Quand les Marocains de l’étranger font leur shopping

8 juin 2004 - 09h54 - Maroc - Ecrit par :

Que ramènent les MRE dans leurs bagages, une fois les vacances terminées ? La question mérite d’être posée à un moment où tout le monde parle de consommer local pour développer le tourisme national. Dans la réalité, nous sommes loin du compte.

« Touche pas à mon MRE », ce slogan qui s’apparente au slogan national « Touche pas à mon pays », après les attentats du 16 mai dernier, pourrait être mal vu en cette période où tout le pays, en première place les autorités locales, est à pied d’œuvre pour accueillir ses dignes ambassadeurs. Car il est devenu coutumier de dire que les vacances d’été égalent des entrées de devises, de mariages à la marquise etc. Bref des retrouvailles annuelles qui embellissent le quotidien de chaque famille durant l’été. Mais comment rester sans réagir ou, du moins, insensible à un phénomène de genre nouveau alors que ces « Pachas outre-mer » font de l’export des produits qu’ils sont censés ramener au pays comme des équipements hitgh tech ou encore des portables dernier cri, souvent entrés frauduleusement sur le territoire national. Les exemples n’en finissent pas et tout le monde, surtout les commerçants des quartiers périphériques, s’accordent à dire comment faire pour que nos MRE participent au développement de l’artisanat marocain. Sur l’avenue Félix Houphouet Boigny, les bazaristes sont sans équivoque. « La plupart de nos clients sont les touristes étrangers. Qu’ils soient d’Europe, d’Asie ou d’Amérique. Ils viennent faire des achats », tonne ce commerçant. Son voisin d’à côté renchérit : « Il ne faut pas s’attendre à autre chose, les gens qui achètent ici ne sont pas des Marocains car ils estiment que nos produits sont chers et donc ils préfèrent aller voir ailleurs ». Sur la route de Bouknadel, entre Salé et Kénitra, des voitures immatriculées à l’étranger, se succèdent à longueur de journée. Aucune ne s’arrête. Ce dimanche, une seule voiture file doucement dans le lot avant de freiner pour voir les produits potiers exposés tout au long de la route. Dans son accent, mélangé d’anglais et de français, le propriétaire de la camionnette fait un signe du doigt pour demander le prix d’un vase. Après quelques minutes de conversation, le marché est conclu. C’est la première opération de notre artisan en ce début de matinée. « Ce n’est pas fréquent que les gens s’arrêtent ici. Mais il nous arrive parfois de faire de très bonnes affaires avec les touristes surtout en groupe », explique le potier. Au marché Souika de Rabat, les discussions vont bon train entre deux amis. Ahmed, un revendeur connu de la place, prépare un joli paquet pour un client pas comme les autres. C’est un MRE, qui s’apprête à regagner son pays d’accueil. Dans le colis, on retrouve un portable dernière génération, une montre Rolex et une paire de lunettes anti solaire signée YSL. « Il m’a fait cette commande avant qu’il n’arrive au pays. Il m’a téléphoné. Et depuis 15 jours, j’essaie de lui trouver les articles qu’il désire. Avec lui, je gagne un peu plus qu’avec les nationaux. » Même constat dans un autre magasin où un autre MRE serait venu s’équiper en accessoires de TPS et de vidéo. S’il faut même prendre ce dernier cas au conditionnel, il conforte l’idée selon laquelle nos compatriotes ne seraient pas de bons clients pour les produits artisanaux. Nous avons essayé de demander à un économiste de la place qui nous a laissé entendre que tout ce qui brille n’est pas or. Autrement dit, ce n’est pas parce que quelqu’un réside à l’étranger qu’il est forcément riche. Certes, il peut tirer son épingle du jeu mais en comparant le coût de la vie, il lui est plus facile de s’équiper dans son pays d’origine que dans son pays d’accueil. Un avis qui est entièrement partagé par Mohamed Larbi, un résident marocain à Paris. Il est étudiant mais cela ne l’empêche pas de commenter la situation. « Il ne faut pas voir en cette situation un esprit mercantile ou anti patriotique. C’est une question d’opportunité. Et l’opportunité n’est pas propre à un seul pays. Il faut toujours profiter des occasions quand elles nous sont bénéfiques ». Si ces cas ne sont pas légion, ils interpellent cependant sur la place qu’occupent les MRE dans le secteur de l’artisanat au Maroc.

La Nouvelle Tribune

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration - Consommation - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Entre droits des MRE et échange de renseignements fiscaux : le dilemme du gouvernement marocain

Le gouvernement d’Akhannouch revient sur les deux projets de loi sur l’échange de renseignements fiscaux et de données des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Par la voix de son porte-parole, Mustapha Baïtas, il rassure une fois de plus les MRE.

Meurtre de Malak : des traces d’agressions sexuelles révélées par le médecin légiste

Lors d’une conférence de presse donnée jeudi par le parquet de Liège, des révélations choquantes ont été faites sur le meurtre de Malak, la jeune adolescente de 13 ans tuée par Olivier Theunissen, un Sérésien de 37 ans. Le médecin légiste a en effet...

Ramadan et réseaux sociaux : les photos d’iftar divisent

Pendant le mois sacré de Ramadan, de nombreux influenceurs marocains publient quotidiennement sur les réseaux sociaux des photos de tables garnies de mets et de boissons pour la rupture du jeûne (iftar). Un comportement perçu comme de la provocation...

Match Maroc-France : difficile pour les binationaux de faire un choix

La qualification du Maroc et de la France pour la demi-finale de la coupe du monde au Qatar est une joie pour les Franco-marocains. Certains parmi eux ont encore du mal à réaliser la surprenante ascension de l’équipe marocaine, véritable surprise de...

Marhaba 2023 (MRE) : un record dans les ports marocains

L’opération « Marhaba 2023 », visant à faciliter le passage des Marocains résidant à l’étranger (MRE), a enregistré un flux record cette année, avec près de 2,84 millions de passagers et 642 000 véhicules ayant transité par les ports marocains entre le...

Chaos à Tanger Ville : Un seul ferry et des heures d’attente

Le port de Tanger Ville connait une congestion maritime sans précédent ces derniers jours, en raison d’une pénurie de navires de transport maritime entre Tanger Ville et Tarifa en Espagne.

Retraités MRE : les conditions d’octroi de l’abattement de 90% (douane)

Depuis plusieurs années maintenant, la douane marocaine a mis en place un abattement de 90 % pour les MRE retraités souhaitant dédouaner leur véhicule au Maroc. Pour ce faire, plusieurs conditions sont requises comme expliqué dans le dernier guide...

L’inclusion des MRE à l’aide au logement passe mal

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) peuvent bénéficier de l’aide directe au logement au même titre que les Marocains résidant au Maroc, ce qui n’est pas du goût de bon nombre d’internautes. Certains d’entre eux n’hésitent pas à appeler à...

Un milliardaire marocain a de grandes ambitions en Afrique

Le milliardaire américain d’origine marocaine Marc Lasry, président directeur général d’Avenue Capital Group, investit depuis une dizaine d’années dans le domaine du sport. Après avoir été copropriétaire de l’équipe de basketball des Milwaukee Bucks de...

"Lbouffa" : La cocaïne des pauvres qui inquiète le Maroc

Une nouvelle drogue appelée « Lbouffa » ou « cocaïne des pauvres », détruit les jeunes marocains en silence. Inquiétés par sa propagation rapide, les parents et acteurs de la société civile alertent sur les effets néfastes de cette drogue sur la santé...