Le Conseil Français du culte Musulman (CFCM) vient d’annoncer la date du début du ramadan en France, qui commence le 10 mars 2024. Il vient également de donner le montant de la Zakat Al Fitr que devront payer les musulmans en France.
Obligation religieuse, mais aussi symbole d’un islam festif et convivial, le ramadan, qui commence cette année dimanche ou lundi, est le rite le plus suivi et, selon des sociologues, celui qui illustre le mieux la diversité et la pluralité de la "communauté musulmane".
"Le ramadan est un paradoxe. C’est le mois où l’on voit se rejoindre les musulmans les plus pieux et ceux qui sont les plus laïques", constate le chercheur Frank Fregosi.
Selon les chiffres généralement admis, la France compte entre 3 et 5 millions de musulmans, mais au-delà du terme générique, "l’islam est une réalité plurielle et ne se décline pas sur un mode unique", souligne-t-il, en estimant que le ramadan marque justement "la limite d’une approche en termes uniquement religieux des musulmans".
Un des cinq piliers de l’islam, le ramadan est un mois de piété au cours duquel les musulmans doivent s’abstenir de boire, de manger, de fumer et d’avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil.
Mais "il y a 10.000 façons de vivre le ramadan, et il y a autant de rituels qu’il y a de familles", souligne Djida Tazdait, l’une des fondatrices du mouvement des musulmans laïques de France, qui se définit elle-même comme "croyante, modeste dans sa pratique, profondément laïque".
Les pratiques sont fluctuantes. Les gens contournent les règles. Certains jeunes vont faire plaisir à leurs parents mais fumer des cigarettes ou manger des sandwiches en cachette. D’autres, habituellement très détachés de la pratique religieuse, vont faire l’effort de jeûner...
"Pour une grande majorité de gens, c’est le seul rite identificatoire", estime la sociologue Leila Babes, et c’est le plus suivi par les musulmans. "Seule une minorité de gens font la prière, car c’est une vraie démarche de pratique religieuse. Tandis que le ramadan, s’il est certes un moment de spiritualité, marque davantage une appartenance culturelle et affective" à une communauté, ajoute-t-elle.
D’obligation religieuse, le ramadan s’est transformé pour beaucoup en rituel festif, tradition familiale, "élan de partage et de convivialité", selon Mme Tazdait, qui compare ce rite au Noël chrétien.
"C’est un moment où l’on se retrouve en famille, où l’on se visite, où l’on se réunit entre individus d’une même culture religieuse", explique Yazid Sabeg, un chef d’entreprise fondateur de la "convention laïque pour l’égalité des droits et la participation des musulmans de France" (CLE).
Mois d’affirmation identitaire et culturelle autant que religieuse, le ramadan est aussi, selon Frank Fregosi, la période où la communauté musulmane "s’expose et s’ouvre aux autres". "On voit des mosquées s’ouvrir à la société civile, aux représentants des autres religions. On invite les SDF mais aussi le curé du coin à venir partager le repas du soir... C’est une façon pour les musulmans de briser l’image d’un islam replié sur lui-même", estime le chercheur.
AFP pour dna.fr
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