De nombreux artistes marocains dénoncent l’avidité des organisateurs de festivals à s’accaparer du cachet du chanteur en échange de l’inscription de son nom à l’un des évènements d’été. Ils appellent le ministère de la Culture à intervenir.
L’humoriste marocain Booder, de son vrai nom Mohamed Benyamna, qui se produit actuellement au théâtre du « Temple » à Paris, est devenu la nouvelle coqueluche des scènes en France. Sur scène, Booder, qui a joué au théâtre « Le Triomphe » pendant quatre mois (septembre-décembre 2005) à guichets fermés et fait escale dans d’autres salles de la Capitale et sa banlieue, ironise notamment sur son apparence chétive et son visage d’où surgit un gros pif.
L’humoriste, auquel le journal « Le Monde » daté du 17 février dernier avait consacré une page entière, se nomme Booder depuis l’âge de... six ans, en référence à l’ex-international marocain et stratège des Lions de l’Atlas, Aziz Bouderbala, surnom de quartier que ses profs et « même les flics » adoptèrent illico.
Par sa tchatche et sa tronche, ce petit bonhomme de 1 m 60 ressemble à un personnage de cartoon portant bonnet et est aussi une poupée gigogne d’où sortent des gueules, des tics et des accents marocain, chinois, kabyle, camerounais et antillais, avec une prodigieuse facilité.
A son âge et malgré son succès grandissant, le talentueux humoriste vit encore chez ses parents, fait rarissime en France. « Je n’ai pas coupé le cordon. Je ne peux pas me réveiller le matin sans ma mère à mes côtés. Et ce n’est pas par confort, car elle m’a enseigné les tâches ménagères. Et puis j’ai un côté grand enfant, toujours dans les dessins animés », explique-t-il.
Sur les planches où il se fait parfois apostropher, Booder ne se laisse jamais déstabiliser, improvise toujours, monté sur ressorts, la blague à la bouche qui désamorce tout et y passe à la moulinette son quotidien, dont les cancres (son bulletin où il recevait des encouragements ... à quitter l’établissement), l’ennui et l’exclusion scolaires, la société des « beaux gosses », la galère, l’université, les flics.
La discrimination professionnelle, il pense l’avoir connue. Dans son spectacle, il narre un entretien d’embauche aussi pitoyable que désopilant.
« Aujourd’hui, dans n’importe quel boulot, il faut un physique-type. On n’a jamais vu de banquier avec une balafre et un chicot en moins ».
Booder, qui sait que la comparaison avec Jamel Debbouze est inévitable, précise : « Jeune beur d’origine marocaine, je m’y attendais. Pour moi, c’est un grand compliment. Jamel, je le place avec les élus, comme Zidane ».
Humble, talent fou et toujours chaleureux, Booder est un de ces malicieux bienveillants qui n’ont pas besoin de griffer pour paraître intelligents. A 27 ans, il cueille les fruits d’une vie de patience, d’opiniâtreté et ne se croit pas arrivé pour autant.
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Source : Map
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