PLF 2022 : la réforme fiscale déplaît aux industriels

28 octobre 2021 - 11h20 - Economie - Ecrit par : P. A

Le projet de loi de Finances de l’année 2022 (PLF-22) prévoit que l’impôt sur les sociétés (IS) ne serait plus calculé selon des taux progressifs, mais plutôt sur la base des taux proportionnels unifiés. La mesure envisagée fait déjà des mécontents dans le rang des industriels.

Le barème actuellement en vigueur permet le paiement de l’impôt sur les sociétés selon trois catégories : 10 % du bénéfice inférieur ou égal à 300 000 dirhams, 20 % du bénéfice allant de 300 001 à 1 million de dirhams, et 31 % du bénéfice de plus d’un million de dirhams. Au lieu de ce taux progressif, le projet de loi de finance 2022 (PLF-22) propose un taux proportionnel uniforme, conformément à l’article 4 de la loi-cadre sur la réforme fiscale, fait savoir SNRT News.

À lire : Maroc : le gouvernement examine le PLF 2022

« Pour donner l’exemple, je prends une société qui a gagné 1 500 000 dirhams de bénéfice. Nous allons appliquer 10 % aux premiers 300 000 dirhams de bénéfices et donc payer 30 000 dirhams. Ensuite, nous allons payer 20 % pour 700 000 dirhams, soit 140 000 dirhams et le taux de 31 % sera payé pour l’excédent qui est, dans ce cas, équivalant à 500 000 dirhams, soit 155 000 dirhams. Le barème ici est donc progressif », explique Mohammed Rahj, fiscaliste et ancien président de l’Université de Settat. En revanche, et selon les nouvelles dispositions du PLF 2022, « si nous prenons le même bénéfice de 1 500 000 dirhams comme exemple, il sera multiplié par 31 %. Ce qui signifie qu’avec la proportionnalité, les sociétés vont payer plus d’impôts en termes de charges », ajoute-t-il.

À lire : Loi de finances 2022 : voici les recommandations du patronat

La réforme crée un surcoût d’impôt pour les sociétés, fait observer l’expert, précisant que la société qui gagne 1 500 000 dirhams de bénéfice et paie actuellement 325 000 dirhams pour l’IS, devrait désormais payer 465 000 dirhams. Une nouvelle qui est mal accueillie par les industriels. « La suppression de la progressivité impacte surtout les petites entreprises qui voyaient dans la progressivité une forme d’encouragement pour rentrer dans le formel », déplore Hakim Marrakchi, président-directeur général de Maghreb Industrie.

« Cette disposition est un peu à contre-courant des mesures qui ont été annoncées auparavant en termes d’IS », rappelle-t-il, soulignant qu’avec ces mesures, « le PLF ne répond pas réellement aux attentes notamment par rapport aux objectifs du Nouveau modèle de développement et de la loi-cadre portant réforme de la fiscalité ». C’est pourquoi les industriels vont lancer un plaidoyer en vue d’un amendement du texte. Pour Rahj, le PLF 22 prévoit aussi des avantages. « Pour les sociétés industrielles, le taux diminuera de 28 % à 27 % et le la cotisation minimale passera de 0,50 % à 0,45 % pour les entreprises bénéficiaires », précise-t-il.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Impôts - Industrie - Loi de finances (PLF 2024 Maroc)

Aller plus loin

Maroc : jusqu’à 100% d’allègements accordés sur les arriérés d’impôts

Les contribuables marocains bénéficient d’un important allègement sur les arriérés d’impôts et des charges fiscales imposés au titre de l’année 2020 et restés impayés jusqu’au...

Le Maroc met en œuvre une réforme fiscale en 2022

À compter de 2022, le Maroc va entamer une refonte de son système fiscal, qui lui permettra de mobiliser les ressources pour financer les politiques publiques et renforcer...

Le Maroc va investir de plus de 7,7 MMDH dans le chemin de fer

L’Office national des chemins de fer (ONCF) a prévu un investissement de plus de 7,7 milliards de DH durant la période 2022-2024.

Des Espagnols auraient rejoint le Maroc pour fuir la pression fiscale

Le gouvernement andalou a supprimé l’impôt sur la fortune, réduisant de manière considérable la charge fiscale pour susciter l’envie des Andalous qui seraient partis au Maroc...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : mauvaise nouvelle pour les fumeurs

Sale temps pour les fumeurs marocains qui devront, une fois encore, passer à la caisse pour s’acheter leurs cigarettes. Cette augmentation vient d’être validée définitivement et doit entrer en vigueur au début de l’année.

Le Maroc s’attaque aux avoirs non déclarés à l’étranger

Au Maroc, les personnes qui sont en infraction à la réglementation des changes et à la législation fiscale sont visées par une nouvelle opération de régularisation.

Cafés et restaurants marocains : au bord de la faillite, ils appellent à l’aide

Au Maroc, les propriétaires de cafés et restaurants dont le secteur est au bord du gouffre plaide pour un allègement fiscal. Les taxes et impôts imposés par certaines communes tuent leurs commerces.

Le dilemme des MRE : vendre leurs biens ou se soumettre à l’échange fiscal

Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) appellent à la suspension de l’accord multilatéral sur les échanges de renseignement automatiques des comptes financiers.

Appel à mettre fin à l’échange d’informations fiscales des MRE

L’Organisation démocratique du travail (OMT) a vivement critiqué la politique gouvernementale à l’égard des Marocains résidant à l’étranger, pointant du doigt une approche jugée superficielle et occasionnelle, particulièrement lors de l’accueil des MRE...

Le Maroc veut faire payer les géants du Web

Le gouvernement marocain est préoccupé par la réglementation fiscale des géants du numérique. Dans ce sens, il propose de nouvelles obligations fiscales dans le cadre du projet de loi de Finances (PLF) de l’exercice 2024.

Maroc : les duty free font leur révolution

Du changement en vue pour les magasins de vente sous douane, communément appelés « Duty free shops ». L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) et l’Office des changes ont fixé de nouvelles règles relatives à leur gestion et fonctionnement.

Marocains, n’oubliez pas de payer vos impôts

Au Maroc, les entreprises et les contribuables doivent s’acquitter de l’impôt sur le revenu (IR), de l’impôt sur les sociétés (IS), de la TVA et autres avant le 31 mars. Passé ce délai, ils s’exposent aux pénalités et sanctions prévues par la direction...

Un gisement de manganèse de bonne qualité découvert au Maroc

Les tests de laboratoire effectués au niveau des gisements de manganèse au Maroc sont excellents, affirme la société canadienne Elcora, qui a prévu le démarrage de la production avant la fin de cette année.

On reparle encore d’un impôt sur la fortune au Maroc

L’impôt sur la fortune pourrait être instauré dans le projet de loi de finances 2023 (PLF2023) actuellement en cours de finalisation par le gouvernement. Il devrait contribuer à renflouer les caisses de l’État en ces temps de crise.