Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.
Aïcha et Nawal ont posé comme des milliers de Marocaines leurs valises sur le sol andalou pour récolter pendant des mois des fraises chez des agriculteurs du sud de l’Espagne, et gagner de quoi faire vivre leur famille toute l’année
Aïcha Farhi, 34 ans, en est à sa deuxième saison chez Agromartin, un exploitant agricole qui produit des fraises et des nectarines à Lepe, dans la province de Huelva. Foulard et chapeau sur la tête, elle soulage les branches de leurs surplus de fruits.
Originaire de la région de Casablanca (ouest du Maroc), elle est arrivée fin février pour sa deuxième saison consécutive qui doit durer jusque fin mai. "Grâce à la dernière récolte, j’ai pu faire vivre toute ma famille, mon mari malade et mes trois fils, jusqu’à la campagne actuelle", explique-t-elle par l’intermédiaire d’Allal Nejjari, un contremaître marocain installé en Espagne.
Avant de venir récolter les fraises en Espagne, elle faisait des ménages au Maroc. "Je touchais 5,5 ou 6 euros par jour. Ici, ce sont 36,5 euros par jour, six jours par semaine", explique-t-elle.
Son hébergement avec ses camarades marocaines, dans des baraques de chantier au fond de l’exploitation, est pris en charge par Agromania. Elle doit en revanche payer sa nourriture. La semaine dernière elle a dépensé environ 20 euros, ce qui lui a permis d’en mettre de côté environ 200.
Nawal Echaldy, 25 ans, vient elle de Sidi Kacem, au nord-ouest du Maroc. Son séjour espagnol devrait durer neuf mois car elle est arrivée dès septembre pour planter les fraisiers. Pour elle aussi, la récolte "permet de faire vivre presque toute la famille", sa mère et ses 10 frères.
Elle en est à sa quatrième saison. Neuf mois loin des siens ne sont pas trop difficiles à vivre ? "Vu la situation, la pauvreté, peu importe si nous sommes loin", répond-elle, avant de reprendre sa place sur la chaîne dans l’atelier de conditionnement des fraises.
La région de Huelva produit à elle seule environ 300.000 tonnes de fraises par an qui envahissent tous les marchés d’Europe, soit la deuxième production mondiale, selon l’association professionnelle Freshuelva.
L’organisme de placement marocain Anapec a traité pour cette campagne environ 15.000 dossiers de Marocains volontaires pour la récolte des fraises espagnoles.
José Antonio Martin, patron d’Agromartin, fait comme tous les exploitants de la région : il embauche des saisonniers dans leurs pays d’origine pour pallier le manque d’une main d’oeuvre locale qui a délaissé les durs travaux des champs pour le mirage de la construction jusqu’à la crise de ces derniers mois.
Cette option représente un coût supplémentaire, car il doit les loger et leur payer le voyage aller. Mais cela lui garantit sa main d’oeuvre pendant toute la récolte.
Dans les allées pavées du campement des saisonniers, on croise essentiellement des Marocaines, des Roumaines et des Bulgares. Dans chaque baraque, tiennent jusqu’à huit lits superposés.
L’exploitation met aussi à leur disposition une salle de télé, un accès gratuit à l’Internet avec des ordinateurs équipés de Webcams, une salle de prière pour les musulmans, et une tente du désert pour salle des fêtes, avec boule à facettes, sono et micros.
Interrogé sur les conditions de vie de ces travailleurs, le syndicat CCOO assure que la majeure partie des entrepreneurs offraient des conditions de vie similaires, mais que certains ne respectaient pas les conditions minimales.
Le chef d’une autre exploitation de la région a refusé l’accès de ses installations à un photographe de l’AFP.
Source : AFP
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