Un été décevant pour les promoteurs immobiliers

4 septembre 2007 - 01h03 - Economie - Ecrit par : L.A

De nombreux promoteurs n’ont pas atteint leurs objectifs. Le social inexistant, le haut standing trop cher... les MRE n’ont pas beaucoup acheté. Les grands promoteurs spécialisés dans l’économique sont en revanche satisfaits.

Les promoteurs immobiliers sont déçus. Contrairement à la tradition, la période estivale n’a pas été excellente. « Sur le plan strictement financier, l’été n’a pas été vraiment désastreux, mais beaucoup de promoteurs n’ont pas réussi à atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés », estime Mohamed Koutbi, directeur de la Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI). Un avis que partagent plusieurs professionnels de l’habitat, que ce soit à Casablanca ou dans d’autres régions du pays. « Il faudrait adopter une approche régionale dans l’analyse du comportement du secteur immobilier. Mais, grosso modo, nous avons remarqué durant ces trois derniers mois une stagnation et un certain ralentissement de l’activité »,

explique-t-il. Pour cet autre promoteur de Casablanca, qui s’exprime sous couvert d’anonymat, les affaires n’ont pas été mauvaises mais l’été 2007 n’a pas été le cru auquel le secteur s’attendait. « La preuve, j’ai pu m’offrir un mois de vacances », ironise-t-il.

Moins bien que l’été 2006

William Simoncelli, directeur général de Carré Immobilier Maroc, confirme cette tendance dont les raisons sont, selon lui, en rapport étroit avec la cherté de l’offre résidentielle. Il qualifie la saison de moyenne. De fait, l’immobilier a été jugé trop cher et souvent inexistant dans les villes qui intéressent le plus la cible privilégiée de l’été, les Marocains résidents à l’étranger. La pierre arrive en tête de liste des investissements les plus prisés par ces derniers : près de 80% de leurs investissements se font dans le secteur immobilier. Une véritable manne financière pour les promoteurs immobiliers qui réalisent entre 25 et 40% de leur chiffre d’affaires annuel en période estivale. Pas cette année.

L’explication est simple : cette clientèle est portée habituellement sur le logement économique dont l’offre a considérablement baissé cette année, notamment dans les grandes villes. La demande a été tellement importante et l’offre limitée que les prix ont atteint des records, s’accordent à dire les professionnels. Sur l’ensemble de l’année toutefois, les spécialistes de ce segment, Addoha, le groupe Jamaï et, bien évidemment, les filiales du groupe Al Omrane, sont satisfaits.

Dar Lakbira a cartonné

Du côté d’Al Omrane, on garde le sourire. En plus du social, essentiellement dans des villes comme Tanger, Fès, Meknès et Agadir, le produit Dar Lakbira a particulièrement séduit les MRE. Le lancement officiel de la seconde tranche de ce programme destiné aux petits promoteurs immobiliers et aux groupements de petits épargnants en juillet 2007 n’était pas un hasard.

Sur le segment du moyen et haut standing, c’est un autre problème qui se pose : les produits offerts sont excessivement chers. « Les trois mois qui ont précédé l’été ont connu une flambée sans précédent des prix du mètre carré », fait remarquer Mohamed Koutbi. Et le responsable de la FNPI de donner l’exemple de Casablanca. « Prenez le cas d’un promoteur immobilier qui vendait ses appartements moyen standing en mars 2007 à 8 500 DH le m2. En juin de la même année, il en demandait 11 000 DH ». Des prix qui, effectivement, n’encouragent guère à l’achat.

Mais ce n’est pas tout. Durant cet été, on a assisté à un nouveau phénomène, à savoir la croissance de la demande se rapportant à l’immobilier touristique, notamment de la part des mêmes MRE. « Ces derniers ne semblent plus être intéressés par l’offre résidentielle classique. Nous avons constaté cet été un intérêt très grand pour l’acquisition de résidences touristiques », explique William Simoncelli. Son cabinet gère en effet la commercialisation de plusieurs projets sur la côte méditerranéenne du pays, notamment Kariat Smir, à Restinga, et Mixta Assafia à Martil. Le premier projet est de standing alors que le second comporte essentiellement des logements sociaux. Et le succès est au rendez-vous pour les deux segments. « L’offre touristique a changé et est ainsi devenue plus attractive pour cette clientèle dont les habitudes et les motifs de retour au Maroc ont également changé », souligne l’agent immobilier. Lots équipés, maisons traditionnelles, appartements sociaux, moyen ou haut standings ou encore villas : tous ces produits ne sont apparemment plus bons pour les MRE. Si la première génération cherchait essentiellement des biens immobiliers dans la ville ou le village d’origine, les nouvelles générations de MRE semblent être plutôt portées sur les résidences secondaires où passer leurs vacances au Maroc. Les temps ont changé !

La vie éco - Fadoua Ghannam

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Investissement - Transferts des MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

L’immobilier marocain en berne, les acheteurs attendent l’aide du gouvernement

Le marché de l’immobilier au Maroc a connu une tendance à la baisse ces derniers mois, en raison de la sévérité des conditions d’octroi de crédit. Selon le dernier tableau de bord des crédits et dépôts bancaires de Bank Al-Maghrib, cette tendance se...

Immobilier au Maroc : les notaires contrôleront la provenance de l’argent

Les notaires marocains ont décidé de prendre une part active dans la lutte contre le blanchiment d’argent dans l’immobilier.

Le Maroc mise sur ses compétences à l’étranger

Le Maroc veut impliquer davantage ses compétences à l’étranger à son processus de développement. Dans ce sens, un mécanisme est en cours d’élaboration pour accompagner les talents marocains à l’étranger, conformément aux orientations royales.

Les Marocains de France battent des records de transfert

Les Marocains du monde ont transféré au Maroc près de 115,15 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2023, soit une hausse de 4 % par rapport à la même période de 2022 (110,72 MMDH), révèle l’Office des changes.

Les MRE confrontés à un durcissement des conditions d’envoi de fonds depuis l’Europe

Face au durcissement des autorités européennes sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri appelle à une action diplomatique d’envergure.

Maroc : investissements publics records en 2024

L’investissement public au Maroc devrait s’élever à 335 milliards de dirhams (MMDH) l’année prochaine, d’après la note de présentation du Projet de loi de finances (PLF) 2024. Un effort qui contribuera à améliorer les conditions de vie des populations.

Les MRE, une solution à la crise de l’immobilier marocain ?

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent de manière considérable à la relance du secteur de l’immobilier au Maroc, durement touché par la crise sanitaire du Covid-19, la guerre en Ukraine et la flambée mondiale des prix des matières...

Où va l’argent des Marocains du monde ?

Les transferts des MRE ont atteint des niveaux record ces dernières années, malgré la crise sanitaire du Covid-19 et la conjoncture économique. À fin 2022, ces envois pourraient s’élever à 100 milliards de dirhams, soit une hausse de 13% par rapport à...

Maroc : l’aide à l’achat de logement bientôt effective

Le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a annoncé la mise en place prochaine d’un dispositif d’aides directes au logement pour les primo-acquéreurs.

Maroc : l’aide au logement booste le marché de l’immobilier

Au Maroc, le nouveau programme d’aide à l’acquisition de logements est susceptible d’apporter une bouffée d’oxygène au marché immobilier.