« On est arrivés le 9 mars et on devait repartir le vendredi 13. Vers 17h30, une demi-heure avant de prendre le taxi, mon mari a voulu essayer le jacuzzi de l’hôtel. Au bout d’un quart d’heure, ne le voyant pas revenir, je suis allée le voir », raconte Mélissa Lefèvre à Actu Rennes. Ludovic se trouvait au fond de l’eau, le dos collé au sol. Elle saute dans le bassin pour le sortir. Sans succès. « J’ai hurlé et une dizaine de personnes ont accouru. Personne n’arrivait à le décoller à cause de l’aspiration du jacuzzi », se souvient-elle. Les tentatives de réanimation échouent. Enfin, une ambulance arrive et le conduit à l’hôpital.
« On m’avait mise à l’écart et je ne savais même pas s’il était en vie », souffle Mélissa, qui est finalement emmenée à l’hôpital. « Là, un médecin m’a dit : ‘c’est terminé’. Je me suis écroulée ». Le lendemain, elle a été autorisée à voir son mari. « Son visage était violet et le corps était tout gonflé, cette vision m’a terrorisée », décrit-elle. Après avoir annoncé la nouvelle à ses deux enfants, âgés de 10 et 13 ans, elle cherche des moyens pour retourner en France. Compliqué. Le Maroc venait de suspendre ses liaisons aériennes.
Elle passe près de 48 h à l’aéroport de Marrakech avant de trouver la dernière place d’un avion pour Paris, le dimanche 15 mars. Le corps de son mari sera rapatrié quelques jours plus tard. « On a pu faire une cérémonie en petit comité le 19 mars et Ludovic repose provisoirement dans un caveau du cimetière de l’Est dans l’attente d’une autopsie », confie Mélissa.
Sans aucune nouvelle de l’enquête, de la date de réalisation de l’expertise médico-légale du corps de Ludovic, elle sollicite les services de Maxime Tessier, avocat au barreau de Rennes. « J’ai été reçu la semaine dernière (fin février 2021, NDLR) par le parquet de Rennes qui m’a annoncé qu’une information judiciaire allait s’ouvrir et être confiée à un juge d’instruction », confie l’homme de droit. Une mince avancée. Les témoins du drame à l’hôtel, majoritairement des Français, pourront être entendus par la justice. Mieux, une autopsie devrait enfin être réalisée après exhumation du corps du défunt.
« Pour le moment, nous cherchons à déterminer les causes de la mort de M. Lefèvre : si le décès est accidentel ou s’il est lié au dysfonctionnement du jacuzzi, pointe Maxime Tessier. Dans le deuxième cas, nous pourrons envisager des poursuites contre l’hôtel. Mais ce dossier s’annonce très long ». Mélissa est à bout de patience : « Je porte ce drame toute seule et je dois faire croire à mes enfants que tout va bien. Mon aînée a complètement décroché du collège et est suivie par une psychologue, et mon plus jeune fugue de l’école ».
Actuellement, la jeune femme fait face à des difficultés financières, car les assurances n’ont rien versé pour le moment. « Et comme j’ai quitté mon travail, je n’ai aucun revenu. Heureusement ma famille m’aide et mes propriétaires sont conciliants ». Pour l’heure, Mélissa n’attend que la fin de la procédure judiciaire pour enterrer dignement son époux : « Même si j’appréhende le jour où l’on va devoir vivre une nouvelle cérémonie funéraire, je veux passer à autre chose ».