Belgique- Racisme à l’embauche : un rapport explosif

9 mars 2005 - 09h06 - Belgique - Ecrit par :

Quasiment une personne d’origine étrangère sur deux est victime de discrimination au moins une fois durant sa recherche d’emploi en Région bruxelloise. Voici ce qui ressort de l’étude menée par la KUL et l’ULB à la demande de l’Office régional bruxellois de l’emploi (Orbem).

Cette étude, synthétisée dans un rapport de près de 90 pages, sera présentée au public le 16 mars lors d’un colloque organisé par l’Orbem sur la discrimination à l’embauche en Région bruxelloise.

Son principal attrait réside dans le fait qu’elle confirme tout haut ce que tout le monde dit tout bas, politiques en tête, faute de données clairement chiffrées depuis l’étude du Bureau international du travail (BIT) menée en 1997. En clair, la discrimination à l’embauche a augmenté en Région bruxelloise depuis maintenant huit ans et touche principalement les chercheurs d’emploi d’origine marocaine et turque. Et, dans une moindre mesure, ceux issus d’Afrique subsaharienne.

Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme constatait d’ailleurs déjà l’an passé « une augmentation annuelle de ces formes de discrimination » depuis 2000. Cette constatation se reflète dans l’enquête qualitative menée dans le cadre de l’étude. Sur l’ensemble des dossiers de candidatures suivis durant trois mois, l’étude a relevé dans 27% des cas « soit des motifs de croire à un traitement inégal, soit un traitement inégal réel en raison de l’origine ethnique ».

Les bas salaires pour les Marocains et les Turcs

Pire, dans les cas où des postes à pourvoir ont été sollicités par des Belges de souche ou des Belges naturalisés, ce pourcentage passe à 45%, soit quasiment une candidature sur deux !

En outre, près de la moitié des demandeurs d’emploi observés pendant les trois mois de l’enquête ont subi au moins une fois un comportement discriminatoire.

Toujours selon l’étude, les différentes catégories de travailleurs et de chômeurs n’ont pas les « mêmes chances statistiques » d’accéder à l’emploi ni aux emplois les meilleurs. « La grande majorité des travailleurs d’origine marocaine ou turque est ainsi gratifiée d’un statut d’ouvrier et d’un emploi dans des secteurs à bas salaires », poursuit l’étude. Les ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne semblent moins défavorisés, pour autant qu’ils décrochent un emploi. Viennent ensuite les travailleurs d’origine italienne et des pays d’Europe du Sud. Les Belges de souche et les étrangers ressortissants des pays limitrophes (France, Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg...) bénéficient quant à eux de tous les avantages.

Ces constatations se retrouvent également dans les chiffres du chômage bruxellois. Celui-ci est ainsi plus important tant en nombre qu’en durée pour les jeunes hommes marocains et turcs - même pour les plus diplômés - que pour les autres catégories.

Lire l’histoire de Rachid qui a opté pour une franchise ’Quick’

Mathieu Ladevèze et Karim Fadoul- Dernière Heure - Belgique

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