Textile : Que se passera-t-il après 2008 ?

1er avril 2007 - 02h05 - Economie - Ecrit par : L.A

Embellie factice ou réellement structurelle ? C’est la grosse interrogation des professionnels du textile-habillement concernant l’amélioration des performances de leur industrie depuis l’instauration des quotas imposés par l’UE à la Chine.

Si, en janvier et février 2005, le secteur a accusé une baisse substantielle (-35% et -21%), les mesures de sauvegarde ont permis de redresser la barre soldant l’année avec un CA à l’export de 26,7 milliards de DH, soit un honorable recul de 7%. En 2006, c’est le jackpot. L’industrie textile réalise un chiffre d’affaires historique de 30 milliards de DH à l’export. Et en 2008 ? Justement, toute la difficulté est de convaincre les partenaires importants de l’industrie, que ces superscores ne vont pas s’effondrer comme des châteaux de cartes dès janvier 2008, date à laquelle l’UE lève ses restrictions sur la Chine.

Améliorer l’image du textile auprès des banques était, en tout cas, l’objectif de la rencontre organisée par l’Amith en collaboration avec le GPBM le 28 mars dernier à Casablanca. Et pour El Hadi Chaibainou, directeur général du GPBM, « il n’y a aucune raison pour que cette ascension soit démentie ». Le textile-habillement se porte bien selon les tableaux de bord et semble bien outillé pour rentrer en force dans l’après-2008, ajoute-t-il. De quoi redonner confiance aux plus pessimistes. Quoique l’on en pense, l’entrée des nouveaux quotas n’a pas réellement changé grand-chose dans les proportions accordées par l’UE à ses pays fournisseurs. La part de la Chine n’a pas bougé d’un iota (32% en 2005 et en 2006) et celle du Maroc est passée de 4,2% en 2005 à 4% en 2006. Vues de plus haut, les importations de l’UE restent majoritairement concentrées sur l’Asie, mais la zone paneuromed (PECO’s et bassin méditerranéen) reste à l’origine de 33% d’entre elles.

Toutefois, il n’y a pas de quoi crier victoire. L’exposé effectué par Gildas Minvielle, responsable de l’Observatoire économique de l’IFM (Institut français de la mode) sur la nouvelle géographie des échanges textiles mondiaux modère les ardeurs. L’après-2008 ne sera certainement pas l’après-2005. L’engouement pour la Chine sera nettement moins marqué car les donneurs d’ordre diversifient aujourd’hui leur sourcing pour sécuriser l’approvisionnement. L’objectif est d’éviter la crise de 2005 qui a conduit à l’instauration des quotas. Mais la Chine continuera à concentrer le plus gros des approvisionnements, sans oublier une ascension en amont programmée. De plus, la Roumanie et la Bulgarie qui font partie des 27 aujourd’hui verront certainement leurs coûts salariaux augmenter. Par ailleurs, le plus gros risque, selon cet expert, serait de continuer à dépendre d’un seul client. Une éventualité écartée en 2006 puisque l’Espagne a détrôné la France devenant ainsi grâce au groupe Inditex, notamment, l’un des plus gros donneurs d’ordre du Maroc. Les ALE conclus par le Maroc avec les USA et la Turquie ou encore l’accord quadra, sont des atouts de taille qui permettront grâce au cumul diagonal de réduire les coûts du Maroc.

Eldorado

Le plus important effort à fournir serait de maintenir le cap sur cette cotraitance que les textiliens cherchent aujourd’hui à maîtriser. Bien évidemment, le Maroc a un créneau tout rêvé dans lequel il peut s’illustrer, le Fast Fashion. Collections à répétition, désirs d’assouvir une mode sans-cesse renouvelée, conduisent les donneurs d’ordre à renouveler très fréquemment leurs commandes. Quelle meilleure réponse que la proximité et la réactivité, que peut leur procurer le Maroc ? Aucun besoin de le répéter, les séries courtes et les fréquents réassorts avec des délais superperformants, c’est notre eldorado. Surtout si l’on sait que dans un peu moins de 3 ans, les grands donneurs d’ordre prévoient de passer de 4,7 à 6,8 collections par an en moyenne.

L’Economiste - Radia Lahlou

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Textile - Union européenne - Chine

Ces articles devraient vous intéresser :

Accord de pêche Maroc - UE : inquiétude en Andalousie

Alors que l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Maroc, essentiel pour la province andalouse de Cadix, approche de son terme le 17 juillet, l’angoisse grandit au sein des équipages de pêche andalous. Ces derniers, qui dépendent des eaux...

Tanger Med menace les ports européens

Malte craint l’avantage fiscal du port Tanger Med à cause de l’introduction d’une taxe environnementale dans les pays de l’Union européenne(UE) à partir de 2024. Les grandes compagnies maritimes peuvent se détourner vers le port marocain.

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Textile et automobile : le Maroc, l’usine à bas prix de l’Europe

En raison de sa stabilité politique, sa main d’œuvre bon marché et des incitations fiscales, le Maroc attire davantage les investisseurs européens et notamment espagnols dans les domaines de l’automobile et du textile, des secteurs en plein essor dans...

Le Maroc déterminé à renouveler l’accord de pêche avec l’UE

Réagissant au sujet de l’accord de pêche avec l’Union européenne qui expire le 17 juillet, le ministre marocain de l’Agriculture et de la pêche, Mohamed Sadiki, a assuré mercredi que le Maroc « est prêt à tout scénario » et utilisera « une autre règle...

Le Polisario s’oppose à tout à accord de pêche entre le Maroc et l’Europe

Faisant référence à l’accord de pêche qui expire ce lundi 17 juillet, le Front Polisario a déclaré dimanche qu’il rejettera tout accord entre l’Union européenne et le Maroc qui affecte « le sol, la mer territoriale ou l’espace aérien » du Sahara...

Le Maroc dans le Top 10 mondial des fournisseurs de fruits surgelés

Le Maroc a quadruplé ses exportations de framboise surgelée vers l’Union européenne (UE) en deux ans, passant de 3 600 tonnes en 2020 à 16 700 tonnes en 2022.

Transferts des MRE : les assurances d’Abdellatif Jouahri concernant une directive européenne

Les autorités marocaines vont engager des négociations avec la Commission européenne au sujet d’une directive européenne visant à restreindre les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE), a récemment annoncé Abdellatif Jouahri, le...

Le Maroc et le Cambodge veulent organiser un forum d’affaires

En marge de la visite de Prak Sokhonn, vice-premier ministre et ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale du royaume du Cambodge au Maroc, il a été décidé de l’organisation d’un forum d’affaires.

En réponse au Qatargate, le Maroc ne respecte plus les accords de renvoi des déboutés d’asile

Depuis l’éclatement du scandale de corruption connu sous le nom de « Qatargate », les difficultés pour renvoyer les Marocains déboutés de leur demande d’asile vers leur pays d’origine se sont accrues.