Désabusés par les promesses non tenues voire l’indifférence des gouvernements successifs à leur égard, les MRE espèrent quelques mesures salutaires. Histoire de leur mettre du baume au cœur après la douche froide suscitée par les législatives du 7 septembre 2007. Le discours royal du 6 novembre 2005 avait en effet accordé le droit de vote et d’éligibilité aux MRE, engendrant un enthousiasme et une liesse sans précédent au sein de la communauté marocaine à l’étranger.
Autant de belles émotions réfrénées quelques mois plus tard au vu des conditions exigées des votants, à savoir l’inscription sur les listes électorales selon le lieu d’origine des parents ou grands-parents (pour la 3ème génération), et la présence obligatoire sur le territoire national le jour du vote pour l’accomplissement de ce devoir civique, sachant que l’écrasante majorité des MRE rentrent dans leurs pays d’accueil à la fin du mois d’août.
« J’ignore les véritables raisons pour lesquelles nous avons été écartés des élections législatives, mais l’argument des difficultés logistiques est totalement infondé », nous déclare Hiba Choukri, 35 ans, cadre marketing à Lyon, marocaine d’origine et française depuis 10 ans. Le droit de vote et d’éligibilité n’est qu’un droit parmi tant d’autres réclamés par la diaspora marocaine à travers le monde. Une communauté fortement attachée à son pays d’origine, si l’on en juge par les retours estivaux (plus de 1.022.000 MRE ont transité par le seul port de Tanger du 15 juin au 15 septembre 2007) et les transferts d’argent vers le Maroc (4,34 milliards d’euros en 2005, soit une progression de 17,2% par rapport à 2005).
« En fait, si l’on excepte la supervision de l’opération de transit annuelle, rien n’est fait pour les MRE. Pourtant, c’est une communauté très dynamique, qui regorge de compétences humaines et de ressources matérielles qu’elle est prête à mettre au service du développement de son pays d’origine », constate Maître Habibi El Alaoui, ancien journaliste, avocat depuis 1987 à la Cour d’Appel de Paris, membre actif de l’antenne du Parti de l’Istiqlal en France et pressenti, parmi d’autres personnalités, par Abbas El Fassi pour la direction d’un futur ministère de l’Immigration.
Pour cet homme de terrain, qui recueille au quotidien les doléances de MRE, la désignation d’un ministre issu de l’Immigration audit portefeuille constituerait un signal fort et clair de la volonté de Abbas El Fassi de faire de la situation des MRE une priorité fondamentale de l’action gouvernementale à venir.
Maroc Hebdo - Mouna Izddine