Investissements : L’Espagne fédère la Méditerranée

5 mars 2007 - 00h00 - Espagne - Ecrit par : L.A

Rebelote pour les journées méditerranéennes de la compétitivité. Après la première édition tenue l’année dernière à Palerme, l’Espagne prend la relève. Valence a abrité les 27 et 28 février la deuxième édition de cette rencontre qui rassemble le patronat et les entreprises du bassin de la Méditerranée avec leurs homologues du nord. L’organisation de cet événement est partagée entre le patronat espagnol (CEOE), celui de la communauté de Valence (CIERVAL) et l’Union du patronat méditerranéen (UMCE).

Ce projet, porté et promu initialement par les Italiens, a été rapidement adopté par les pays de l’Europe du sud. Après l’Espagne cette année, la France et le Portugal réfléchissent déjà à l’organisation des deux prochaines éditions. Au lieu de l’approche unilatérale adoptée dans ces deux éditions par l’Italie et l’Espagne, les Français pensent étendre la portée de l’événement. Ils étudient la possibilité de fédérer l’ensemble des pays du bassin nord avec leurs voisins du sud, en marge de la présidence française de l’Union européenne au deuxième semestre 2008. Mais cette option est encore au stade embryonnaire de réflexion.

La délégation marocaine à cet évènement est certes plus étoffée que l’édition précédente. Une dizaine d’entreprises ont fait le déplacement contre cinq l’année dernière. Mais ce nombre ne correspond ni à l’intérêt des entreprises espagnoles pour le Maroc, ni aux investissements potentiels. Les organisateurs s’attendaient à une participation marocaine plus importante. D’autant plus que le gouvernement de la communauté autonome de Valence avait signé un accord avec le ministre du Commerce et de l’Industrie pour les investissements de la région au Maroc. Rappelons que la quasi-totalité des investissements espagnols au sud de la Méditerranée est concentrée au Maroc. Cette présence limitée est liée, selon les participants, au manque de communication par rapport à l’événement.

Dans son plaidoyer pour le Maroc lors de la séance inaugurale, Mohamed Chaâbi, vice-président de la CGEM, s’est appuyé sur les indicateurs macro-économiques encourageants de 2006. Il a aussi rappelé les cadres d’investissement clairs que le Maroc s’est volontairement imposés (Emergence, Azur...). « Le Maroc offre des opportunités très profitables de cotraitance pour les entreprises espagnoles. Cela leur permettra de mieux conquérir les marchés internationaux », indique-t-il.

Pour sa part Leïla Sbiti, DGA des investissements extérieurs, a présenté les résultats de la dernière étude de perception menée par Ernst and Young auprès d’un échantillon d’entreprises étrangères par rapport à l’attractivité du Maroc. De part sa fonction à la tête du réseau Anima, qui rassemble les agences de promotion d’investissement dans la Méditerranée, elle a aussi plaidé pour l’attractivité de la région face à la prédominance de nouvelles destinations d’investissement (Chine, Inde...). « L’Europe est le premier partenaire économique du sud de la Méditerranée. Toutefois, cette région ne reçoit que 4 pour cent des investissements européens », précise-t-elle.

L’attractivité du Maroc pour les investisseurs espagnols fait des jaloux parmi ses voisins maghrébins. Les Algériens et les Tunisiens se sont déplacés en masse à Valence. Ils déclarent ouvertement leur détermination à décrocher une part plus importante des investissements espagnols en forte progression d’une année á l’autre. Les deux pays ont dépêché de fortes délégations officielles. De plus, une trentaine d’entreprises algériennes et une vingtaine d’autres tunisiennes ont pris part à l’événement. La Tunisie compte même installer une représentation permanente en Espagne pour promouvoir son image auprès des investisseurs espagnols. Quant à l’Algérie, elle se prépare à la visite du Roi d’Espagne Juan Carlos I.

Les arguments des Maghrébins se sont concentrés sur les chantiers d’infrastructures et l’ouverture renforcée de leur économie. L’Agence tunisienne de promotion des investissements (FIPA) propose même de faire venir les investisseurs intéressés à sa charge et les accompagner tout au long de leur processus d’implantation.

Outre ces deux pays, les autres participants se sont limités à une présentation standard de leur CV pour les investisseurs espagnols. Leurs délégations ont été beaucoup moins étoffées que celles des pays du Maghreb. Les tensions politiques au Machrek réduisent fortement l’attractivité de cette région pour les investissements européens, en dépit des efforts fournis principalement par la Jordanie. Le reste des participants présente une attractivité indéniable. Les représentants de la Turquie et d’Egypte offrent des arguments séduisants pour les Espagnols. Pour leur part, Malte et Chypre ont profité de leur adhésion à l’Union européenne pour devenir des hubs de services incontournables dans la région.

Face à ces sollicitations, les Ibériques présentent une offre claire. Ils sont convaincus de l’intérêt d’investir au sud de la Méditerranée. Mais ils exigent plus de visibilité par rapport au climat et procédures d’investissement. Les remarques concernent principalement la lenteur des procédures administratives et les niveaux élevés d’imposition.

La deuxième journée du congrès a été dédiée aux rencontres bilatérales entre les participants. Plus de 200 entreprises espagnols, tous secteurs confondus, ont pris part à l’événement. Leurs ambitions variaient de l’importation directe de leurs produits et services aux possibilités d’installation au sud de la Méditerranée. Encore faut-il qu’elles trouvent des interlocuteurs sérieux parmi les 80 entreprises du bassin sud représentées à l’événement.

L’Economiste

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Investissement - Congrès

Ces articles devraient vous intéresser :

Le groupe marocain OCP vise haut les quatre prochaines années

Après le succès de son premier programme d’investissement – la capacité de production d’engrais a triplé en 10 ans-, le groupe marocain OCP a préparé un nouveau programme d’investissement vert dont la mise en œuvre permettra d’atteindre la neutralité...

Le Maroc va injecter 150 milliards de dirhams dans le Fonds Mohammed VI pour l’investissement

Lancé en 2020 sur instruction royale, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement sera renforcé pour le financement de certains grands projets, selon le ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques...

Transition énergétique : le Maroc sur la bonne voie

Dans un contexte difficile marqué par la crise énergétique et la flambée des prix, le Maroc est passé à la vitesse supérieure sur son chantier de la transition énergétique. Grâce à sa politique axée sur l’investissement privé dans le secteur, le...

Le Maroc veut augmenter la part d’investissements des MRE

Au Maroc, la part d’investissement privé provenant des Marocains du monde reste faible. Seulement 10 % des transferts des MRE y sont consacrés. Un dispositif incitatif se met en place pour mieux mobiliser les investissements de cette communauté.

Un milliardaire marocain a de grandes ambitions en Afrique

Le milliardaire américain d’origine marocaine Marc Lasry, président directeur général d’Avenue Capital Group, investit depuis une dizaine d’années dans le domaine du sport. Après avoir été copropriétaire de l’équipe de basketball des Milwaukee Bucks de...

Maroc : la création d’entreprises en forte hausse

Dans un contexte d’inflation et de crise géopolitique, le Maroc a poursuivi sa politique de promotion des entreprises en renforçant ses programmes de soutien et chantiers d’envergure. À fin octobre, la création d’entreprises a connu une hausse, avec 77...

Le Maroc facilite encore plus la création d’entreprise

Le gouvernement marocain a franchi un pas important vers la simplification des démarches administratives pour les entrepreneurs. Jeudi 30 mars, le Conseil de gouvernement a approuvé un projet de décret fixant les modalités et les procédures de création...

Le groupe Thalès renforce sa présence au Maroc, près de 150 emplois à terme

Le groupe français Thalès, spécialiste mondial de cybersécurité, va renforcer sa présence au Maroc à travers un nouvel investissement d’une valeur de plus de 350 millions de dirhams dédié au secteur de l’outsourcing.

Maroc : voici les priorités du fonds Mohammed VI pour l’investissement

Pour réussir sa mission, le directeur général du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, Mohamed Benchaâboun, a défini ses priorités et son mode de fonctionnement, qui ont été dévoilés lors de son premier Conseil d’administration.

Le Maroc va augmenter la capacité de plusieurs aéroports

Dans le cadre de son plan d’investissement dénommé Envol 2025, l’Office national des aéroports (ONDA) a lancé plusieurs projets pour soutenir la croissance de l’activité des aéroports de Marrakech, d’Agadir et de Tanger. À terme, ces travaux...