Madrid veut expulser les enfants arrivés clandestinement en Espagne

31 octobre 2003 - 13h09 - Espagne - Ecrit par :

L’Espagne semble avoir trouvé un début de solution à l’épineuse question des émigrés mineurs d’origine marocaine : les expulser. Et ce, sans aucune forme de procès et en toute “légalité”. L’exécutif vient, en effet, de recevoir le feu vert pour refouler tous les jeunes de plus de 16 ans.
Les autorités judiciaires en ont décidé ainsi. Sur instruction du procureur général de l’Etat, informe Europa Press, ces mineurs non accompagnés seront désormais reconduits aux frontières sans grande difficulté ni “entraves”.

Le parquet a pris une telle décision, explique-t-on, pour alléger la pression sur les centres d’accueil de mineurs que l’ont dit débordés et incapables de recevoir davantage de pensionnaires.
Désormais les jeunes se verront appliquer de régime juridique d’extradition en vigueur en matière de l’émigration clandestine. Selon une convention signée avec le Maroc les clandestins subissent, en effet, une procédure d’extradition rapide ; ils sont refoulés en moins de 72 heures après leur arrestation par la police.
Les autorités espagnoles estiment en agissant de la manière réduire l’affluence de l’émigration des mineurs dont la forme vient de subir un changement radical pendant ces derniers mois.
Nous ne savons pas exactement le nombre des mineurs ayant atteint les cotes andalouses durant les dernières arrivées en masse des émigrés, déclare récemment, en substance, Jesús Cardenal, procureur général de l’Etat. Mais, “la manière de leur arrivée a changé. Avant, ils venaient séparément et ils arrivent en groupes” affirme-t-il. Le responsable espagnol affirme, en outre, que les mineurs arrivés dernière sur les cotes espagnoles a bord d’embarcations de fortunes ont été recrutés dans différentes régions du Maroc par des rabatteurs de mafias de l’émigration clandestine. Ils ont séjourné, explique le procureur général, cité par Europa Press, près des plages du Nord du Maroc dans des conditions “infrahumaines” avant leur embarquement clandestin vers l’Espagne.
Ces jeunes, une fois atteint le territoire espagnol devraient normalement jouir des droits accordés par la loi des mineurs. En principe et avant cette décision de la justice espagnole, ils ne doivent pas être reconduit aux frontières, ils sont pris en charge par les autonomies et hébergés dans des centres d’accueil où leur est dispensée une formation à même de faciliter leur intégration dans le marché du travail et au sein de la société espagnole. Or les autorités espagnoles semblent avoir trouvé une parade à cette obligation de prise en charge des émigrés mineurs. La loi a été votée “en pensant aux mineurs nationaux” et a été détournée en faveur des émigrés clandestins, prétends le procureur général de l’Etat.
Chose encore plus aggravante, affirme le responsable de la justice, ces mineurs commencent à arriver en masse sur le territoire espagnol “nous nous somme trouvé presque subitement avec une grande affluence des mineurs entrés illégalement en Espagne, parce que s’ils arrivaient d’une manière légale ils seraient traités comme les Espagnols” soutient-il. Selon le même responsable quelques 6.200 mineurs sont entrés de manière légale en Espagne durant l’année 2002, 75% d’entre eux sont d’origine marocaine.
De tels chiffres combinés à ceux publiés régulièrement par différentes institutions espagnoles sur notamment les taux de délinquance et de criminalité au sein de la classe des mineurs crée ne manque pas d’aggraver davantage le sentiment de refus de la société espagnole envers la population émigrée. Les jeunes émigrés et les moins jeunes sont de plus en plus facilement catalogués “délinquant” pas la société. “Pour un simple citoyen, nous explique un chercheur universitaire espagnol, un émigré mineur qui se trouve dans la rue à des heures inattendues ne pourrait pas, en toute logique, fréquenter une école ou un centre de formation parce qu’il est dans la rue au moment il devait être sur le banc de l’école ou dans l’institution de formation. Non accompagné qu’il est et ne pouvant pas trouver du travail parce que la législation espagnole interdit le travail des enfants, il ne lui reste qu’une seule possibilité pour survivre : faire les poches des passants”.

Tahar Abou El Farah pour libération

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Espagne - Expulsion - Enfant

Ces articles devraient vous intéresser :

Ancien Gilet jaune, Abdel Zahiri menacé d’expulsion au Maroc

Abdel Zahiri, un Marocain de 44 ans, a récemment reçu une obligation de quitter le territoire français de la part de la préfecture de Vaucluse. Fiché S, il avait auparavant été incarcéré pour son implication dans le mouvement des Gilets jaunes.

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Majda Sakho réagit aux insultes racistes visant ses enfants

La Marocaine Majda Sakho, l’épouse de l’international français Mamadou Sakho règle ses comptes avec les personnes ayant proféré des injures racistes envers ses trois enfants.

Forte augmentation de demandeurs d’asile marocains en Europe

L’Union européenne a enregistré en 2022 un nombre record de demandes d’asile. Parmi les demandeurs, de nombreux Marocains dont le nombre a bondi.

La France expulse au Maroc le Gilet jaune Abdel Zahiri

L’activiste Abdel Zahiri a été expulsé de France la nuit dernière suite à une obligation de quitter le territoire. D’origine marocaine, il était connu pour son engagement dans le mouvement des Gilets jaunes.

Le harcèlement sexuel des mineures marocaines sur TikTok dénoncé

Lamya Ben Malek, une militante des droits de la femme, déplore le manque de réactivité des autorités et de la société civile marocaines face aux dénonciations de harcèlement sexuel par des mineures sur les réseaux sociaux.

Ouverture exceptionnelle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie

La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.