Immigration : récolter les fraises pour faire vivre la famille au Maroc

14 mars 2009 - 18h24 - Espagne - Ecrit par : L.A

Aïcha et Nawal ont posé comme des milliers de Marocaines leurs valises sur le sol andalou pour récolter pendant des mois des fraises chez des agriculteurs du sud de l’Espagne, et gagner de quoi faire vivre leur famille toute l’année

Aïcha Farhi, 34 ans, en est à sa deuxième saison chez Agromartin, un exploitant agricole qui produit des fraises et des nectarines à Lepe, dans la province de Huelva. Foulard et chapeau sur la tête, elle soulage les branches de leurs surplus de fruits.

Originaire de la région de Casablanca (ouest du Maroc), elle est arrivée fin février pour sa deuxième saison consécutive qui doit durer jusque fin mai. "Grâce à la dernière récolte, j’ai pu faire vivre toute ma famille, mon mari malade et mes trois fils, jusqu’à la campagne actuelle", explique-t-elle par l’intermédiaire d’Allal Nejjari, un contremaître marocain installé en Espagne.

Avant de venir récolter les fraises en Espagne, elle faisait des ménages au Maroc. "Je touchais 5,5 ou 6 euros par jour. Ici, ce sont 36,5 euros par jour, six jours par semaine", explique-t-elle.

Son hébergement avec ses camarades marocaines, dans des baraques de chantier au fond de l’exploitation, est pris en charge par Agromania. Elle doit en revanche payer sa nourriture. La semaine dernière elle a dépensé environ 20 euros, ce qui lui a permis d’en mettre de côté environ 200.

Nawal Echaldy, 25 ans, vient elle de Sidi Kacem, au nord-ouest du Maroc. Son séjour espagnol devrait durer neuf mois car elle est arrivée dès septembre pour planter les fraisiers. Pour elle aussi, la récolte "permet de faire vivre presque toute la famille", sa mère et ses 10 frères.

Elle en est à sa quatrième saison. Neuf mois loin des siens ne sont pas trop difficiles à vivre ? "Vu la situation, la pauvreté, peu importe si nous sommes loin", répond-elle, avant de reprendre sa place sur la chaîne dans l’atelier de conditionnement des fraises.

La région de Huelva produit à elle seule environ 300.000 tonnes de fraises par an qui envahissent tous les marchés d’Europe, soit la deuxième production mondiale, selon l’association professionnelle Freshuelva.

L’organisme de placement marocain Anapec a traité pour cette campagne environ 15.000 dossiers de Marocains volontaires pour la récolte des fraises espagnoles.

José Antonio Martin, patron d’Agromartin, fait comme tous les exploitants de la région : il embauche des saisonniers dans leurs pays d’origine pour pallier le manque d’une main d’oeuvre locale qui a délaissé les durs travaux des champs pour le mirage de la construction jusqu’à la crise de ces derniers mois.

Cette option représente un coût supplémentaire, car il doit les loger et leur payer le voyage aller. Mais cela lui garantit sa main d’oeuvre pendant toute la récolte.

Dans les allées pavées du campement des saisonniers, on croise essentiellement des Marocaines, des Roumaines et des Bulgares. Dans chaque baraque, tiennent jusqu’à huit lits superposés.

L’exploitation met aussi à leur disposition une salle de télé, un accès gratuit à l’Internet avec des ordinateurs équipés de Webcams, une salle de prière pour les musulmans, et une tente du désert pour salle des fêtes, avec boule à facettes, sono et micros.

Interrogé sur les conditions de vie de ces travailleurs, le syndicat CCOO assure que la majeure partie des entrepreneurs offraient des conditions de vie similaires, mais que certains ne respectaient pas les conditions minimales.

Le chef d’une autre exploitation de la région a refusé l’accès de ses installations à un photographe de l’AFP.

Source : AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Agriculture - Emploi - Immigration - Femme marocaine - Anapec

Ces articles devraient vous intéresser :

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Le Maroc capable d’établir un record en matière d’exportations d’avocats

Le Maroc a enregistré une hausse record de ses exportations d’avocats en volume au cours de la saison et pourrait rééditer l’exploit au cours de la saison 2022/23 (juillet-juin).

Les agriculteurs bretons dénoncent « l’invasion » de la tomate marocaine

Une action d’étiquetage a été lancée le vendredi 2 juin 2023 par les producteurs de tomates d’Ille-et-Vilaine et la FDSEA 35, pour dénoncer les tomates importées du Maroc.

Maroc : Trop de centres commerciaux ?

Au Maroc, la multiplication des malls soulève des inquiétudes. Les fermetures de plusieurs franchises enregistrées ces derniers temps amènent à s’interroger sur la viabilité de ce modèle commercial.

Le Maroc limite la production de pastèque

Face à la pire sécheresse qu’il connaît depuis quatre décennies, le Maroc prend des mesures pour réglementer la production de pastèques qui nécessite une importante quantité d’eau.

Le Maroc va importer 2,5 millions de tonnes de blé

Le Maroc veut importer 2,5 millions de tonnes de blé entre le 1ᵉʳ juillet et le 30 septembre 2023, a annoncé l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL).

La stratégie du Maroc pour s’imposer dans la sous-traitance aéronautique

Depuis 25 ans, le Maroc travaille à s’imposer dans la sous-traitance aéronautique mondiale. Quelle stratégie a-t-il défini pour atteindre son objectif ?

Femmes ingénieures : le Maroc en avance sur la France

Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.

Auto-entrepreneur au Maroc : voici le guide fiscal 2024 (pdf)

La Direction générale des impôts (DGI) vient de publier un guide sur le régime fiscal de l’autoentrepreneur. Un document qui reprécise les conditions d’obtention de ce statut ainsi que les avantages fiscaux y afférents.

Chute historique des exportations d’olives marocaines

Les exportations d’olive marocaine sont en net recul alors que les importations sont en hausse. Le déficit commercial s’est creusé.