Immigration clandestine : La part de responsabilité de l’Europe

6 janvier 2004 - 17h56 - Maroc - Ecrit par :

Certains pays de l’UE sont mal placés pour rejeter la responsabilité de l’émigration clandestine sur le Maroc, eux qui ont une part non négligeable dans la naissance de ce fléau. C’est l’idée développée par Abdellah Taleb qui appelle l’Europe à mettre en place une coopération plus accrue avec le Maghreb dans les domaines des investissements, du transfert de technologie et de l’assistance technique, pour inverser la vapeur en ce qui concerne l’immigration.

L’Europe proteste, conteste et dénonce l’afflux massif de clandestins vers ses côtes. L’on parle carrément de nouveaux négriers. La différence, par rapport aux anciens, est que ceux d’aujourd’hui se font payer par leur propre “cargaison”.

Une simple révision de l’histoire peut rétablir la vérité et prouver que la part de responsabilité dans ce fléau, incombe pour une grande partie à ces pays d’Europe, anciens colonisateurs, qui, en abdiquant et en reconnaissant en toute logique leur souveraineté à ces pays d’Afrique, leur ont rendu leur indépendance. Ils sont repartis, en laissant derrière eux un imbroglio inextricable sur le plan des tracés de frontières. Ce fait accompli a fait naître des conflits et des zones de vives tensions, qui n’ont pas cessé de sévir encore de nos jours, sapant tous les efforts et les moyens déployés par ces pays pour relancer leurs économies et aller de l’avant.

Pourquoi donc ne peut-on parler là de
dégâts ayant causé de graves préjudices économiques à ces pays du sud de la Méditerranée occidentale ? Ce même Occident a pourtant lourdement pénalisé l’Allemagne et le Japon, suite à leur forte implication dans le déclenchement du conflit de la 2ème guerre mondiale, qui a anéanti, entre autres, toute l’économie européenne.

De tous les pays du pourtour de la Méditerranée occidentale, le Maroc est le principal concerné. Non content d’avoir longtemps exploité ses richesses, le colonisateur l’a aussi amputé, avant son indépendance, d’une grande partie de son territoire. Ce même Maroc, qui était complètement ouvert vers l’Europe, vu sa situation géographique, s’est retrouvé après l’adhésion en 1986 de l’Espagne et du Portugal à la Communauté économique européenne, le moins que l’on puisse dire, enclavé et fortement ralenti dans son élan édificateur d’une économie acculée à être orientée vers le Nord, vu sa situation géographique et sa proximité avec l’Europe, qui, en principe, doit lui conférer un statut exceptionnel et privilégié, dans le domaine de la coopération en général et des échanges commerciaux en particulier.

L’on voit mal certains pays de l’UE, rejeter la responsabilité de l’émigration clandestine sur le Maroc, eux qui ont une part non négligeable dans la naissance de ce fléau. Ils sont bien placés pour comprendre et ce, en connaissance de cause, que dans
cette partie du Nord-Ouest de la Méditerranée, à moins d’une manne tombée du ciel, il est très difficile
voire impossible, de penser au développement d’une économie constante et progressive, sans échange fructueux avec le Nord et l’ensemble de la Communauté économique européenne, et ce dans l’intérêt des deux rives.
Dans l’enthousiasme que suscite dans le Vieux Continent l’éventualité est très probable d’une Union européenne encore plus grande, après l’intégration des pays de l’Est, et toute l’attention portée à l’élaboration d’une constitution adaptée à cette future puissance économique mondiale. Il ne serait pas judicieux d’exclure les pays du Maghreb et, notamment le Maroc, de leurs calculs et de la future stratégie de développement qu’ils escomptent entreprendre pour l’Europe des 25. L’avenir économique des pays du pourtour de la Méditerranée occidentale, est incontestablement voué à être lié en un ensemble indissociable. Continuer à ignorer cette réalité, équivaut à mettre dans le même circuit fermé des bolides qui carburent au super sans plomb, aux côtés de tacots roulant au diesel. Les premiers ne pouvant jamais développer toutes leurs puissances, se retrouveront souvent et inéluctablement pris dans des carambolages. Dans le même contexte, et puisque l’on parle de carburant, il sera utile de rappeler que toutes les études techniques et stratégiques faites dans le domaine de l’énergie, aboutissent au résultat selon lequel l’Afrique sera la
future station-service de l’Europe.

Les professionnels et experts internationaux dans le domaine des hydrocarbures sont unanimes ; la mer du Nord a moins de 20 ans dans ses réserves et ne tardera pas à tirer sa révérence. Par contre, ils prédisent un avenir prometteur pour l’offshore atlantique marocain.
Il est grand temps pour l’Europe d’entreprendre une politique d’ouverture vers le Maghreb. Il suffit d’envisager une coopération accrue dans les domaines des investissements, du transfert de technologie et de l’assistance technique, pour inverser la vapeur en ce qui concerne l’immigration. En exportant leur savoir vers le nord de l’Afrique, les Européens auront accompli la prouesse de créer des débouchés pour eux-mêmes tout en maintenant la main-d’œuvre de ces pays sur place. Il suffit d’y mettre de la volonté et tout le monde y gagnera.

La Gazette du Maroc

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