« Ce sont plus de 12 millions de DH qui ont été consacrés au festival cette année. Un montant qui englobe aussi bien le coût des Rencontres de Fès que celui du Festival dans la ville », indique Naima Lahbil Tagemouati, directrice générale du Festival. Et d’ajouter qu’outre les chants sacrés, débats, expositions, découvertes de monuments, ateliers pour jeunes sont au menu. Le tout s’articule autour du thème : « Souffle du temps, esprit des lieux ». La musique va prendre possession de toute la capitale spirituelle. A Bab-Makina, c’est la star américaine Barbara Hendricks qui anime, ce 1er juin, le spectacle d’ouverture. Un spectacle qui se déroule, à guichet fermé, et devant de grandes personnalités. Y figurent, à côté de SAR la princesse Lalla Salma, la reine Rania de Jordanie et Bernadette Chirac.
De nombreuses autres personnalités sont au rendez-vous. Au grand bonheur des maisons d’hôtes, dont les propriétaires sont ravis d’accueillir des hôtes aussi illustres. D’autres têtes couronnées sont attendues. Une chose est sûre : le prince (ou ex-prince) d’Iran Resa Pahlavi sera là. Le milieu des affaires est représenté par le PDG de Celio Marc Grossman, le président de la Caisse d’épargne France, le PDG d’Yves-Saint Laurent Sydney Toledano, le président des Ciments de France Yves-René Nano. Il y a aussi d’anciens et de nouveaux ministres français comme Philippe Faure ou Brice Hortefeux ainsi que Jacques Attali. Côté marocain, une bonne partie du gouvernement sera présente.
En matière de musique, de grosses pointures sont invitées. Marissa et l’Ensemble Dastan (Iran), Johnny Clegg dit « Le Zoulou blanc » (Afrique du Sud), Bartabas, son cheval Le Caravage, les musiciens soufis Nezih Uzel et Kudsi Erguner (France), Tania Maria (Brésil), Akhtar Sharif Arup Vâle Qawwâls (Pakistan)… figurent ainsi au programme. S’agissant du forum « Une âme pour la mondialisation », un message royal sera adressé à ses organisateurs au sein du musée Batha. Là aussi, on parle d’une participation massive d’intellectuels et d’experts de renom. « La présence de Jacques Chirac est quasiment certaine », confie un organisateur. Selon lui, du 2 au 4 juin, des intervenants venus des quatre coins du monde débattront de la confrontation de la modernité au sacré, à la culture et au patrimoine, qui acquiert une acuité particulière en ce début de millénaire. « Conjuguer l’universalité de la mondialisation à des valeurs héritées de longues traditions, et à la pluralité des histoires et des religions n’est pas simple », souligne Nadia Benjelloun, directrice des Rencontres. Et d’ajouter que pour construire la paix, cette conjugaison doit se faire dans le dialogue. C’est à ce dialogue que sont consacrées ces Rencontres.
L’époque contemporaine, si tristement résumée par le choc des civilisations, semble ne produire que conflits, replis identitaires et malaise interculturel. Le sort réservé à la culture dans nos sociétés technicisées contribue, aussi, à expliquer les frictions qui se produisent entre modernité importée et tentations de repli. En quoi nos identités culturelles sont-elles menacées ? Comment les faire vivre autrement ? Comment les faire dialoguer et s’enrichir mutuellement ? Bref, des réflexions seront dirigées par d’éminents spécialistes comme Michael Barry, Abdou Filali-Ansari, Dominique Baudis, Kenneth Brown, Reza Deghati, Emmanuel Fessy, Christophe Girard, Nedim Gürsel, Robert Lion et Tarek Mitri.
En tout cas, si en termes de valorisation de l’image de la ville, le Festival des musiques sacrées est largement couvert sur le territoire marocain, il reste le festival qui bénéficie du plus grand nombre de retombées médiatiques à l’étranger. Son impact économique et touristique est énorme. On peut dire que le Festival s’est fait une place à l’échelle mondiale. De fait, le bilan des entrées en 2006 fait état de quelque 50.000 spectateurs rien qu’à Bab-Makina. Tous les concerts ont été donnés pratiquement « à guichets fermés ». Cette année, les organisateurs tablent sur un succès beaucoup plus important, puisqu’ils ajoutent une autre scène gratuite, dans l’un des plus grands quartiers de la ville, Bensouda, qui représente 40% de la population de Fès.
Tania Maria
Plus de 3.000 spectateurs visiteurs sont attendus au spectacle de Tania Maria, dimanche 3 juin. Née à Sao Luis dans le nord-ouest du Brésil, Tania Maria a été élevée dans une famille où la musique était pratiquée avec ferveur. Après des études de droit, elle commence à jouer dans les bars et les clubs, parcourt le monde et enregistre à Paris plusieurs disques. Elle signe un contrat avec Concord Record et son premier disque « Piquant » enregistré sous ce label lui vaut le prix Golden Feather Award. Tania Maria s’est vite imposée comme l’une des références de la scène musicale brésilienne, où sa voix toute en accents graves peut se faire sensuellement groove, où son toucher percussif au piano peut se transformer en une touche plus classique. Vivant entre Paris et New York, elle a joué sur les plus grandes scènes du monde, du Festival de Montreux à la Nouvelle-Orléans, de Tokyo à Nice.
L’Economiste - Youness Sâad Alami