Sur la toile, des rumeurs font état du décès de la célèbre actrice marocaine Fadila Benmoussa. Qu’en est-il réellement ?
Son nom veut dire « rivière » en berbère. Et c’est justement dans cette même langue qu’elle s’est exprimée dans « Les yeux secs », film de Narjis Nejjar, sorti la semaine dernière sur les écrans du Royaume. Elle, c’est Siham Assif.
Incarnant une prostituée, qui mène tout un village habité uniquement de femmes exerçant également le plus vieux métier du monde, elle a particulièrement séduit par son jeu. Tout habillée en noir, la jeune actrice a donné à un personnage, qui baigne dans les souvenirs d’une mère prisonnière, elle même ancienne courtisane de sa tribu, et qui se voulait pourtant dénuée de toute sensibilité humaine, un charme que l’on sent dès le tout début du film. La dame aux yeux et au cœur secs a finalement pleuré vers la fin du film, donnant libre cours à ses émotions, étrennant goulûment un amour qu’elle a d’abord catégoriquement refusé.
Pour cette jeune actrice de 28 ans, la quête d’un grand rôle a continué depuis plusieurs années déjà. Depuis sa plus tendre enfance, elle ne voulait être qu’actrice. Mais c’est pourtant dans un autre domaine que ses débuts se sont effectués, plus précisément, sur un podium de concours de beauté. Siham avait alors 18 ans et a remporté le prix de Miss Tanger, sa ville natale. C’était le déclic. Cette petite consécration lui a révélé sa vraie nature, celle d’une jeune fille très à l’aise devant les flashes des appareils-photo. Depuis, se mettre devant une caméra, « flirter » avec l’objectif est devenu une obsession. Ce talent-là, c’est Abdelkrim Derkaoui qui a été le premier à le découvrir.
Le metteur en scène, se trouvant à Agadir, ville où Siham Assif a élu domicile pour plusieurs mois et où elle travaillait en tant que chanteuse, une autre facette de son talent artistique, n’a pas été indifférent à son regard et l’a tout de suite engagé pour jouer le rôle principal de son film : « La rue Le Caire ». Un film dont la sortie a pourtant été longtemps retardée. Pourtant, cet accouchement par césarienne a abouti à un beau succès. Pour la jeune actrice qui signait là son premier rendez-vous avec les cinéphiles marocains, la consécration a été au rendez-vous. A l’occasion du Festival national du film marocain à Casablanca, elle a décroché une mention spéciale pour son rôle. Première expérience, premier rôle principal et première consécration. Une grande chance que même les plus grands acteurs de par le monde n’ont pas rencontrée en plusieurs années. En 1999, la chance était toujours avec elle.
La jeune Siham est cette fois-ci choisie pour tourner un film avec une grosse pointure du cinéma marocain, Bachir Skiredj en l’occurrence. Le résultat s’est intitulé « Les amours de Haj Mokhtar Soldi », film tourné sous la direction de Mustapha Derkaoui. Le succès, cette fois-ci, était mitigé. Si l’accueil réservé par le public a été plus que chaleureux, la critique a quant à elle déclamé la légèreté du scénario. Une année après, elle reprend le chemin des plateaux de tournage pour « Et après » de Mohamed Ismaïl. Aux côtés de Victoria Avril et Rachid El Ouali, elle rencontre un succès à l’international à présent. Le film, qui a en outre été une belle réussite au Maroc, a remporté le prix spécial du public au festival international de Montréal.
Cette étoile, qui n’a pas quitté la jeune actrice depuis ses débuts, était toujours là, en 2003 année qui a connu l’apogée de sa carrière d’actrice avec un passage très distingué à Cannes. C’est effectivement dans le cadre du très prestigieux festival à la Palme d’Or que « Les yeux secs » ont attiré l’attention de la planète cinéma alors qu’il figurait sur le programme de la quinzaine des réalisateurs. Auparavant, l’actrice a joué dans le dernier film de Noureddine Lakhmari, « Le retour » que le tournage a longtemps été retardé mais qui a finalement commencé en décembre 2002. En éternelle insatisfaite, l’actrice compte également d’autres expériences dans le cinéma étranger, signées Roger Young, Benoît Grafin et Hatim Ali.
Siham est issue d’une famille où l’art est au quotidien. Parents mais surtout frères ont baigné dans une atmosphère à 100 % musique, théâtre et cinéma. Avec ses deux frères, Siham Assif a chanté pour les enfants des rues et une seconde chanson écrite par leur mère. Férue de danse et d’expression corporelle, la jeune actrice n’hésite pas à montrer son corps, à le mettre à profit dans chacun des films où elle a joué. Elle est déterminée à tout faire en œuvre pour réussir une belle carrière d’actrice. Chose qui s’est réalisée surtout après le succès qu’a connu « Les yeux secs ».
Et pourquoi pas, une aussi belle carrière de réalisatrice, un rêve qui la caresse depuis plusieurs années déjà mais qu’elle préfère mettre au placard pour le moment. C’est qu’elle a d’autres priorités à présent. Celui de s’épanouir pleinement en tant qu’actrice par exemple.
Par : Fadoua GHANNAM pour Aujourd’hui le Maroc
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