La nouvelle approche du CCME

23 décembre 2007 - 23h55 - Economie - Ecrit par : L.A

Ils sont plus de 3 millions de Marocains à vivre à l’étranger. Ils sont médecins, pharmaciens, avocats, scientifiques, experts, techniciens de l’informatique, professeurs, hauts cadres, élus locaux, députés et même ministres qui vivent en parfaite intégration dans les différentes communautés internationales.

Ils représentent 10% de la population totale du pays. Leur apport économique est de plus en plus important. Les ressortissants marocains, hommes et femmes, jouent un rôle très dynamique, en tant qu’ambassadeurs, dans le renforcement des relations bilatérales et multilatérales, la promotion du dialogue interculturel et le rayonnement culturel du Royaume. Pourtant, ils sont confrontés à d’importants problèmes.

Pour les résoudre, S.M. le Roi Mohammed VI, dans le discours royal adressé à la nation à l’occasion de la célébration du 32e anniversaire de la Marche verte, avait annoncé que le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) sera installé avant la fin de l’année en cours. Le Souverain avait alors souligné que « la création de cette instance s’inscrit dans le cadre d’une réflexion renouvelée et rationnelle et d’une révision profonde de la politique d’immigration, à travers l’adoption d’une stratégie globale, qui met fin au chevauchement des rôles et à la multiplicité des intervenants ».

Chose promise, chose faite. La nomination, vendredi dernier, le jour de la fête de l’Aïd Al Adha, des 37 membres du CCME intervient dans un contexte marqué par la sollicitude particulière dont S.M. le Roi entoure les MRE. Sollicitude royale démontrée à travers plusieurs initiatives, dont la création d’un ministère chargé des Affaires de cette communauté et la mise en place de la Fondation Hassan II pour les MRE et la Fondation Mohammed V pour la solidarité, ayant pour mission de contribuer à améliorer les conditions d’accueil des MRE et à consolider leurs liens avec la mère patrie.

La sollicitude du Souverain s’est également confirmée dans les discours royaux adressés à la Nation. Le CCME est aujourd’hui opérationnel après que le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) ait élaboré un programme de travail relatif au projet de sa création. Dans ce sens, plusieurs ateliers thématiques programmés à raison d’un séminaire par mois ont été consacrés aux principales problématiques de l’émigration.

Aussi, des réunions de concertation ont-elles été tenues dans les principaux pays de résidence (France, Espagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, pays du Golfe, Canada et Etats-Unis). Parallèlement à ces entretiens directs et approfondis, un questionnaire a été élaboré et adressé à un grand nombre d’associations, d’acteurs associatifs et économiques, aux chercheurs et créateurs marocains de l’étranger. Partant des études approfondies et des consultations élargies qui ont été engagées, le Souverain a retenu la proposition contenue dans l’avis consultatif du CCDH, « celle d’une formule transitoire permettant de mandater cette institution, dans sa première mouture constitutive, pour une période de quatre ans ».

Cette instance, composée dans sa mouture définitive de 50 éléments de la société civile, de salariés, de commerçants, des professionnels du secteur libéral et d’intellectuels, aura pour mission essentielle « d’assurer la défense de leurs droits et de conforter le concours conséquent qu’ils apportent au développement de leurs villes et villages d’origine, à l’essor de leur mère patrie, au renforcement de son rayonnement national, et à la consolidation des relations existant entre leur pays d’origine, le Maroc, et leurs pays d’accueil ».

Par l’installation de cette instance consultative, les Marocains résidant à l’étranger auront ainsi la possibilité de prendre part activement à la vie politique et au développement socioéconomique à travers leur contribution aux débats qui seront formulés au sein du CCME.

Important apport économique

Selon les statistiques officielles, les transferts des MRE ont plus que doublé en 10 ans, passant de 18 milliards de dirhams en 1997 à 48 milliards en 2006. Ces fonds contribuent efficacement au financement de l’économie. Ils représentent le quart des recettes courantes de la balance des paiements et 9 % du PIB. Ils ont permis, sur la période 2001-2005, de couvrir 2/3 du déficit commercial du pays et 22,8 % des importations.

Cette importance des transferts de fonds des Marocains établis à l’étranger ne cadre pas toutefois avec leurs investissements physiques au Maroc. Ces derniers ne représentent que 1,5 % des IED dans le Royaume, selon la direction des Investissements.

Les MRE montent souvent de petits projets dont le coût ne dépasse pas les 500.000 dirhams et qui représentent 40 % du total des projets des Marocains du monde. Les grands projets, qui requièrent plus de 5 milliards de dirhams d’investissement, ne représentent que 14 %, ajoute la même source.

Le Matin - El Mahjoub Rouane

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