Le directeur général de l’Agence marocaine de presse (MAP), Khalil Hachimi Idrissi, est décédé samedi matin à Rabat à l’âge de 67 ans, après avoir lutté contre une longue maladie
Grandes manuvres dans le champ audiovisuel marocain. Rabat a bien l’intention de lancer, avec le concours de la France, une chaîne de télévision à vocation maghrébine et méditerranéenne. Déjà dans l’air dans les milieux spécialisés, précisément depuis le lancement des défuntes Khalifa TV et K News, l’idée est sur le point d’enfanter un projet concret. C’est, en tout cas, l’information rapportée par le quotidien français Libération dans son édition du 14 octobre 2003. La nouvelle télé marocaine s’appellera Médi 1 Sat.
Comme son nom semble le suggérer, elle aura vocation à prolonger en images - et avec les métiers de la télévision - le projet médiatique déjà porté par la station radiophonique Médi 1, une entité financée par le Maroc et la France (Sofirad). Installée à Tanger, celle-ci émet depuis 1981 en
« arrosant » en nouvelles, et selon une teneur très marocaine, l’Algérie et la Tunisie, deux pays où le monopole radiophonique est toujours en vigueur. Lors de sa visite au royaume chérifien, le Président français n’a pas manqué d’en parler avec les autorités marocaines. Selon Libération, Jacques Chirac « a confirmé l’engagement français dans ce projet ». Un engagement qui confirme que Paris est manifestement décidée à l’accompagner dans sa mise en uvre et à en faire une opération télévisuelle pilote dans le Maghreb. A l’évidence, Médi 1 Sat ne va pas se contenter d’un public réduit au Maghreb. Nul doute que son champ de diffusion va embrasser les publics de France les plus liés au Maghreb (Maghrébins, pieds-noirs d’Algérie, juifs et Français originaires du Maroc et de Tunisie), sans compter les Arabes et autres Orientaux de l’Hexagone. Autant dire une opinion publique estimée, selon les hypothèses les plus concordantes, entre cinq et sept millions de personnes. Ce volontarisme marocain contraste avec la passivité algérienne. Outre un cadre législatif désuet qui, visiblement, ne semble pas pressé de battre en brèche un quadruple monopole (TV, radio, agence de presse et publicité), le côté algérien ne paraît pas passionné à l’idée d’un projet porté par des Algériens. La naissance de Khalifa TV et de K News et leur disparition aussi rapide que brutale dans une indifférence quasi générale attestent, on ne peut mieux, du peu d’intérêt pour le projet télévisuel. Un projet professionnel dans sa conception et extranational dans son rayonnement.
Khalifa TV et K News ayant été contraintes de jeter l’éponge à cause des retombées de la crise du groupe Khalifa, l’Algérie se trouve, du coup, sans projet télévisuel à même de porter et convaincre des publics au-delà de ses frontières et des limites communautaires de ses immigrés. Pour l’heure, le seul projet ayant le plus de proximité avec le pays est Beur TV, la chaîne lancée il y a quelques mois à Paris par le Franco-Algérien Nacer Kettane, par ailleurs patron de la radio communautaire Beur FM. Si elle est opérationnelle, sa TV est loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière, comme en témoigne, du reste, une grille minimale.
Un autre projet est annoncé depuis une année avec comme initiateurs Yazid Sabegh, un homme d’affaires franco-algérien, et Djelloul Beghora, un ancien de Mosaïques de France et homme de télévision. Faute d’informations, on ignore tout du projet, qu’il s’agisse de sa faisabilité ou de son état d’avancement. Autre idée-projet : celle prêtée, depuis des années, à l’homme d’affaires Djilali Mehri. Ce dernier ayant peu communiqué sur le sujet, les milieux de la télévision à Paris n’en savent pas plus.
Salim Ould Mohamed
Le Matin, Algérie
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