Bon nombre de chanteurs marocains ont exprimé leur colère contre l’exclusion et la marginalisation dont ils se disent victimes. Concerts et festivals sont organisés cet été sans qu’ils soient invités.
Mohamed Elmalki, alias Masta Flow, membre fondateur du groupe de rap « Casa Crew », et jongleur de mots talentueux et respecté dans la scène de la musique urbaine marocaine, se confie à ALM.
Qui est Masta Flow ?
Je suis un jeune passionné de rap qui par intuition et persévérance arrive à assurer dans son art. J’ai commencé le rap en 1997 avec le groupe VKS. Groupe avec lequel j’ai remporté le premier prix du boulevard des jeunes musiciens en 2002. En 2003 avec Chaht Man, nous avons fondé le groupe Casa Crew. Le groupe n’a commencé à avoir du succès qu’en 2005 avec le maxi (mini album de 5 morceaux) « Khatera ». J’ai aussi quelques talents d’auteur-compositeur que je mets à la disposition de groupes débutants et cela dans le cadre de l’association « Union de la jeunesse ». Association fondée par Chaht et qui essaie d’aider et de produire de nouveaux groupes de rap.
Tu t’es consacré alors au rap ?
Effectivement, j’ai pris la décision de me consacrer à ma passion. J’ai essayé auparavant de travaillé dans le domaine dans lequel j’ai fait mes études, à savoir en économie. Mais je ne me suis pas trouvé là-dedans. Alors j’ai opté pour l’art. Et maintenant je collabore dans la direction artistique d’une boîte de production, en plus de mes activités avec le groupe Casa Crew.
Et quelles sont tes influences au niveau de la musique ?
J’écoute la chanson française. Jacques Brel se place parmi mes artistes préférés. Ses chansons pleines d’images racontent toujours une histoire et ressemblent à des séquences de film. Et je m’en inspire pour l’écriture de mes chansons. Mais je suis aussi influencé par le rap américain notamment des artistes comme « Tupac », « WuTancClan » et d’autres. La musique arabe classique n’est pas en reste. J’aime par exemple écouter Mohamed Abdelouahab.
Comment est la situation de la nouvelle scène marocaine ?
Je crois que le rap prend une grande place dans cette scène. C’est le style qui draine le plus de public. Au plan logistique, il ne demande pas la panoplie d’instrument (batterie, guitares électriques…), qui est nécessaire aux groupes d’autres styles (fusion, rock…). Styles qui exigent aussi un local de répétition adéquat. Ainsi le rap est plus accessible aux jeunes. Et C’est ce qui fait que les groupes sont de plus en plus nombreux. Sauf qu’il n’y a pas de véritable industrie du disque au Maroc qui puisse promouvoir ces derniers, à part les nouvelles radios qui émergent et qui s’intéressent de plus en plus à la nouvelle scène. Mais en gros, la situation des artistes de la nouvelle scène et les artistes en général, ne sera correcte que quand ils auront tous leurs droits, en l’occurrence leurs droits d’auteurs. Et l’on ne cessera jamais cesser de le répéter.
Toi qui travailles fréquemment dans le cadre de tes activités avec des jeunes, qu’est- ce qui te semble le plus appréciable chez les marocains de cette tranche d’âge ?
Ce qui est le plus remarquable chez les jeunes que je côtoie dans le cadre des activités de l’association « Union de la jeunesse » et les jeunes en général, c’est qu’ils sont de plus en plus patriotiques. La mentalité du « Hrigue », celle de vouloir quitter le pays à tout prix et qui cédait chez cette tranche d’âge diminue considérablement. Ils sont de plus en plus conscients de leurs rôles dans la société et désirent prendre en main et changer par eux-mêmes les choses.
Quels sont les projets du groupe ?
Après le premier clip « Men zenk lzenka », actuellement le groupe prépare un deuxième clip. Il s’intitule cette fois-ci « Casa Crew ». Nous préparons aussi un deuxième album qui sortira bientôt. Des concerts sont également prévus dans divers festivals au Maroc notamment « Tanjazz » et le festival de Casablanca parmi d’autres événements.
Source : Aujourd’hui le Maroc - Amine Harmach
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