Un accord-cadre a été signé entre le Gimas et le gouvernement pour créer l’Institut des métiers aéronautiques, l’IMA, en partenariat avec l’OFPPT. « Ce sont les industriels qui valideront les programmes. Dans une phase transitoire, l’OFPPT entre autres prêtera ses locaux pour démarrer les formations courant 2008 car les besoins sont urgents », indique Thomas Corbel, SG du Gimas. Basé à la technopôle de Nouaceur, l’institut verra probablement le jour fin 2008. Il devra former 400 lauréats par an. Les professionnels espèrent voir le projet aboutir rapidement. « Il faut adapter d’urgence la formation pour répondre aux besoins de nouveaux métiers. Les opportunités ne vont pas durer éternellement », lance Benbrahim.
L’Economiste - Jihane Kabbaj
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