Eurostat, institution relevant de la Commission européenne chargée de produire et diffuser des statistiques communautaires, a dévoilé le nombre de Marocains ayant obtenu les permis de travail temporaire en 2023.
D’emblée, ces chiffres, qui nous sont procurés par l’Office des étrangers, appellent une précision importante. En fait, l’Office des étrangers est saisi d’une demande d’enquête dans les cas où l’administration communale suspecte les véritables motivations d’un projet de mariage civil.
Il ne s’agit donc pas des mariages blancs établis, mais du volume des demandes d’enquête relatives à des suspicions de fraude... et ce volume est, en 2007, de 70 % supérieur à l’an passé. En 2006, l’Office des étrangers avait reçu 5.474 demandes d’enquête sur des projets de mariage ayant paru suspects aux administrations communales.
Selon nos infos, l’Office totalise déjà 7.771 demandes d’enquête du 1er janvier au 31 octobre 2007, ce qui devrait porter le bilan à 9.325 au 31 décembre, soit 70,3 % de plus que l’an passé.
Voilà qui permet de parler d’explosion : c’est 11,3 fois plus qu’il y a quatre ans. En 2003, l’Office était saisi d’à peine 822 suspicions de mariage blanc et les chiffres n’ont jamais cessé d’augmenter : 1.543 en 2004 ; 2.247 en 2005 ; 5.474 en 2006.
En 2007, 45 % en plus de mariages stoppés
Pour Dominique Ernoud, porte-parole, cette hausse constante prouve sans doute aussi une plus grande efficacité de l’administration belge dans le dépistage des mariages bidon dont le but réel est de permettre à un conjoint d’acquérir la nationalité, une meilleure efficacité liée à une plus grande sensibilisation des services communaux.
D’autant que, sur les dossiers traités, le nombre de mariages finalement autorisés est par contre en recul constant : 1.267 sur les 1.543 dossiers examinés en 2004 ; 985 mariages sur 2.247 dossiers de suspicion en 2005 ; 837 sur 5.474 en 2006. Sur les dix premiers mois de 2007, seuls 812 mariages n’ont pas été interrompus sur les 7.771 dossiers suspicion de fraude transmis à l’Office par les autorités communales.
Autrement dit encore : l’Office des étrangers a stoppé 276 mariages en 2004 ; 1.262 en 2005 ; 4.637 en 2006 et déjà 6.728 depuis le 1er janvier (45 % de plus que l’an passé).
Trois nationalités, 82 %
Autre précision : l’Office des étrangers constate - et déplore encore - le peu de réaction de certaines administrations. En Région bruxelloise, par exemple, l’office n’est informé que par 15 des 19 communes. Quatre refusent de communiquer. Regrettable, selon l’Office des étrangers, dès lors que la pratique des mariages blancs concerne désormais l’ensemble du pays.
Pour Mme Ernoud, porte-parole, les mécanismes de détection permettent aujourd’hui de suivre parfaitement ce que l’on appelle le "shopping" , c’est-à-dire ces candidats qui, ayant essuyé un échec dans une première commune, tentent leur chance, sous d’autres identités, auprès d’autres administrations.
Quelques chiffres par commune. Dans le nord du pays : Anvers (hors périphérie) a enregistré 654 demandes suspectes de mariage en 2007 ; Gand : 503 ; Bruges : à peine 91.
En Wallonie : l’Office des étrangers cite Mons (113 suspicions de mariage blanc en 2007) ; Liège (380) et Charleroi (482).
Avec 900 dossiers (pour 15 des 19 communes), la Région bruxelloise tient la floche avec, dans le top 4 des communes où l’on tente le plus de se marier dans un but illégitime : Bruxelles-ville (539), Anderlecht (399), Schaerbeek (367) et Molenbeek (248).
À elles seules, trois nationalités totalisent plus de 80 % des suspicions de mariage blanc.
L’une d’elles devance largement : les ressortissants marocains (62 %) précèdent les Turcs (12 %) et les Algériens (8 %).
La Dernière Heure - Gilbert Dupont
Ces articles devraient vous intéresser :