La contrebande mine l’économie marocaine, selon les patrons

26 décembre 2003 - 20h03 - Economie - Ecrit par :

La contrebande est tellement importante au Maroc que de nombreuses entreprises du pays boudent l’économie intérieure et ne se consacrent qu’à l’international, a dénoncé vendredi Hassan Chami, responsable de la principale organisation patronale marocaine.

"Tout ce qui s’achète et se vend maintenant au Maroc est touché par ce phénomène. Dans toutes les villes marocaines, il y a des marchés où on vend des produits de contrebande, que ce soit des produits informatiques, audiovisuels, des tissus ou des chaussures", a déclaré Chami, qui dirige la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

Pendant des années, l’économie parallèle demeurait limitée aux produits venant des enclaves "duty free" espagnoles de Sebta et Melilla dans la région septentrionale du Rif.

"Maintenant, cela touche des produits en provenance de l’Afrique sub-Saharienne et de notre voisin, l’Algérie, même si Sebta et Melilla restent tout de même les chefs-lieux de ce phénomène", ajoute Hassan Chami.

Selon les chiffres officiels, la contrebande coûte 400.000 emplois au Maroc chaque année. Une récente enquête a montré que 30% des cigarettes circulant au Maroc proviennent du marché noir.

"PLUS DIFFICILE DE VENDRE AU MAROC QUE D’IMPORTER"

Le manque d’alternative viable à l’économie parallèle dans le Rif, zone clé de la culture du cannabis, a contraint les autorités à la laisser se développer pendant de nombreuses années.

"Au cours de ces années-là", poursuit Hassan Chami, "l’économie marocaine n’était pas libéralisée et la contrebande était une sorte de moyen de réguler le marché face aux monopoles locaux."

Mais il estime que ceci ne peut plus être toléré, dans le contexte de libéralisation à grande échelle de l’économie nationale.

"Le Maroc est en train de devenir un Etat de droit dans tous les domaines, il n’y a aucune raison pour qu’il ne devienne pas un Etat de droit dans ce domaine."

"Nos producteurs doivent inclure la contrebande comme un facteur de concurrence déloyale. Il est plus difficile de vendre sur le marché intérieur que d’exporter. Quand on exporte vers les pays européens, on est soumis à une concurrence loyale." Chami a exhorté le gouvernement à veiller au respect de la loi : "Il serait mieux pour tout le monde de créer 400.000 emplois plutôt que de laisser 40.000 personnes tirer profit de ce phénomène."

Mais pour de nombreux experts, l’éradication de la contrebande ne se fera pas sans une élévation du niveau de vie de la population marocaine.

"On ne s’attend pas a ce que le gouvernement endigue totalement la contrebande mais (il ne faut) pas (qu’elle) devienne un phénomène national", a expliqué Chami.

Reuters

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Croissance économique - Contrefaçon - Contrebande

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : l’informel met à genoux les magasins de sport

Dans le secteur du sport en plein essor au Maroc, l’informel gagne du terrain. Les professionnels, mécontents, tirent la sonnette d’alarme.

Maroc : la croissance économique s’accélère

Le Maroc a enregistré une croissance économique de 4,1 % au quatrième trimestre 2023, contre 0,7 % au cours de la même période de 2022, révèle le Haut-commissariat au plan (HCP).

Le Maroc va recourir au FMI pour renforcer ses réserves de change

Face à la détérioration de sa position extérieure, le Maroc sollicitera le soutien du Fonds monétaire international (FMI) pour renforcer ses réserves de change, selon Fitch Solutions.

Maroc : la croissance s’accélère au 3ᵉ trimestre

Le Maroc s’attend à une légère accélération de son économie ce trimestre, avec une croissance prévue de 3,4 %, comparée à 3,2 % au trimestre précédent, selon les prévisions du Haut-commissariat au Plan (HCP).

Maroc : voici les villes où les prix ont augmenté

Au terme de l’année 2022, l’inflation a atteint 6,6% et l’indice annuel des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse de 6,6% par rapport à l’année 2021, selon le Haut-commissariat au plan (HCP), qui précise que certaines villes ont vu...

Mondial 2030 : le vrai décollage économique pour le Maroc ?

L’organisation de la coupe du monde 2030 par le Maroc, le Portugal et l’Espagne, aura certainement un impact significatif sur le Produit intérieur brut (PIB) du Maroc qui pourrait se situer entre 3 et 5 %, affirme Zaki Lahbabi, DG de Transatlas Sport...

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

Fitch confirme la notation « BB+ » du Maroc avec des perspectives stables

Fitch Ratings a confirmé le 4 novembre la note de défaut des émetteurs en devises étrangères à long terme du Maroc à « BB+ » avec une perspective stable. L’agence américaine de notation s’attend par ailleurs à un resserrement monétaire de la part de...

Maroc : une croissance presque nulle en 2022

Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour le Maroc. Cette année, elle ressort à 0,8 % et devrait passer à 3,6 % en 2023, puis rebondir à 3,4 en 2024.

Maroc : une croissance économique revue à la hausse

Le Produit Intérieur Brut (PIB) du Maroc devrait enregistrer une croissance de 3,6 % en 2024, en tenant compte d’une évolution de 4,1 % des impôts et taxes sur les produits nets de subventions.