Des Marocaines revendiquent des plages 100% pour femmes

13 août 2015 - 11h55 - Maroc - Ecrit par : Jalil Laaboudi

A Tanger, des Marocaines revendiquent le droit de nager dans des plages dédiées exclusivement aux femmes. Elles ont même lancé une campagne sur Facebook pour exprimer leur point de vue.

Dans la page Facebook intitulée "Mer pour femmes", des milliers de femmes ont réagi à cet appel. A Tanger en général et dans les plages de la ville du détroit en particulier, le phénomène des violences et du harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes, enregistre une hausse inquiétante, expliquent-elles.

Ces femmes veulent se baigner dignement à l’abri des réactions malveillantes de certains hommes. "Ici, la majorité des femmes évitent la mixité et ne veulent pas commettre de pêchés en se déshabillant devant des hommes. La mixité est contraire aux us et coutumes de la ville qui était et est encore une ville conservatrice...,", écrivent ces femmes.

"Tanger dispose d’une longue bande côtière, où il y a de la place pour tout le monde, alors pourquoi on ne réserve pas une partie de cette côte exclusivement aux femmes, ainsi on aura conservé notre dignité et on pourra profiter de nos vacances sans désobéir à Dieu", ajoutent-elles.

La plage concernée est celle de la baie de Malabata. "Nous nous voulons pas généraliser l’idée au niveau de toutes les plages de la ville..., mais ceux qui soutiennent cette initiative sont priés de participer à la pétition adressée aux responsables de la commune urbaine de la ville du détroit".

Sur la toile, les commentaires pleuvent. Les uns accusent ces femmes d’épouser les idées extrémistes de l’organisation terroriste "Daech", certains développent même des scénarios sur comment seraient ces plages réservées aux femmes en proposant par exemple de hauts murs pour séparer les hommes des femmes sur les plages.

D’autres pensent que cette revendication coïncidant avec l’approche des élections communales prévues le 4 septembre prochain serait politisée et n’aurait rien à avoir avec les principes religieux.

Les gays s’en mêlent également affirmant que si le vœux de ces femmes est exhaussé, ils demanderaient eux aussi des plages exclusivement pour homosexuels.

Pour les modernistes, des plages sans femmes seraient très mornes et manqueraient totalement d’intérêt, alors que les conservateurs estiment que "si certains revendiquent le droit de porter des mini-jupes et d’autres libertés, alors pourquoi des femmes n’auraient pas le droit de se baigner dans des plages dédiées exclusivement aux femmes. La mixité n’est-elle pas interdite dans les bains traditionnels publics au Maroc, alors pourquoi nous n’aurions pas le droit de nager entre femmes...".

Dans les années ’1960 et ’1970, une partie de la plage de Martil, 9 km au nord de Tétouan était strictement réservée aux femmes. Quelques kilomètres plus loin à Cabo Négro, une petite plage était réservée aux touristes nudistes. Certains internautes affirment qu’à Al Hoceïma une plage serait dédiée depuis longtemps aux femmes.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Tanger - Tétouan - Al Hoceima - Femme marocaine

Aller plus loin

Maroc : une plage interdite aux femmes

Le ministère de l’Intérieur, ainsi que plusieurs autorités locales et associations de défense des droits de l’Homme ont été saisis par le Front national contre l’extrémisme et...

Al Hoceïma, 7e plus belle ville au monde pour la beauté de ses plages

Al Hoceïma (nord du Maroc) est la septième plus belle ville au monde en ce qui concerne la beauté de ses plages, d’après un classement réalisé par le guide mondial des cités...

Campagne anti-bikini à Agadir

Une nouvelle campagne actuellement en cours sur le réseau Facebook appelle les touristes à ne pas mettre de bikini sur les plages durant la période du ramadan.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : présenter un acte de mariage dans les hôtels c’est fini

L’obligation de présenter un contrat de mariage lors de la réservation de chambres d’hôtel au Maroc pour les couples aurait été annulée. Cette décision survient après la colère du ministre de la Justice, Adellatif Ouahbi.

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Maroc : Les femmes toujours "piégées" malgré des avancées

Le Maroc fait partie des pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui travaillent à mettre fin aux restrictions à la mobilité des femmes, mais certaines pratiques discriminatoires à l’égard des femmes ont encore la peau dure. C’est ce...

Le droit des femmes à l’héritage, une question encore taboue au Maroc

Le droit à l’égalité dans l’héritage reste une équation à résoudre dans le cadre de la réforme du Code de la famille au Maroc. Les modernistes et les conservateurs s’opposent sur la reconnaissance de ce droit aux femmes.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...