Investissements : Un rapport-choc de la Cnuced

4 février 2008 - 16h12 - Economie - Ecrit par : L.A

Les experts de la Cnuced ont passé au crible le dispositif de promotion de l’investissement étranger. Il s’agit en fait d’une étude critique et sans concession de la politique d’investissement du Maroc. Le rapport final de ce travail, qui aura duré plus d’un an, sera présenté au gouvernement marocain au mois de juin prochain à Genève.

Le constat général qui s’en dégage est le manque de constance dans les performances malgré une amélioration incontestable de l’attractivité du pays auprès des investisseurs internationaux. « La volatilité qui caractérise les flux d’investissements directs témoigne de l’absence d’une stratégie proactive de promotion des investissements », relève le rapport de la Cnuced. Ce pilotage à vue est donc l’une de nos grandes faiblesses.

Le Maroc est néanmoins l’un des tout premiers destinataires des investissements directs étrangers sur le continent. En dix ans, les flux moyens des IDE sont passés de 500 millions de dollars à 3 milliards à fin 2005. Les réformes ont porté leurs fruits, mais il faut aller beaucoup plus loin, semblent dire les experts, en faisant en sorte que les changements soient plus visibles et concrets sur le terrain. Visibles dans le règlement des litiges commerciaux, le fonctionnement de la justice commerciale sur lequel les experts insistent particulièrement, l’accès au foncier et la lisibilité de la législation et de la doctrine fiscales.

Le moins que l’on puisse dire est que les conclusions vont faire beaucoup de bruit. L’équipe des rédacteurs du rapport a rompu avec la traditionnelle langue de bois en appelant un chat un chat. Le traitement de la corruption qui gangrène une partie de l’appareil judiciaire et dont se plaignent les opérateurs est à ce propos une évolution dans l’attitude des organismes internationaux. Est épinglée aussi la guéguerre entre la direction des investissements et les CRI, la compétition entre les deux entités rompt la chaîne de services auprès des investisseurs. Il n’est pas rare qu’un promoteur découvre avec stupéfaction qu’une partie du contenu de la convention signée à Rabat est presque impraticable au niveau local.

D’où l’idée que préconise l’étude, à savoir la création d’une agence dédiée à la promotion des investissements, un peu sur le schéma tunisien ou portugais. Pour l’instant, ce n’est pas le chemin pris par le gouvernement. La direction des investissements a été placée au ministère de l’Industrie et du Commerce afin de mieux relayer la politique industrielle et le plan Emergence notamment.

Où sont passées les réformes ?

A tous les niveaux, le constat des insuffisances du système judiciaire est partagé par les autorités, relèvent les experts de la Cnuced. Pourtant, c’est de loin le point qui salit la vitrine marocaine auprès des investisseurs internationaux. « La justice marocaine ne reflète pas encore une image positive aux yeux des investisseurs », souligne la Cnuced. Elle est même considérée par ces derniers comme l’obstacle le plus important aux IED. Que sont donc devenues les « réformes » qui se sont enchaînées ces dernières années ?

L’Economiste - A. S.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Genève - Enquête

Ces articles devraient vous intéresser :

Le groupe Thalès renforce sa présence au Maroc, près de 150 emplois à terme

Le groupe français Thalès, spécialiste mondial de cybersécurité, va renforcer sa présence au Maroc à travers un nouvel investissement d’une valeur de plus de 350 millions de dirhams dédié au secteur de l’outsourcing.

Transition énergétique : le Maroc sur la bonne voie

Dans un contexte difficile marqué par la crise énergétique et la flambée des prix, le Maroc est passé à la vitesse supérieure sur son chantier de la transition énergétique. Grâce à sa politique axée sur l’investissement privé dans le secteur, le...

Bientôt l’ouverture par Israël d’une mission commerciale au Maroc

L’évolution des relations commerciales entre Rabat et Tel Aviv et l’engouement des investisseurs incitent Israël à ouvrir prochainement une mission commerciale au Maroc.

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

Maroc : plusieurs aéroports seront rénovés

Dans le cadre de son plan d’investissement dénommé Envol 2025, visant à accompagner l’essor du secteur touristique, l’Office national des aéroports (ONDA) va mobiliser un montant de 4 milliards de dirhams en 2023 pour soutenir la croissance de...

Maroc : les autoroutes en projet

Le programme d’investissement de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) devrait atteindre plus de 8 milliards de dirhams pour les trois prochaines années, révèle le rapport sur les entreprises et établissements publics (EEP), annexé au...

Dessalement de l’eau : le Maroc lance la construction de trois stations cette année

Afin de faire face à la pénurie d’eau potable, le Maroc prévoit de construire, cette année, trois nouvelles stations de dessalement de l’eau. L’objectif est d’atteindre une production d’un milliard de mètres cubes d’ici à 2030.

Maroc : 3,7 milliards de dirhams de subventions au secteur agricole

Le gouvernement maintient son soutien au secteur agricole. Cette année, 3,7 milliards de dirhams de subventions seront affectés au secteur, pour un investissement global de 7,4 milliards de dirhams.

Où va l’argent des Marocains du monde ?

Les transferts des MRE ont atteint des niveaux record ces dernières années, malgré la crise sanitaire du Covid-19 et la conjoncture économique. À fin 2022, ces envois pourraient s’élever à 100 milliards de dirhams, soit une hausse de 13% par rapport à...

La voiture 100% marocaine verra le jour en 2023

Le Maroc prévoit de fabriquer localement des voitures de marque marocaine. Le projet va démarrer à court terme et nécessitera un investissement 100% marocain.