Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.
Le civisme, cette notion universelle, est une valeur en perdition chez nous. Une enquête réalisée par un groupe de 5 chercheurs de l’Université Mohamed-V/Souissi de Rabat, parmi les établissements scolaires de la capitale, révèle des choses surprenantes. Les résultats ont été présentés lors des travaux du colloque national, les 23 et 24 mai, sur le thème : « Ecole et civisme ».
« L’objectif est d’évaluer le degré de conscience chez les acteurs de notre système éducatif en ce qui concerne les valeurs civiques et leur application dans le quotidien », explique Mohamed El Ferrane, enseignant-chercheur. Si des points positifs apparaissent, en revanche des réponses sont très préoccupantes et nécessitent une réflexion approfondie afin de trouver les remèdes utiles.
Sur les aspects positifs, on constate que la majorité des jeunes aiment leur pays et qu’ils affichent un patriotisme de bon aloi. Dans l’ensemble, la population sondée est pour la voie du dialogue, la tolérance et le respect du droit à la différence. Ils sont dans l’ensemble contre l’intégrisme sous ses différentes formes et condamnent le recours à la violence.
La démocratie et la consolidation de l’Etat de droit sont également parmi les souhaits de notre jeunesse. Pour concrétiser ceci sur le terrain, les initiateurs des projets réclament plus de sérieux et de rigueur au niveau du respect de la loi par les différentes composantes de la société.
Les grandes personnalités de la société marocaine doivent aussi donner l’exemple, se comporter en citoyens exemplaires.
Mais tout n’est pas si beau dans le meilleur des mondes. Car la fraude est monnaie courante dans les établissements scolaires. Un phénomène inquiétant dans la mesure où il semble banal. Selon l’étude, ce phénomène est plus courant dans l’enseignement supérieur. Les jeunes justifient ce comportement comme une réponse aux cours de soutien dont bénéficient les étudiants aisés. L’obtention d’un poste dans l’Administration est l’ultime objectif d’une grande partie des interrogés. Ces derniers ne sont pas motivés par le savoir et la consolidation de leur formation générale. Par ailleurs, les jeunes ont été également interrogés sur la question de la corruption. « Un usage normal en cas de nécessité », disent-ils.
Dramatique ! Mais que faire face à cette attitude démissionnaire ? L’école, si elle doit assumer ses responsabilités, ne peut à elle seule porter à bout de bras tous les maux de la société. C’est du moins en partie une des conclusions de l’étude. La famille aussi doit s’impliquer davantage.
Pour la préparation de cette enquête, le groupe de travail a eu recours à un échantillon près de 760 personnes. Il se décompose en 4 catégories.
La majorité concerne les élèves (364), le reste de l’échantillon est constitué des étudiants, des parents et des professeurs. Dans le choix des composantes de l’échantillon en particulier pour les élèves, les initiateurs du projet ont essayé de toucher toutes les couches sociales. La situation sociale des familles des élèves a été un facteur essentiel de la sélection des écoles primaires en milieu urbain ou rural. Pour le secondaire, deux lycées de la capitale ont été choisis. Quant à l’enseignement supérieur, l’enquête a été limitée aux étudiants de l’Université Mohammed-V Souissi du fait que cette dernière est l’initiatrice de cette étude. A noter que les auteurs indiquent que les chiffres seront publiés prochainement. (NDLR) Une procédure qui sera incontournable pour la caution scientifique du sondage.
Les questions ont été axées sur quatre types de valeurs civiques. La première concerne les valeurs sociales. Les valeurs individuelles fait l’objet de la deuxième catégorie. Quant à la troisième partie, elle vise les valeurs politiques et historiques qui ambitionnent de montrer le comportement et l’implication des jeunes dans la vie politique et sociale du pays. Des questions liées à l’histoire du Royaume sont également au menu. Et il s’avère qu’une majorité des jeunes ignorent de grands pans de l’Histoire marocaine et n’en connaissent les principales figures. Enfin, la quatrième partie a été consacrée à l’environnement. Et là aussi, il y a du pain sur la planche.
L’Economiste - Noureddine El Aissi
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