Le ministre de l’Intérieur reçoit les responsables du culte musulman

20 juin 2002 - 21h54 - France - Ecrit par :

Le nouveau ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a repris à son compte la copie de ses prédécesseurs Jean-Pierre Chevènement et Daniel Vaillant pour faire émerger une instance représentative de l’islam, tout en souhaitant lui apporter des corrections. Aux responsables musulmans qu’il a reçus jeudi durant plus de deux heures.

M. Sarkozy a souligné son souhait que "la deuxième religion de France" puisse participer comme les autres aux "débats fondamentaux" de la société, tout en avertissant qu’il ne laisserait pas "l’intégrisme s’asseoir à la table de la République" à l’occasion de la future élection d’un Conseil français du culte musulman (CFCM). Cette élection, initialement prévue le 23 juin, a par ailleurs été reportée sine die jeudi, les conditions juridiques et techniques de cette consultation, la première de ce type en France, n’étant pas réunies, aux yeux du ministre. Notamment, la rédaction des statuts de la future instance est un "préalable absolu" à la tenue de l’élection, a estimé le ministre. Dans un communiqué publié à l’issue de la rencontre, les membres de la consultation (fédérations, grandes mosquées, personnalités) indiquent avoir décidé "d’un commun accord" de repousser l’élection "à une date ultérieure", "lorsque le but et les principes de fonctionnement du futur CFCM auront été définis et que les modalités pratiques des élections auront été définitivement arrêtées". L’élection du CFCM est prévue sur la base des quelque 1.400 lieux de culte musulman recensés en France. Le report de l’élection avait été demandé par plusieurs représentants musulmans, notamment les recteurs des mosquées de Paris et de Lyon et des personnalités indépendantes, inquiets de la montée en puissance de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Lors d’un récent rassemblement national, les responsables de l’UOIF, qui s’inspire de la pensée fondamentaliste des Frères musulmans, ont publiquement prôné le port du voile et le refus de la piscine pour les filles à l’école. L’UOIF, très organisée sur le terrain, semblait en position de force alors que les tenants d’un islam "républicain" n’avaient pas su se rassembler. "Je ne laisserai pas l’intégrisme s’asseoir à la table de la République", a déclaré le ministre, qui était accompagné du ministre délégué aux libertés locales, Patrick Devedjian. "Est intégriste celui qui s’oppose à l’application des principes essentiels de la République", a-t-il précisé. M. Sarkozy s’est dit convaincu que l’islam, dont il a souligné la "diversité", saurait, comme les autres religions avant lui, passer les "compromis" nécessaires entre ses convictions religieuses, le libre exercice du culte et "le respect des principes fondamentaux" de la République. Prenant argument des divergences qui se sont exprimées entre les participants à la consultation , le ministre a estimé qu’il n’était pas possible "d’envisager la poursuite du processus dans sa configuration actuelle". Comme le souhaitaient les représentants des grandes mosquées, il a estimé que la place accordée à ces dernières devait être plus importante. Il a aussi repris à son compte une revendication du théologien moderniste Soheib Bencheikh, de donner une plus large place aux personnalités religieuses dans la future instance représentative, qui ne devrait émaner que "pour partie" du processus électoral, une autre partie étant désignée ou cooptée.

Source : AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Nicolas Sarkozy

Ces articles devraient vous intéresser :

Guingamp : tags racistes découverts sur la mosquée, enquête en cours

La mosquée de Guingamp, dans les Côtes-d’Armor, a été ciblée dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 décembre 2023 par des tags islamophobes. Une première en 40 ans.

Les chrétiens marocains contraints de vivre leur foi en secret

Les chrétiens marocains sont rejetés par leurs familles et la société. Bien que la Constitution de 2011 garantisse la liberté de conscience, la pratique d’une religion autre que l’islam sunnite est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans...

Aïd al Adha au Maroc : l’appel à l’annulation monte sur les réseaux sociaux

Alors que certains Marocains appellent à l’annulation de la célébration de l’Aïd al-Adha sur les réseaux sociaux, d’autres tiennent au respect de cette tradition religieuse.

Le Maroc fête l’Aïd al fitr le samedi 22 avril

Le Maroc célèbre l’Aïd Al Fitr ce samedi 22 avril, selon une annonce faite par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Le ministère a confirmé la date après avoir procédé à une observation minutieuse du croissant lunaire, comme l’exige la...

Maroc : les salaires des imams vont augmenter

Les imams au Maroc verront leur allocation augmenter de façon progressive pendant les quatre prochaines années. Le roi Mohammed VI en a donné l’instruction, selon le ministère des Habous et des Affaires islamiques

Le Conseil d’État annule un arrêté anti-burkini

La ville de Mandelieu-la-Napoule, dans le sud-est de la France, a vu son arrêté interdisant le port du burkini sur ses plages suspendu par le Conseil d’État. Cet arrêté, réitéré chaque année depuis 2012, avait été contesté en justice par la Ligue des...

Aïd al-Fitr au Maroc : les salons de coiffure pris d’assaut

Au Maroc, les salons de coiffure retrouvent une affluence en cette période de fin de ramadan. Les Marocains célèbrent l’Aïd El Fitr ce mercredi 10 avril.

Les Morchidates, des enseignantes de la religion et des militantes de l’égalité des sexes au Maroc

Bouchra el Korachi est l’une des centaines de « Morchidates » ou prédicatrices désignées par le ministère marocain des Affaires islamiques pour enseigner le Coran, la Charia et le « fiqh », la loi islamique, dans les différentes mosquées du royaume....

Ramadan : Un mois de spiritualité… et de bagarres ?

Le Ramadan, mois sacré pour les musulmans, est synonyme de spiritualité et de partage. Mais au Maroc, il prend également une tournure plus sombre avec l’apparition d’un phénomène bien connu : la “Tramdena”. Ce terme désigne l’irritabilité et...

Aid Al Fitr au Maroc : vendredi ou samedi ?

Même si les calculs astronomiques tendent à définir la date de l’ Aïd Al fitr samedi 22 avril 2023 au Maroc, l’observation de la lune reste pour l’instant l’option privilégiée par les autorités religieuses marocaines.