La drogue se propage chez les jeunes marocains

8 janvier 2008 - 13h13 - Maroc - Ecrit par : L.A

Certains sont étudiants dans des écoles privées alors que d’autres suivent leurs études à la faculté. « Même si on n’a pas encore eu les résultats du premier semestre, nous avons décidé de faire la fête après une longue période de préparation », déclare Mehdi. Cependant, toute la clique semble attendre impatiemment l’arrivée du tout dernier convié. Il s’appelle Sofiane. Il a été chargé, comme à l’accoutumée, par le groupe d’acquérir de la drogue.

Lui, il connaît de nombreux dealers. « Ce genre de cérémonie un peu fun doit être absolument accompagnée par de l’alcool, du haschisch et de "l’ecsta". On veut tous faire la fête. Donc, on peut se permettre ce genre de choses » ajoute Mehdi.

L’arrivée de Sofiane semble réconforter tous les invités. La partie peut donc commencer. Dans un petit sac à dos, Sofiane a ramené du haschich en grande quantité, de l’ecstasy, mais également des psychotropes beaucoup plus à la portée. « Cela a été un peu difficile de trouver un dealer qui accepte de vendre de l’ecstasy, car la police mène une campagne contre eux depuis un moment » informe Sofiane.

D’autres amis, également conviés à la fête, arrivent avec de bouteilles d’alcool. « Prendre une dose de telle ou telle drogue ne veut pas dire qu’on est toxicomane. Vous savez, certains des jeunes présents ici même, ont toujours de bonnes notes dans leurs écoles et ils ne sont en aucun cas dépendants à un stupéfiant » affirme Sofiane. Pourtant, un grand nombre des jeunes présents lors de cette fête affirment prendre au moins une fois par jour du cannabis.

Ces dernières années, de nombreux jeunes marocains ont commencé, d’une manière très préoccupante, à s’adonner aux drogues. Les stupéfiants, devenus moins chers et donc plus accessibles à de larges couches de la société, sont partout à la portée des jeunes. La situation est d’autant plus préoccupante que le marché propose désormais et en grande quantité, des drogues dites
drogues de synthèse.

Il s’agit de stupéfiants fabriqués dans des laboratoires clandestins par des chimistes. Ils comptent une variété infinie de produits. Des pilules, bien souvent, qui promettent allégresse, performance et facilitent la communion avec les autres. C’est pour cette raison que beaucoup de personnes pensent que ces drogues ne représentent pas un danger. Pourtant, ces gélules, comprimés ou autres exposent le consommateur à de nombreux risques mettant ainsi sa vie en péril.

Beaucoup d’étudiants affirment qu’ils sont souvent abordés par des individus qui leurs proposent ce genre de drogue. D’une manière générale, les dealers ont des lieux de prédilection où ils écoulent leurs marchandises comme les écoles privées, les universités, les boîtes de nuit ainsi que les salles de sports.

Dès la première prise de l’une de ces drogues, la personne en devient dépendante. « Un jour, je suis resté un peu tard à la faculté. A ma sortie, j’ai été abordé par un inconnu. Après une brève discussion, il m’a proposé de prendre des seringues en me disant que leur contenu allait m’aider à passer au monde des merveilles. Il m’en a offert plusieurs. Il m’a également donné son numéro pour l’appeler en cas de besoin », déclare Hicham, un étudiant casablancais. En effet, ces seringues dont le contenu demeure toujours inconnu, sont apparues voilà quelques mois au Maroc. De couleur jaune ou rouge, le prix de ces seringues, oscille entre 150 et 500 DH.

Il est plus qu’évident que la propagation des drogues, notamment dans les milieux pauvres se répercute d’une manière très néfaste sur la société. L’insécurité qui sévit dans de nombreux quartiers est corollaire de la consommation des drogues. Le dépendant à un stupéfiant quelconque se trouve dans l’obligation de commettre un délit pour assurer les sommes d’argent nécessaires pour sa dose. Il est d’ailleurs connu qu’à force de consommer une drogue, une personne doit à chaque fois augmenter la dose pour garder les mêmes sensations. Si le marché marocain est de plus en plus ouvert à une diversité de drogues, de nouvelles pratiques apparaissent notamment dans les quartiers populaires. La dernière trouvaille a été baptisée "al kala". Une quantité de la célèbre poudre verdâtre "nafha" est enveloppée dans un bout de mouchoir. Le tout est mis sous la langue ou placé sur la gencive. « A chaque fois que je m’offr une "kaa" je sens vraiment ma tête tourner.

C’est le moyen le plus facile pour très vitre trouver le sommeil tout en restant debout » explique un habitué de cette pratique. Face à cette propagation alarmante de ces matières narcotiques, les responsables marocains doivent absolument passer à l’action. Le Royaume ne compte qu’un seul et unique centre de désintoxication. Le deuxième est en construction.

Par ailleurs, la société civile ne joue pas son rôle, qui devrait être très important dans ce domaine. Jusqu’à aujourd’hui, quelques campagnes de sensibilisation très limitées, ont été menées au niveau national.
Ce fléau est à prendre très au sérieux. Les lois réprimant la vente des drogues doivent être rendues encore plus sévères pour dissuader les trafiquants.

Un seul centre de désintoxication

Créé le 13 avril 2000, le Centre national de prévention et de recherche en toxicomanie est unique en son genre au Maroc. Il constitue une première étape pour promouvoir la prévention et la recherche en toxicomanie. Au niveau de la prévention, le centre mène des actions de sensibilisation qui demeurent limitées.

Le but est d’informer le grand public des dangers que présentent l’alcool et les drogues, ainsi que leurs conséquences sur la santé à travers des émissions à travers les médias, des conférences et tables rondes dans les milieux médical, scolaire et carcéral. Pour les activités de recherche du centre, ils concernent des travaux sur l’épidémiologie, la psychopathologie et la génétique. Cette unité participe également à la réalisation d’enquêtes et programmes du ministère de la Santé.

Une cure de désintoxication au CNPRT coûte quotidiennement à un patient 200 DH. Depuis sa création et jusqu’à fin 2006, le centre a connu 737 admissions. La durée moyenne de séjour au centre est de 15 jours. Selon les responsables du centre, 40% des admis sont originaires de la région de Rabat-Salé, 16% sont de Nador, 13,3% de Casablanca et 12,2% de la région Tanger Tétouan. La dépendance à l’alcool représente 24,4% des admissions, celle au cannabis 13,4%, à l’héroïne 11,8% et à la cocaïne 6%.

Le Matin - Mohamed Badrane

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