Jamila Belkacem : l’empoisonneuse

30 janvier 2006 - 09h52 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Jamila Belkacem a été condamnée, en 2003, à trente ans de réclusion pour le meurtre de son amant. Elle comparaît cette semaine pour avoir, de sa prison, organisé l’assassinat (raté) de son mari. Et fait de sa fille son bras armé.

Ce matin-là, la cour d’assises du Rhône s’apprêtait à juger en appel madame Belkacem. Une femme condamnée en première instance à vingt ans de réclusion pour avoir tué son amant après avoir vidé ses comptes. Le président venait de tirer au sort les jurés, lorsque survint le coup de théâtre, sous forme d’une lettre signée du mari de madame Belkacem. Le président l’a lue à haute voix : « Je vous écris pour vous dire que je ne viendrai pas au procès en tant que témoin car je suis coupable. Oui, monsieur, c’est moi qui ai assassiné Jacques Brunet, le 23 février 1999 dans la soirée. Cette date me hante. [...] Je ne supporte pas la prison et je ne pense pas qu’elle va diminuer ma souffrance. Je préfère me suicider libre que derrière les barreaux. »

Stupeur sous les lambris, mais répit de courte durée pour Jamila Belkacem, dont le procès sera seulement repoussé, et lui vaudra trente ans de prison au lieu de vingt. Car une enquête démontre qu’elle a poussé sa fille aînée à tenter d’assassiner le père, et à poster de faux aveux. Mère et fille comparaissent cette semaine, avec une complice présumée, pour ce deuxième épisode. La justice va s’attarder sur la personnalité étonnante de madame Belkacem, femme de 45 ans, naïve, manipulatrice, et très persuasive.

Arrivée en France en 1983, Jamila Belkacem se marie un an plus tard avec René Maillard, rencontré par petite annonce. Elle obtient la nationalité française, ils ont quatre enfants, puis un jugement du tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône prononce une séparation de corps sans divorce, en 1994. Car monsieur Maillard aimait trop les hommes, selon Jamila Belkacem. Parce qu’elle voulait toucher plus d’allocations, rectifie le mari.

Fausse identité, fausses ordonnances

Un an après, Jamila rencontre Jacques Brunet, toujours par petite annonce. Vétérinaire dans l’Ain, il est marié, mais vit loin de sa femme. Jamila cache son identité, prend le nom de son mari et le prénom de sa fille cadette. Elle cache qu’elle est mariée. Et pour expliquer ses absences , dit qu’elle a un cancer des os, qui impose de fréquentes hospitalisations.

Elle s’invente aussi des diplômes, enjolive son passé. Fille d’un paysan du Rif, elle raconte un père flamboyant, architecte marocain. Lors de la première instruction, un psychiatre pointera ses « attitudes théâtrales, avec une dominante imaginaire ». Un autre indiquera qu’« il est impossible, dans le discours de cette femme, de distinguer le vrai du faux ». Le plus souvent, Jamila n’invente pas : elle emprunte autour d’elle des éléments qu’elle juxtapose.

En 1997, elle ouvre un compte sous sa fausse identité et commence à y transférer l’argent de son amant. Lui ne se rend compte de rien. Brunet est confiant, et puis il commence à perdre ses esprits. L’amour, mais pas seulement. Sa maîtresse fabrique de fausses ordonnances pour acheter des antidépresseurs qu’elle pile dans sa nourriture. Le vétérinaire perd la mémoire, dort de plus en plus. Elle l’installe alors près de chez elle, chez René Maillard, et les deux hommes vivent quelques mois dans un quiproquo étonnant, qui résume les capacités persuasives de la dame. Le mari ignore que Brunet est l’amant, et l’amant ne sait pas que l’autre est le mari.

libération.fr

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