Le Maroc, de par ses us ancestrales et sa prodigieuse richesse culturelle, devient au fil des années un sujet incontournable, aussi bien dans les discours des penseurs que dans les œuvres des artistes universels. « Interférences » est un événement culturel qui tombe à pic pour nous le rappeler. En effet, c’est en France, plus précisément à Amiens, qu’est débattue la thématique des « références marocaines de l’art contemporain », dans le cadre d’un colloque qui se déroule aujourd’hui et demain (7-8 septembre). Un nombre considérable d’artistes et d’intellectuels ont été conviés à l’occasion, pour animer des conférences et débats de tous genres.
Les Marocains ne pouvaient en aucun cas s’absenter lors de cette manifestation, témoins Khalil M’rabet, Mohamed Rachdi, Fatima Mazmouz, -pour ne citer que ces érudits en la matière- lesquels, de toute évidence, ont vivement tenu à représenter leur pays lors de ces deux jours.
« Interférences » compte orienter l’ensemble de ses réflexions vers trois axes principaux, à savoir « production artistique et interférences de références », « production artistique et la réception » et enfin « identités, mémoires et esthétiques. « Ces sujets sont pensés de manière à générer une problématique s’esquissant de manière plus nette au fur et à mesure que les questionnements fusent : quelles sont les différentes façons d’exploiter les références marocaines dans l’art contemporain ? Comment les artistes aussi bien nationaux qu’internationaux s’y prennent-ils pour « s’approprier » ces références dans leurs œuvres ? De quelles techniques, plastiques, conceptuelles, etc. se servent-ils pour affirmer davantage cette tendance ? La marocanité des références serait-elle à l’avantage ou desservirait-elle au contraire l’esprit contemporain des pratiques artistiques, la pertinence de leur ancrage dans le champ de l’art qui se façonne au fil du temps et l’efficacité de leur énonciation artistique ? Et dans quelle mesure enfin la production de telles œuvres s’imprégnant du Maroc participe-t-elle à la construction de l’identité culturelle européenne ?
Pas moins de quinze interventions seront prodiguées tout au long du colloque, allant du bilan des présences artistiques du Maroc aux réflexions sur l’identité et les particularités des peuples. La clôture de la manifestation sera marquée par une exposition de grande envergure s’étendant jusqu’au 11 septembre 2004 et réunissant les œuvres de 15 artistes peintres Marocains, dont Dounia Walit, sculpteur qui se préoccupe des caractéristiques physiques et chimiques des matériaux et qui essaie de dégager « d’authentiques histoires, dialogues et fables » de leur texture, de leur légèreté ou de leur densité.
Dounia Oualit
Sculpteur fondamentalement préoccupée par la concrétude des matériaux, Dounia Oualit s’attaque à leurs caractéristiques physiques et chimiques pour en manifester les qualités plastiques et les possibilités suggestives… Ses explorations matériologiques se révèlent porteuses d’une véritable quête poétique où s’inventent, à même la texture et la densité, la lourdeur et la légèreté, la dureté et la fragilité…, d’authentiques histoires, dialogues et fables …
Bouchaïb Maoual
La pratique de Maoual évolue entre gravure, peinture et sculpture. Fondée essentiellement sur l’anachronisme et l’humour, elle interroge la course folle de l’humanité et sa souffrance éprouvée dans l’obsession des déplacements incessants. A travers des figures fugitives se vivent (se voient), dans un fourmillement de signes, la joie et la déception, la fête et la tragédie de l’existence humaine…, le tout dans une concentration plastique où s’entremêlent Préhistoire et époque contemporaine...
Sana Guessous - Le Matin
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