D’une superficie de 1.109 ha, le plateau est situé au sud de la capitale surplombant les quartiers de Takaddoum et Youssoufia ainsi que la vallée de Bouregreg. Pour ce faire, les responsables de la ville ont lancé la préparation d’un plan d’aménagement de cette zone. Ce travail a été piloté par l’Agence urbaine de Rabat et adopté en décembre 2006 par le conseil de la ville. « Aujourd’hui, il vient de franchir la dernière étape de son homologation », précise un responsable de l’Agence urbaine de Rabat. En effet, le plan a été validé en mars dernier par la commission centrale. Il sera déposé incessamment via le ministère de l’Habitat au secrétariat général du gouvernement pour examen et publication dans le Bulletin officiel.
Un rapport justificatif a été également établi. « Ce document est destiné aux décideurs pour les éclairer sur les différents scénarios à adopter pour l’aménagement de ce plateau », indique la même source. Le choix n’est pas facile, car le projet présente une situation particulière. Le terrain n’appartient pas au Domaine de l’Etat comme c’est le cas à Hay Ryad ou pour la nouvelle ville de Tamesna. Cette zone est composée de plusieurs parcelles appartenant à des particuliers, dont 20% possèdent plus de 80% de la superficie du plateau. D’où la multiplicité d’approches retenues pour la gestion du projet. En effet, le rapport retient trois options.
La première consiste en un aménagement classique basé sur les lotissements individuels. Cette démarche nécessite des conditions préalables pour une ouverture progressive à l’urbanisation du plateau. Entre autres, on peut retenir la réalisation des voies d’aménagement par la commune urbaine. Mais encore faut-il s’assurer l’adhésion et l’engagement des différents propriétaires pour la réalisation des infrastructures. N’empêche que cette option est porteuse de difficultés au niveau de la maîtrise de la planification des réalisations à même de garantir la cohérence et la qualité du projet dans son ensemble. A cela s’ajoutent les difficultés de mobilisation du financement global nécessaire à l’aménagement et à la réalisation des équipements.
Le deuxième scénario envisagé propose de confier cette mission à un organisme public appelé : Société d’équipement du plateau d’Akrach. Cette expérience a été déjà pratiquée pour les projets de Hay Ryad à Rabat et de Sala El Jadida à Salé. Cette société devrait chapeauter le projet depuis la mobilisation des fonds jusqu’à la valorisation des opérations immobilières, en passant par la réalisation et le suivi des travaux. L’avantage de cette option est d’assurer une valorisation et un phasage maîtrisé du projet avec un respect des objectifs urbanistiques arrêtés. Elle permet également d’assurer une participation équitable des propriétaires aux frais d’équipements. Quant au dernier scénario, il consiste en la création d’une société mixte pour l’aménagement du plateau d’Akrach. L’avantage de cette démarche est de permettre de conjuguer les efforts du secteur public et des opérateurs privés dans le cadre d’un partenariat auquel seront associés les propriétaires par un apport de leurs terrains. Le capital de cette entité sera constitué de deux types d’apports : le foncier et le capital-investissement.
Parmi les autres avantages de ce dernier scénario figure l’opportunité d’éviter les interventions ponctuelle et partielle au gré de la disponibilité et des prix du foncier. Propriétaires et investisseurs auront ainsi une meilleure visibilité pour parer à la spéculation. Selon des sources proches du dossier, c’est Al Omrane qui pilotera ce projet, en partenariat avec les grands propriétaires, qui possèdent 80% des terrains. Cette démarche facilitera la mobilisation des fonds pour réaliser l’aménagement du site dont le coût avoisine les 2 milliards de DH. Ce montant couvrira les travaux de voirie, d’assainissement et de branchement aux réseaux d’eau et d’électricité. Sur le plan urbanistique, le projet apporte une vision prospective pour une nouvelle cité d’une capacité d’accueil de près de 200.000 habitants. En effet la variété des zonages proposée introduit des produits jusque-là inexistants sur le marché, comme des immeubles de grandes hauteurs : jusqu’à R+10 étages. Ce projet permet de doter la capitale d’un grand pôle urbain et commercial avec des infrastructures et des équipements modernes. Mais la réalisation de ce grand chantier a besoin d’une décision de haut niveau, comme c’est le cas pour le projet d’aménagement de la vallée de Bouregreg.
Source : L’Economiste - Nour Eddine El Aissi