Le marketing de produits dits "ethniques” émerge timidement en France, selon une première étude de marché qui va dresser 10.000 profils de consommateurs de ces communautés spécifiques. La petite agence Sopi devrait publier fin avril une étude dressant 10.000 profils, après avoir rencontré une centaine de responsables associatifs, mené 250 entretiens individuels et croisé ces résultats avec les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et de l’Institut national d’études démographiques (INED).
Sopi, d’un mot wolof sénégalais qui signifie “changement”, compte également publier cinq études spécifiques sur le marché de la viande halal (abattue suivant les traditions musulmanes), le cosmétique noir, les transferts d’argent, et les médias communautaires.
“On croit que noir égale banlieue égale misère, mais on ne comprend pas que noir égale mode égale consommation", explique Constant Nemale, à la tête d’une autre agence pionnière dans ce secteur, Etnium, créée en 1997, qui promeut notamment la marque de vêtements Dia du styliste malien Mohammed Dia, très prisée par les adolescents.
Mais les agences dédiées au marketing ethnique en France se comptent sur les doigts de la main et restent de petite taille, bien que Nemale estime que le marketing ethnique en France “pèse plus de 2 milliards d’euros”. Etnium travaille avec 8 clients et réalise un chiffre d’affaires de 380.000 euros. Sopi, créée en 2003, compte moins d’une dizaine de salariés.
Quant aux grandes agences de communication, Euro RSCG ou Publicis, elles sont absentes du créneau en France, à l’inverse des Etats-Unis, où elles font toutes du marketing ethnique en direction des communautés noires, hispaniques ou asiatiques.
L’Economiste