L’Onep exporte ses solutions au Cameroun

12 juin 2008 - 18h52 - Economie - Ecrit par : L.A

Une première dans l’histoire de l’Office national de l’eau potable (Onep) à l’international. Il vient, en effet, de se lancer dans une nouvelle aventure, africaine cette fois-ci. En effet, depuis le 2 mai, l’Onep est opérationnel au Cameroun. Une équipe d’une dizaine de cadres est déjà sur place depuis plus d’un mois à Yaoundé et Douala. Elle est chapeautée par Mohamed Bennani, directeur général. Ce staff est chargé d’assurer la gestion et l’exploitation (production-distribution) de l’eau potable dans 105 villes !

Un contrat d’affermage qui couvre 10 ans. Un marché attribué par les autorités camerounaises suite à un appel d’offres international lancé en juillet 2006. La Banque mondiale a supervisé l’ensemble du processus de l’appel d’offres à l’attribution du marché et s’est assurée de la transparence des procédures, déclare le Dr Basile Atangana Kouna, DG de Camwater.

« C’est la première fois qu’une entreprise publique, issue d’un pays en développement, est adjudicataire d’un marché aussi important dans l’alimentation en eau potable », renchérit Mounir Zouggari, directeur central à l’Onep. A noter que plusieurs opérateurs de renom dont le numéro un mondial (Veolia Water Ami) ainsi que les Eaux de Marseille et Saur, filiale de Bouygues… avaient soumissionné à l’appel d’offres. C’est finalement le consortium marocain (public/privé) représenté par l’Onep, MedZ (filiale CDG), Delta Holding et le cabinet conseil en travaux publics Ingema qui a été retenu.

La force de la proposition marocaine est à la fois technique et commerciale. De l’avis du directeur central, qui a formulé la réponse à l’appel d’offres, « l’avantage de notre proposition réside dans le mix public-privé et dans la couverture de tout le secteur ». Zouggari fait allusion à l’expérience du service public de l’Onep (production, distribution, urbain, rural…), à l’ingénierie du cabinet Ingema et à la maîtrise des chantiers par Delta Holding. L’appui d’un institutionnel important, en l’occurence MedZ, fut un atout de taille. « En plus du souci de rentabilité, il y a des considérations de coopération sud-sud  », ajoute-t-il.

Ce schéma est l’aboutissement de la privatisation de la Snec (Société nationale des eaux du Cameroun) via un modèle presque à l’identique du Sénégal. Avec, d’un côté, Camwater, société publique chargée de mobiliser des fonds ; et de l’autre, une société de droit privé camerounais chargée de l’affermage des services de production et la gestion de l’eau potable de l’ex-Snec. Dont le capital social est de 106 millions de DH répartis à parts égales entre l’Onep, Delta Holding et CDG Développement (via Ingema et MedZ).

Le cahier des charges porte sur la partie exploitation : mise en affermage de la production, transport, traitement, stockage, distribution et commercialisation. C’est le premier contrat de cette nature décroché par l’Onep. Jusque-là, l’Office intervenait à l’international par des actions d’assistance technique, notamment en Mauritanie et en Guinée.

Potentiel camerounais

Le secteur de l’eau potable au Cameroun a pâti pendant longtemps d’un manque d’investissement et de réhabilitation. L’héritage de l’ajustement structurel est lourd. Le Cameroun compte une population de 19 millions d’habitants dont seulement 250.000 sont abonnés actuellement. C’est dire le potentiel de croissance qui s’offre à l’Onep. Au total, le consortium marocain devra alimenter 105 villes en eau. L’objectif étant de doubler le nombre d’abonnés et arriver à quelque 500.000 dans 10 ans. Ce qui requiert de remettre à niveau les installations : des investissements lourds en réhabilitation, adduction, une politique de branchements sociaux, extension du réseau… Le programme d’investissement est estimé à environ 10 milliards de DH sur 10 ans. L’Etat camerounais en est le bailleur de fonds.

Source : L’Economiste - Amin Rboub

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Eau - Cameroun - ONEP

Ces articles devraient vous intéresser :

Ultimatum pour Veolia au Maroc après la fusion avec Suez

Au Maroc, Veolia, géant français de l’eau et de la gestion des déchets, est dans de sales draps. À l’origine de ses ennuis, la cession de la Lyonnaise des eaux de Casablanca (Lydec), ex-filiale marocaine de Suez chargée de la distribution d’eau et...

Maroc : du changement dans le paiement des factures d’eau et d’électricité

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch poursuit le chantier de modernisation des services publics. Le paiement des frais d’eau et d’électricité aura des nouveautés à partir du 1ᵉʳ janvier 2024.

Des prières rogatoires dans toutes les mosquées marocaines ce mardi

Face à la rareté des pluies, le roi Mohammed VI a une nouvelle fois ordonné l’accomplissement de prières rogatoires dans toutes les mosquées marocaines.

Maroc : l’hydrogène vert pour atteindre l’autosuffisance alimentaire

La production de l’hydrogène vert dans la région de Dakhla et son utilisation pour le dessalement de l’eau de mer, permettront au Maroc d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs marocains.

Maroc : les amateurs de hammams vont être déçus

Face à la pénurie d’eau que connait le Maroc, les autorités ont décidé de prendre une décision choc concernant les hammams.

Maroc : des stations de dessalement pour sauver l’agriculture

Le ministère marocain de l’Agriculture a adopté le dessalement de l’eau de mer à des fins d’irrigation. Dans cette dynamique, le département de Mohamed Saddiki a prévu la construction de nouvelles stations de dessalement dans certaines zones agricoles.

Le Maroc limite la production de pastèque

Face à la pire sécheresse qu’il connaît depuis quatre décennies, le Maroc prend des mesures pour réglementer la production de pastèques qui nécessite une importante quantité d’eau.

Pastèque et sécheresse : le casse-tête marocain

Faut-il continuer à produire de la pastèque rouge qui nécessite une importante quantité d’eau et épuise les sols, alors que le Maroc connaît la pire sécheresse depuis quatre décennies ? La question divise les producteurs, exportateurs et...

Maroc 2030 : le chantier des infrastructures s’accélère

Le Maroc se prépare activement pour la Coupe du monde 2030 qu’il coorganise avec l’Espagne et le Portugal. Les autorités ont annoncé, au titre de l’année 2024, une augmentation de 42 % du volume des projets d’infrastructures pour un montant total de 64...

Fermeture des hammams au Maroc : la question arrive au parlement

Plutôt que de fermer les bains publics pour rationaliser l’eau, la députée du parti socialiste, Majida Chahid, propose de fixer la capacité d’accueil de ces établissements ou de déterminer la quantité d’eau à utiliser par client.