Le Maroc encourage sa diaspora, méfiante à investir au pays

15 septembre 2006 - 10h33 - Maroc - Ecrit par :

Le Maroc veut faire revenir sa diaspora pour enrayer la fuite des cerveaux et dynamiser l’économie, mais la tâche s’annonce ardue.
Les trois millions de Marocains qui vivent à l’étranger représentent environ 10% de la population. L’argent qu’ils envoient à leurs familles est la deuxième source de devises du royaume après le tourisme.

Pour l’émigré marocain qui a trouvé un emploi et un meilleur niveau de vie à l’étranger, et qui y a élevé ses enfants, rentrer au pays est une démarche souvent perçue comme risquée.

"C’est déjà assez dur comme ça de s’en sortir en France", estime Djaouad Ouargo, un ingénieur de 21 ans vivant à Paris.

"Si je repars de zéro ici, ce sera plus dur." Mohamed Bouïakaf, 62 ans, possède une boutique à Paris. Il est ""content que le gouvernement prenne le problème à bras-le-corps".

"On voit bien que beaucoup de choses s’améliorent ici", estime-t-il. Pour lui, le problème est autre. "Je suis un étranger en France, mais pas mes enfants. Ils ont un bon travail. Pourquoi partiraient-ils ?" Selon un rapport officiel publié cette année, le Maroc devra créer 400.000 emplois par an au cours des dix prochaines années pour éviter un chômage massif, notamment parmi les jeunes diplômés.

Le gouvernement essaie de relancer la croissance en adoptant des réformes encourageant les investissements et en renforçant le secteur bancaire afin de faire baisser les taux de crédit.
Les investissements étrangers sont en pleine expansion, grâce notamment à des projets touristiques et immobiliers à grande échelle, mais les expatriés rechignent à investir dans des entreprises plus modestes mais créatrices d’emploi.

Méfiance

Quelque 22,5 milliards de dirhams (2,58 milliards de dollars) ont été envoyés au pays au premier semestre 2006, soit 24% de plus que l’année précédente, mais la majeure partie de ces fonds est allée aux familles ou à la construction de résidences secondaires.

De nombreux émigrés marocains hésitent à se lancer dans les affaires dans leur pays par crainte de lourdeurs administratives. Ils redoutent aussi qu’il ne faille pour réussir disposer d’un solide réseau de relations commerciales et politiques.

"Ces réticences se fondent sur une image totalement dépassée", juge Djelloul Samssème, président du centre d’investissements de la région Nord.
Selon lui, tout investisseur désireux de monter une entreprise peut obtenir tous les documents nécessaires et au même endroit en 48 heures.
Lors de conférences annuelles organisées chaque été pour attirer les émigrés rentrés au Maroc pour les vacances, les autorités tentent de convaincre ces derniers que les procédures de création d’entreprise ont été simplifiées. Elles mettent aussi en avant la chute des taux d’intérêt et les incitations fiscales, ainsi que les aides de l’Etat pour l’achat de terrains.
"C’est vrai que des problèmes subsistent mais nous faisons de notre mieux pour les résoudre", assure Nezha Chekrouni, ministre chargée des Marocains vivant à l’étranger, interrogée par Reuters.

"Nous voulons mettre en place de nouveaux instruments qui assisteront les Marocains vivant à l’étranger dans leurs projets d’investissement, notamment un fonds d’investissement." Kamal Lahsen, 35 ans, travaille dans une plantation de salades en Espagne, et se dit prêt à rentrer au Maroc. Il dit que ses enfants, qui ne parlent que l’espagnol, auront peut-être du mal à s’adapter, mais il souhaite être près de sa famille.
Mais pour Djaouad, un ouvrier du bâtiment, ce n’est pas aussi simple. "Mon père avait une entreprise ici, il faisait de l’aménagement de magasins, mais il a fait faillite à cause de la corruption", dit-il. "Au Maroc il faut débourser beaucoup d’argent pour trouver de nouveaux clients et il a fini par ne plus pouvoir payer ses employés."

Tom Pfeiffer - Reuters

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Africa Morocco Link (AML) s’offre un nouveau bateau

L’Africa Morocco Link (AML) aurait acquis pour 2,4 millions d’euros le navire marocain « Boraq » appartenant au groupe maritime grec Attica Group, lors de la vente aux enchères qui s’est déroulée le 27 juin au siège de l’Autorité portuaire de la baie...

L’économie marocaine dopée par les MRE

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement indique que 20 % des transferts d’argent de la région MENA proviennent des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

La justice espagnole sépare une famille marocaine : Nasser Bourita réagit

Suite à la décision de la justice espagnole de retirer la garde des enfants à une famille marocaine établie dans le nord du pays, le ministère des Affaires étrangères a tenu à commenter cette décision et fournir quelques détails.

Les Marocains du monde, au cœur d’une importante réunion à Rabat

Le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, a présidé la dixième réunion de la Commission ministérielle dédiée aux Marocains résidant à l’étranger (MRE)à Rabat hier, jeudi. Dans le cadre de cette réunion, il a mis en avant l’engagement du...

Accord fiscal Maroc-OCDE : Le gouvernement rassure les MRE

Le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, a voulu rassurer les Marocains résidant à l’étranger (MRE) au sujet de l’échange automatique d’informations financières et fiscales, signé par le royaume avec l’OCDE à Paris le 25 juin 2019.

Les adieux émouvants de Salima Belabbas, présentatrice du RTL Info

C’est avec une grande émotion et une voix tremblante que Salima Belabbas, présentatrice d’origine marocaine du RTL Info, a fait ses adieux aux téléspectateurs dimanche.

Le Maroc mise sur ses compétences à l’étranger

Le Maroc veut impliquer davantage ses compétences à l’étranger à son processus de développement. Dans ce sens, un mécanisme est en cours d’élaboration pour accompagner les talents marocains à l’étranger, conformément aux orientations royales.

Ramadan 2024 en France : Le Maroc perd la main sur l’encadrement religieux des MRE

À l’approche du mois de Ramadan, des voix s’élèvent pour réclamer une formation religieuse adaptée aux Marocains résidant à l’étranger, notamment en France.

Maroc : les autoroutes en projet

Le programme d’investissement de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) devrait atteindre plus de 8 milliards de dirhams pour les trois prochaines années, révèle le rapport sur les entreprises et établissements publics (EEP), annexé au...

Blachiment d’argent : le Maroc sort de la liste grise (GAFI)

Après évaluation des dispositifs mis en place par le Maroc pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le groupe d’action financière (GAFI) a décidé de sortir le royaume de la liste grise.